Dans la nuit du 26 juin à Cayenne au quartier la Vallée de Bourda, une altercation violente entre jeunes s'est soldée par la mort d'un mineur de 16 ans. L'auteur présumé, un jeune de 17 ans qui s'était rendu aux forces de l'ordre a été mis en examen, placé sous contrôle judiciaire et laissé libre.
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Le juge d'instruction n'a pas suivi les réquisitions du procureur
R., l'auteur présumé de l'homicide de Bourda a passé toute son après midi au tribunal de Cayenne. Il a été entendu par le procureur de permanence, par le juge d'instruction, puis par le juge des libertés et de la détention. Ce dernier n'a pas suivi les réquisitions du parquet qui demandait son placement en détention provisoire pour garantir sa sécurité et éviter toute concertation dans ce dossier. Le juge des libertés et de la détention en a décidé autrement, et a ordonné le 28 juin, la libération du jeune homme compte tenu de ses garanties de représentation.Une énième expédition punitive qui tourne au drame
Jusqu'à présent, le casier judiciaire de R. était vierge, il poursuivait sa scolarité au lycée agricole de Matiti à Macouria et occupait ses week-end à des parties de chasse. Sa vie a basculé ce fameux vendredi soir, quand une bande de jeunes (environ une dizaine) se présente à son domicile en agressant un de ses amis puis sa mère. À cet instant, le jeune homme saisit un fusil puis tire deux coups de feu dont l'un blesse mortellement un adolescent de 16 ans qui fait partie des agresseurs. R. avait déjà été agressé par cette même bande de jeunes. Il avait d'ailleurs porté plainte au commissariat de police de Cayenne à plusieurs reprises ( en mars et en avril 2015) mais les expéditions punitives dont on ignore les motivations exactes, ont continué. Ce 26 juin, l'expédition a tourné au drame et entraîné la mort d'un garçon de 16 ans, plongeant deux familles dans la désolation.Homicide volontaire ou involontaire?
Bien que le juge d'instruction lui ait signifié sa mise en examen pour homicide volontaire, la qualification des faits pourrait évoluer au cours de la procédure. En effet, selon l'avocat du prévenu, maître Boris Chong-Sit, il aurait agit en protection pour venir en aide à son ami puis à sa mère. Mais, cette requalification des faits sera difficile à obtenir car le jeune R. a tiré un premier coup puis a rechargé son arme de chasse et a tiré une seconde fois. Ce point de droit est très important pour la suite de l'affaire car il a une incidence importante sur le quantum de la peine encourue. L'homicide volontaire est un crime en droit français passible de la réclusion criminelle à perpétuité alors que l'homicide involontaire est considéré comme un délit sanctionné par une peine maximale de trois ans de prison.Des menaces sur les réseaux sociaux à l'encontre du prévenu et de sa famille
Depuis le soir du drame, des menaces à l'encontre de la famille de R. circulent sur Facebook et WhatsApp. Ce dimanche soir, des jeunes se donnaient rendez-vous dans l'agglomération cayennaise pour organiser des représailles. Le parquet a demandé que tout soit mis en œuvre pour identifier les auteurs de ces menaces. Probablement ceux qui faisaient partie de la bande et qui se sont enfuis quand l'un des leurs a été atteint mortellement. Aucun d'entre eux n'a été entendu pour l'instant.Quant à R. et sa famille proche, ils ont été mis en un lieu sûr tenu secret.