Lisette Michotte, 104 ans a été inhumée lundi

La plus âgée des résidents, de la rue du Lieutenant Becker à Cayenne s'en est allée lundi, entourée de sa famille et nombreux amis. Lisette Michotte, 104 ans, a passé sa vie dans ce quartier de la capitale. Issue d'une fratrie de 6 enfants, elle a élevé ses 4 enfants et de nombreux autres guyanais.
Bienveillante et dévouée à son prochain, Lisette Michotte, née Clouët le 22 juillet 1910 à Cayenne, tout au long de sa longue vie a du faire face, souvent, a des situations difficiles et douloureuses dont elle s'est toujours relevée sans jamais se plaindre. Mariée à Albert Michotte (capitaine au grand cabotage) en 1934, elle est devenue veuve en 1956 à l'âge de 46 ans. Pour continuer à élever ses 4 enfants, elle s'est mise à la couture et à vendre sur la galerie de sa maison créole, les "croucous" de couac et cassaves que les gens de communes lui portaient.


Man Lisette pour tous

Son entrain, son humour au service d'un dynamisme rare lui ont permis de s'occuper sans relâche de sa famille, élargie même aux enfants du quartier et de tous ceux qui pouvaient avoir besoin d'un logis protecteur. Dans sa cuisine, sous sa houlette ferme, nombre d'enfants ont appris l'orthographe, la grammaire et l'arithmétique. Ce qui à l'occasion lui faisait déclaré fièrement à propos de ses protégés "sa la, yé pasé en mo lanmain". Elle ne ménageait pas sa peine quand il fallait soigner, bobos et autres maladies car sa cour regorgeait  de plantes médicinales à partir desquelles elle fabriquait des remèdes créoles. 
Veuve jeune, elle a aussi été marquée par la perte en 1988 de sa première fille Emilie puis en 1990 de son fils Jean-Marie Michotte, économiste de renom, chercheur qui fut notamment directeur de l'ORSTOM devenu IRD de 1986 à 1990 et en 1999 de son deuxième fils Daniel.
Emma, sa dernière fille l'a accompagnée jusque bout de son chemin.
Avec le décès de cette gangan, c'est une autre des mémoires d'une époque de la Guyane qui s'est éteinte doucement, humblement mais en laissant un souvenir empreint d'amour et de respect à ses descendants.


Extrait de l'hommage de son petit-fils Jean-Bernard Lebeau
Hommage à Mémère
"...Mémère a puisé son énergie, sa confiance, sa combativité, sa ténacité, sa résistance, sa gaieté et sa force de vivre dans une foi en Dieu chevillée au corps. Lisette était  un poteau-mitan, un baobab sans lequel n’aurait pu se bâtir une aussi belle et longue histoire de vie faite de don de soi, de partage, de solidarité et d’amour. Avec elle, j’ai appris que chaque homme, de quelque nature et origine sociale qu’il puisse être, mérite la même attention et le même respect.
On ne choisit pas ses parents, on ne choisit pas sa famille, dit la chanson, mais pour l’admiration et l’affection que je porte à ma grand-mère, et l’exemple qu’elle a été pour moi, vous avez compris que Mémère, je l’aurais choisie, si le pouvoir m’en avait été donné."