Le mangoustan pourrait-il un jour détrôner le ramboutan?

A la saison du ramboutan les allées du marché de Cayenne sont rouges des écorces du fruit chevelu. L'engouement des guyanais pour le ramboutan est réel mais le mangoustan venu lui aussi d'Asie et cultivé maintenant en Guyane pourrait un jour être aussi apprécié pour sa saveur gustative raffinée.
Les "nouveaux" fruits apportés en Guyane par les différentes communautés qui peuplent notre région deviennent plus nombreux et surtout sont de plus en plus intégrés dans les us culinaires et culturels. Qui n'a jamais participé à la fête du ramboutan à Cacao, qui n'a jamais dégusté son jus ou même la crème de cupuaçu, qui imagine aujourd'hui manger autre chose que de la papaye solo, qui n'achète pas de temps en temps son pitaya ou fruit du dragon. Autant d'espèces fruitières qui n'étonnent plus nos regards au marché.
Le mangoustan ou garcinia mangostana fait son entrée timide sur les étals cayennais, il faut dire que son prix, 6 à 5 € le kg est encore dissuasif mais le goût très fin délicatement aigrelet de sa pulpe blanche imprègne la papille de manière définitive. A la fin de chaque marché, il reste toujours de 2 ou 3€ pour s'offrir quelques mangoustans, un peu comme une récompense d'avoir affronter les intempéries et la foule pour remplir son panier de produits frais.


Le mangoustan planté en Guyane dès 1995

Ya hu fait partie des producteurs de mangoustans à Cacao. Ce fruit, il a appris à l’apprécier en Thaïlande et surtout, a tout de suite évalué son potentiel commercial. Le mangoustan est exporté un peu partout dans le monde et parfois à prix d’or.
Il a cependant attendu 1995 pour planter ses premiers plants achetés au CIRAD (Centre de Coopération international en recherches agronomiques pour le Développement) en Martinique. Sur les 100 mangoustaniers plantés 70 ont poussé. En 2001, Ya Hu goûte ses premiers fruits et se met à en vendre au marché de Cayenne l'année suivante.
Au départ la culture a été difficile par manque de connaissances sur la croissance de cet arbre. Il croît très lentement sur les terrains humides surtout près des cours d’eau, dans une terre argileuse ou caillouteuse et à l’ombre d’autres cultures pendant au moins trois ans. Adulte il ne dépasse pas les 3 ou 4 mètres avec une envergure de 1m 20 maximum.  Il ne produit qu’une fois par an comme le ramboutan entre les mois de février et avril.
 

Un pari de production en masse en Guyane dans les 5 ans à venir

L’agriculteur Ya Hu croit beaucoup au développement du mangoustan en Guyane à l’instar du ramboutan. Les terres guyanaises sont bonnes pour la culture de ce fruit. Aujourd’hui la famille de Ya Hu a planté près de 400 à 500 mangoustaniers sur 2,5 hectares dans ses vergers à Cacao. La pleine production devrait intervenir dans 4 à 5 ans. Un arbre adulte dès 6 ans donne 60 kg de fruits par saison, c’est dix fois moins que pour un pied de ramboutan qui donne 600 kg. Toutefois, l'augmentation de la production du fruit, il est prévu 400 hectares de plantation à terme, permettra de réduire son coût au kg de moitié. Il passera de 6 à 3€ environ estime le cultivateur. Ya Hu espère alors une fête du ramboutan et du mangoustan en même temps.
 

Un fruit facilement exportable

Si la vente sur le marché local peut s’avérer intéressante, l’agriculteur vise aussi l’exportation.  En effet, le fruit violacé est très apprécié dans le monde pour son goût savoureux et pour toutes ses vertus thérapeutiques qui peuvent être exploitées sous forme de produits dérivés. Économiquement cela représente donc un rapport intéressant. L’arbre, petit de taille, permet une cueillette facile, le fruit dont la peau est épaisse  se conserve facilement et peut tenir une bonne semaine.
Ya Hu a bon espoir de concrétiser avec le mangoustan, la conquête de marchés extérieurs. Il travaille beaucoup confie t-il, car il rêve d’une autonomie vivrière en Guyane pour ses fils.
Comme il dit « on ne sait jamais ». 



Le mangoustanier
Il faut attendre 6 à 8 ans avant qu'un mangoustanier ne produise. C'est une espèce originaire d'Asie où elle est très appréciée mais en Afrique également ou encore en Colombie sur notre continent. Violacé, le mangoustan a une coque épaisse qui protège sa pulpe blanche et délicate. Ellese déguste nature mais peut aussi devenir jus ou confiture. C'est dans la peau ou péricarpe que se trouvent les propriétés anti oxydantes régulièrement évoquées dans les magazines de santé.