L’enquête de la rédaction nous propose une immersion dans la salle d'audience du tribunal correctionnel de Cayenne. C'est un fait rare, exceptionnellement les magistrats ont accepté que nos caméras suivent les procès où se retrouvent les travers de la société guyanaise.
Au tribunal de Cayenne, l’audience correctionnelle vient de débuter. L’entrée des magistrats est toujours solennelle, ils ont à juger ce jour là une quinzaine d’affaires. L’un des premiers à être appelé à la barre est un homme politique bien connu en Guyane et c'est en tant que courtier en assurance qu’il doit répondre aux juges. Il est soupçonné d’avoir produit de faux documents. Dans son réquisitoire, le procureur rappelle la fraude et demande une condamnation. L’avocat du prévenu rappelle que son client travaille comme courtier depuis 20 ans et gère 200 dossiers par an.
Les affaires se suivent à une cadence très soutenue. Cette fois, deux prévenus sont à la barre, deux brésiliens accusés d’avoir aidé à l’entrée et à la circulation un étranger en situation irrégulière en Guyane. Les faits se sont déroulés à Saint-Georges de l’Oyapock, en 2013. Comme très souvent en Guyane, les prévenus ne parlent pas français, le tribunal doit donc faire appel à des interprètes. Les prévenus n’ont pas d’avocat, l’affaire est jugée très vite et là encore, le procureur demande une condamnation.
Vient ensuite à la barre une victime, l’accusé ne s’est pas présenté. Cette femme est policière au commissariat de Cayenne, elle a porté plainte contre un homme, professeur de mathématiques en Guyane qui régulièrement insulte les policiers. Cette fois les faits se sont déroulés juste quelques jours après l’attentat contre Charlie Hebdo, c’était l’insulte de trop ! Absence du prévenu et pas d’avocat, le procureur requiert une peine d’emprisonnement.
Une nouvelle affaire, vol avec violence, un fait divers tristement banal en Guyane, le vol d’un téléphone portable en plein Cayenne. Là encore le prévenu est absent, la victime raconte son agression. La violence représente une grande partie des affaires jugées par le tribunal correctionnel de Cayenne.
L’audience a duré cinq heures, après la délibération, au retour des juges, la salle est quasiment vide. A la barre, le courtier en assurance apprend qu’il est condamné, sa fraude sera inscrite dans son casier judiciaire. L’homme est décomposé, pas de quoi émouvoir les juges. Des affaires comme ça, ils en traitent des centaines par an.
Laurent Grava, Président du tribunal correctionnel de Cayenne : « Je suis frappé d’une chose ici en Guyane, c’est la propension des prévenus à reconnaître les faits, très largement supérieure à la métropole. Comme on dirait en banlieue, ils assument ! ».
Comme beaucoup de magistrat en Guyane, le substitut du procureur est frappé par le nombre d’affaires de violences qui se retrouvent au tribunal.
Alain Zakrajsek, Substitut de procureur de Cayenne : "On a des affaires d’agressions sexuelles et puis généralement on a souvent des affaires "économiques et financières" avec des escroqueries, des abus de confiance et des faux et usage de faux".
L’an dernier, le tribunal de Cayenne a jugé 3600 affaires, dont 262 affaires criminelles.
Un reportage de Jocelyne Helgoualch et Franck fernandes
Les affaires se suivent à une cadence très soutenue. Cette fois, deux prévenus sont à la barre, deux brésiliens accusés d’avoir aidé à l’entrée et à la circulation un étranger en situation irrégulière en Guyane. Les faits se sont déroulés à Saint-Georges de l’Oyapock, en 2013. Comme très souvent en Guyane, les prévenus ne parlent pas français, le tribunal doit donc faire appel à des interprètes. Les prévenus n’ont pas d’avocat, l’affaire est jugée très vite et là encore, le procureur demande une condamnation.
Vient ensuite à la barre une victime, l’accusé ne s’est pas présenté. Cette femme est policière au commissariat de Cayenne, elle a porté plainte contre un homme, professeur de mathématiques en Guyane qui régulièrement insulte les policiers. Cette fois les faits se sont déroulés juste quelques jours après l’attentat contre Charlie Hebdo, c’était l’insulte de trop ! Absence du prévenu et pas d’avocat, le procureur requiert une peine d’emprisonnement.
Une nouvelle affaire, vol avec violence, un fait divers tristement banal en Guyane, le vol d’un téléphone portable en plein Cayenne. Là encore le prévenu est absent, la victime raconte son agression. La violence représente une grande partie des affaires jugées par le tribunal correctionnel de Cayenne.
L’audience a duré cinq heures, après la délibération, au retour des juges, la salle est quasiment vide. A la barre, le courtier en assurance apprend qu’il est condamné, sa fraude sera inscrite dans son casier judiciaire. L’homme est décomposé, pas de quoi émouvoir les juges. Des affaires comme ça, ils en traitent des centaines par an.
Laurent Grava, Président du tribunal correctionnel de Cayenne : « Je suis frappé d’une chose ici en Guyane, c’est la propension des prévenus à reconnaître les faits, très largement supérieure à la métropole. Comme on dirait en banlieue, ils assument ! ».
Comme beaucoup de magistrat en Guyane, le substitut du procureur est frappé par le nombre d’affaires de violences qui se retrouvent au tribunal.
Alain Zakrajsek, Substitut de procureur de Cayenne : "On a des affaires d’agressions sexuelles et puis généralement on a souvent des affaires "économiques et financières" avec des escroqueries, des abus de confiance et des faux et usage de faux".
L’an dernier, le tribunal de Cayenne a jugé 3600 affaires, dont 262 affaires criminelles.
Un reportage de Jocelyne Helgoualch et Franck fernandes