Comment les États-Unis sont devenus fans de football

Kyle Beckerman, un des piliers de la Team USA.
Les États-Unis rencontrent la Belgique en huitième de finale de la Coupe du Monde. Il y a fort à parier que toute la nation "Stars and Stripes" poussera derrière son équipe, tant l'engouement pour le soccer traverse la nation américaine. Guyane1ère vous explique pourquoi.
Longtemps, il n’y eut qu’un seul football aux Etats-Unis, lointain descendant du rugby européen, où les quarterback règnent en rois, où les touchdowns  deviennent le graal de chaque équipe. A côté du football américain, le soccer, soit le football tel que nous le connaissons, faisait pâle figure, en étant relégué au rang de sport féminin.
 
Aujourd’hui, les Etats-Unis se mettent à rêver d’un parcours surprise de la « Team USA » au Mondial brésilien. Le président Barack Obama adresse un message d’encouragement aux hommes de Jürgen Klinsmann, tandis que la chanteuse Rihanna enflamme Twitter par ses déclarations d’amour à la sélection américaine. Comme un symbole, la nationalité américaine est la deuxième nationalité la plus représentée dans les tribunes des stades de la Coupe du Monde, après la nationalité brésilienne. Quelque chose a changé au pays de l’Oncle Sam.
 

La World Cup 94, le tournant

 Lorsque les Etats-Unis décrochent en juillet 1988 l’organisation de la Coupe du Monde 1994, il n’existe pas de championnat professionnel de football au pays de McDonald’s.
 
En 1966, plusieurs sponsors avaient tenté de bâtir une ligue de soccer, à la suite du succès d’audience de la finale de la Coupe du Monde sur NBC. Soutenue par Henry Kissinger, la North American Soccer League (NASL) est lancée en 1968 et attire plusieurs stars sur le déclins pour gagner en visibilité, à l’instar du Roi Pelé, de Johan Cruyff, de Franz Beckenbauer ou encore de George Best. Hélas,  la NASL fait faillite en 1984.
 
L’organisation de la Coupe du Monde 1994 ravive le football aux Etats-Unis, conduisant à la création d’un nouveau championnat en 1996 : la Major League Soccer (MLS), dont l’audience télévisée et la fréquentation dans les stades ne cesse de croître.
 

La crédibilisation croissante du soccer

 Progressivement, les meilleurs éléments de MLS traversent l’Atlantique pour venir briller en Europe, à l’instar de Landon Donovan (Everton) ou encore Tim Howard (Manchester United). En 2007, l’arrivée de David Beckham aux Los Angeles Galaxy accélère le processus de démocratisation et la crédibilisation du football aux Etats-Unis.
 
Parallèlement, la « Team USA » acquiert une légitimité footballistique régionale, en remportant la Gold Cup en 2002, 2005, 2007 et 2013, puis en se hissant en quart de finale à la Coupe du Monde 2002. La culture de l’événement propre aux Américains amène les matches de la sélection nationale à être suivis par près de onze millions de téléspectateurs, soit des audiences comparables à celles des phases finales de base-ball.
 

Le soccer, un phénomène de mode

Si le soccer devient un phénomène de société aux Etats-Unis, cela est également dû au lobbying exercé par les élites intellectuelles du pays en faveur du ballon rond. Le New York Times rappelait, avant la Coupe du Monde, que les classes créatives de la société new-yorkaise s’amusaient à disserter sur le football, lors des cocktails mondains, jusqu’à devenir un marqueur social : à Brooklyn, parler de football devient chic.
 
Alors, en conjuguant l’effet de mode au bon parcours des hommes de Jürgen Klinsmann au Mondial, le football pénètre progressivement les capillarités de la société américaine. Malgré l’absence de la star Landon Donovan, la personnalité et le caractère affichés par les leaders Clint Dempsey, Kyle Beckerman et Jermaine Jones façonnent l’engouement national autour de la « Team USA », avec un rêve profond : que la première puissance au monde en devienne aussi la première puissance footballistique.