Les villes de la Coupe du Monde : Suisse-France, à Salvador (4/6)

A 16h, la France dispute son deuxième match de la Coupe du Monde face à la Suisse, à Salvador de Bahia. Découverte d’une des villes les plus festives du Brésil.
Située à 2.512 kilomètres de Cayenne et jumelée avec le chef-lieu de la Guyane, Salvador régne sur le Brésil de 1549 à 1763.
 
Fondée le 29 mars 1549 par les colons portugais, Salvador devient une plaque tournante du commerce d’esclaves en Amérique du Sud, en raison de sa proximité avec le continent africain. Elle s’impose, à sa création, comme l’un des centres de la culture de la canne à sucre. L’Histoire offre ainsi à Salvador de Bahia un héritage culturel unique.

Capoeira, Pelourinho et Bebeto


Aujourd’hui, les rues de Salvador mêlent les cultures portugaises, africaines et indigènes. Les cercles de capoeira se multiplient, au rythme des atabaques et des agogôs. La Cidade Alta (ville haute) abrite le Pelourinho, quartier historique de la ville inscrit au patrimoine de l’Humanité de l’UNESCO, tandis qu’au cœur de la Cidade Baixa (ville basse) s'érige la première cathédrale du Brésil. Ville métissée, avenante et mystérieuse, Salvador est musicale, jusqu'à enfanter Gilberto Gil, célèbre chanteur de bossa nova et ancien ministre de la culture du Brésil (2003-2008).
 
Au-delà, Salvador de Bahia vit au rythme du football. L’Esporte Clube Bahia et l’Esporte Clube Vitoria rassemblent chaque week-end des hordes de supporters. Vitoria s’impose aujourd’hui comme l’un des meilleurs centres de formation du Brésil. Le mythIque attaquant Bebeto et l’ancien gardien du Milan AC Dida en sont notamment sortis.
 
A 16h, la France affrontera donc la Suisse dans une ville aux charmes multiples. Le match est à suivre en direct sur Guyane1ère.
Jorge Amado, ou comment écrire Salvador
Né dans une plantation de cacao à Salvador de Bahia en 1912, le grand écrivain brésilien Jorge Amado a mis en mots sa ville, jusqu'à faire le théâtre de l'action de son roman-culte, Bahia de tous les saints (1935). Dans l'édition de L'Économiste ​du 20 juillet 1995, Amado laissait sa plume parler pour raconter Salvador. Extraits.

"Vue du golfe, la ville de Bahia est une crêche. Pardonnez-moi le lien commun, mais c'est l'image parfaite. Elle escalade la montagne avant de s'éparpiller au sommet en un foisonnement de rues et d'impasses où naît le mystère et se forge la culture populaire. En ces rues vibrantes de chants et de danses vit un peuple métis, inventif et créatif, issu du mélange des races, des sangs et des cultures. Du métissage et du syncrétisme émerge le mystère qui plane sur la ville de Bahia et la façonne. Le mystère glisse sur la ville comme de l'huile. Tous le perçoivent et le sentent, chacun peut le toucher, du bout des doigts s'il le souhaite. Mais personne ne peut le situer ou déterminer où il commence et d'où il vient."

"La ville n'est que mélange et invention. Quel Blanc, même le plus blanc des Blancs ne porte-t-il pas en ses veines bleues du sang noir. Le noir le plus obscur n'a-t-il pas dans ses veines africaines du sang blanc? Quand les trois sangs se fondent, le noir, l'indigène et le blanc, alors naît la pure beauté inégalable des mulâtres "Cap-Vert", créatures de rêve, d'un rêve d'amour."

"Au Pelourinho, j'ai suivi mes "humanités", tout ce que je sais, c'est au peuple que je le dois. Dans les cérémonies du candomblé de Bahia j'ai appris que la joie n'est pas un péché et que l'Enfer n'existe pas. Dans le syncrétisme des religions animistes avec le catholicisme, Exu, le plus malicieux des orixas, se confond avec le diable des chrétiens. En réalité Exu n'est pas le démon mais bien le gardien des chemins de la ville, celui qui se poste aux carrefours pour empêcher l'homme de se perdre dans des voies égarées. Exu protège la ville et les gens de Bahia."