Avec « Les Saint-Aubert », le romancier Raphaël Confiant poursuit avec truculence son immersion dans l’histoire de la Martinique.
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Infatigable narrateur des multiples péripéties de son île natale, Raphaël Confiant fait sa rentrée avec un nouvel ouvrage, « Les Saint-Aubert ». C’est en fait une saga historique qui se déclinera en trois tomes. Le premier, « L’en-allée du siècle », s’étale de 1900 à 1920.
Ce volume met en scène la première génération des Saint-Aubert, nés de l’union de Ferdinand et de Marie-Elodie, un mariage considéré comme contre-nature dans une Martinique à peine sortie de l’esclavage.
« Il épousa, lui, le mulâtre promis à un avenir radieux, la bellissime négresse Marie-Elodie, campagnarde au teint d’ébène, le 16 avril 1876. Cette manière d’événement n’eut pas lieu à la cathédrale de Saint-Pierre, le curé des lieux s’étant refusé à bénir ce qu’il considérait comme une mésalliance, mais dans la modeste église de la Consolation, au nom comme prédestiné. »
Le couple aura quatre enfants, une fille et trois garçons, dont les frasques de certains donneront beaucoup de soucis à leurs parents. En arrière-plan, la bigoterie de la mère et les idéaux laïques et républicains du père, avocat et franc-maçon.
Fresque sociale et politique
A l’époque, Saint-Pierre est le « petit Paris » des Antilles. Capitale de la colonie, c’est également un centre incontournable sur les plans commercial, économique et culturel. Blancs créoles (les Békés), Mulâtres et Noirs cohabitent, sur fond d’une concurrence féroce marquée par la hiérarchie des couleurs de peau.
L’oligarchie béké, composée de grands propriétaires terriens, anciens propriétaires d’esclaves, s’accroche bec et ongle à ses privilèges, tandis que les Mulâtres, métis qui constituent une bourgeoisie de notables, se battent pour s’imposer sur le plan politique. Les Noirs, à peine libérés de l’esclavage, au bas de l’échelle, tentent tant bien que mal de se faire une place.
Tout va basculer le 8 mai 1902 avec l’éruption de la Montagne Pelée, qui ravage la ville de Saint-Pierre. On dénombre 30.000 morts. Mais les Saint-Aubert ont échappé à l’enfer. Réinstallés à Fort-de-France, ils essaient de reconstruire leur vie. C’est alors qu’éclate la Première guerre mondiale, où les Martiniquais prendront leur part…
Avec la verve qui le caractérise et sa connaissance intime des moindres détails de l’histoire de la Martinique, Raphaël Confiant livre une fresque sociale et politique qui n’est pas sans rappeler sa trilogie sur l’économie sucrière de l’île (« Commandeur du sucre », « Régisseur du rhum » et « La Dissidence ») qui lui avait valu un franc succès auprès des lecteurs. On attend dorénavant avec impatience le deuxième volet des Saint-Aubert.
"Les Saint-Aubert (tome 1), L’en-allée du siècle, 1900-1920" de Raphaël Confiant (éditions Ecriture) – novembre 2012 – 416 pages – 21 euros
Ce volume met en scène la première génération des Saint-Aubert, nés de l’union de Ferdinand et de Marie-Elodie, un mariage considéré comme contre-nature dans une Martinique à peine sortie de l’esclavage.
« Il épousa, lui, le mulâtre promis à un avenir radieux, la bellissime négresse Marie-Elodie, campagnarde au teint d’ébène, le 16 avril 1876. Cette manière d’événement n’eut pas lieu à la cathédrale de Saint-Pierre, le curé des lieux s’étant refusé à bénir ce qu’il considérait comme une mésalliance, mais dans la modeste église de la Consolation, au nom comme prédestiné. »
Le couple aura quatre enfants, une fille et trois garçons, dont les frasques de certains donneront beaucoup de soucis à leurs parents. En arrière-plan, la bigoterie de la mère et les idéaux laïques et républicains du père, avocat et franc-maçon.
Fresque sociale et politique
A l’époque, Saint-Pierre est le « petit Paris » des Antilles. Capitale de la colonie, c’est également un centre incontournable sur les plans commercial, économique et culturel. Blancs créoles (les Békés), Mulâtres et Noirs cohabitent, sur fond d’une concurrence féroce marquée par la hiérarchie des couleurs de peau.
L’oligarchie béké, composée de grands propriétaires terriens, anciens propriétaires d’esclaves, s’accroche bec et ongle à ses privilèges, tandis que les Mulâtres, métis qui constituent une bourgeoisie de notables, se battent pour s’imposer sur le plan politique. Les Noirs, à peine libérés de l’esclavage, au bas de l’échelle, tentent tant bien que mal de se faire une place.
Tout va basculer le 8 mai 1902 avec l’éruption de la Montagne Pelée, qui ravage la ville de Saint-Pierre. On dénombre 30.000 morts. Mais les Saint-Aubert ont échappé à l’enfer. Réinstallés à Fort-de-France, ils essaient de reconstruire leur vie. C’est alors qu’éclate la Première guerre mondiale, où les Martiniquais prendront leur part…
Avec la verve qui le caractérise et sa connaissance intime des moindres détails de l’histoire de la Martinique, Raphaël Confiant livre une fresque sociale et politique qui n’est pas sans rappeler sa trilogie sur l’économie sucrière de l’île (« Commandeur du sucre », « Régisseur du rhum » et « La Dissidence ») qui lui avait valu un franc succès auprès des lecteurs. On attend dorénavant avec impatience le deuxième volet des Saint-Aubert.
"Les Saint-Aubert (tome 1), L’en-allée du siècle, 1900-1920" de Raphaël Confiant (éditions Ecriture) – novembre 2012 – 416 pages – 21 euros