20 ans après l'adoption de la loi Taubira, l'enseignement de l'histoire de la traite négrière pourrait être davantage approfondi en Guyane

Au programme des secondes

Adoptée en 2001, la loi Taubira reconnait l'esclavage comme crime contre l'humanité. L'article 2 préconisait d'intégrer ce pan de l'histoire dans les programmes scolaires. Pour Jacqueline Zonzon, historienne, la réussite de cet enseignement passe par une formation plus complète des enseignants .

Si au national, l'histoire de la traite négrière peine encore à être enseignée dans l'hexagone, ce n'est pas le cas en Outre-mer explique la présidente de l'association des professeurs d'histoire et de géographie de Guyane, Jacqueline Zonzon.

L'histoire de l'esclavage apprise dès 1998-2000 en Outre-mer

La commémoration de 1998 marquant le 150e anniversaire de l'abolition de l'esclavage a marqué un grand pas dans l'enseignement de l'histoire scientifique de l'esclavage et permis aux professeurs de s'appuyer sur des contenus plus solides en terme de programmes. 

"L' histoire de l'esclavage et de la Guyane est enseignée. Elle figure dans les programmes, de cm1, de 4ème ... A côté de cela, il y a des adaptations de programmes pour l'Outremer qui existent depuis 1998-2000 elles obligent à travailler sur un certain nombre de questions relatives à l'histoire de l'esclavage dans la région concernée ... Maintenant est-ce suffisamment enseigné? Peut-être pas..."

Il n'empêche, les manuels nationaux laissent une place importante à la question de la traite et de l'esclavage.
Au lycée, dans les classes de seconde est abordée de façon chronologique l'étude principale de la question de l'esclavage. Cela se fait d'ailleurs au moment des commémorations en Guyane et souvent en lien avec le concours du jeune historien guyanais que dirige et promeut, l'association de Jacqueline Zonzon. Mais cela dépend aussi des enseignants qui doivent susciter l'intérêt de la jeunesse pour cette période historique.

"Les jeunes sont, la plupart du temps, surpris de retrouver dans leur paysage des éléments de l'histoire qu'ils apprennent dans des manuels. Ils sont étonnés de voir qu'une habitation comme celle de Vidal était une habitation esclavagiste, que certaines statues et représentations sont à relier à l'histoire de l'esclavage. C'est essentiel de leur faire prendre conscience que l'histoire qu'on leur enseigne est une histoire qui s'inscrit dans le passé de leur région et dans une certaine mémoire."


Une période d'enthousiasme suivie d'un creux puis d'un regain

L'historienne fait part de son ressenti sur ces 20 dernières années : 

"J'ai le sentiment qu'entre les années 2000-2008, cet enseignement a été très important dans les collèges en Guyane ... puis avec les changements de programmes en 2010, il y a eu une sorte de délitement. En 2018, l'idée  s'impose qu'il fallait absolument adapter et intégrer dans les programmes nationaux l'histoire de l'esclavage avec un redémarrage important de cette question..." 

Cette année, le concours du jeune historien guyanais a eu lieu au mois d'avril. Il a rassemblé 1850 candidats sur la thématique "Vivre en esclave en Guyane 1659-1848". Les résultats seront donnés début juin.

Si un accroissement régulier de l'apprentissage de cette histoire dans les classes primaires cm1 et cm2 est bien effectif, selon Jacqueline Zonzon, cela reste encore insuffisant. La question doit être approfondie, retravaillée et cela sera effectif seulement quand la formation des étudiants à l'université comme à l'Espe sera plus importante au niveau du temps accordé. Afin, notamment pour les professeurs, de s'approprier la pédagogie de ce programme. 

Jacqueline Zonzon historienne