Les manifestations pour la commémoration de l’abolition de l’esclavage se poursuivent dans le département. Jointe à Paris, la ministre garde des sceaux Christiane Taubira s'explique sur sa vision de la réparation du crime de l'esclavage.
Jessy Xavier •
Le mois dernier les propos de Christiane Taubira sur la possibilité d’une réparation foncière aux descendants des esclaves avaient relancé le débat. Si elle ne revient pas sur sa déclaration, elle précise toutefois qu’à ses yeux, le crime ne peut être réparé financièrement.
Pas de réparation financière
« Je le dis et je le répète le crime est irréparable, il est irréparable ! » commence la ministre comme pour couper court aux rumeurs. Elle ne revendique donc pas des réparations sur le crime en tant que tel, par contre, « les conséquences ne peuvent être négligées » estime-t-elle. « Il y a le fait que les anciens maîtres ont été indemnisés et les anciens esclaves ne l’ont pas été. Le fait que sous la monarchie des ordonnances royales ont octroyé à l’Etat des terres, au point qu’il est propriétaire en Guyane à plus de 90% en matière foncière ». La notion de réparation souvent rattachée à une indemnisation financière dans l’esprit de ses détracteurs est balayée par Christiane Taubira. « Je me suis toujours opposée à l’idée d’une réparation financière, simplement parce que je ne conçois pas que l’on estime financièrement la valeur de mes ancêtres ». Une objection qui, poursuit la ministre, ne doit pas empêcher la prise en compte des conséquences « du système esclavagiste et de la sortie du système esclavagiste, telles qu’elles ont laissés nos sociétés et comment ces inégalités se reproduisent ».