Tyrese, 13 ans, électrisé dans un poste électrique à l'îlet Malouin a retrouvé le sourire

Tyrese 13 ans
 Le 13 avril 2015, Tyrese 13 ans, pénètre dans un poste électrique situé au quartier îlet Malouin à Cayenne pour récupérer un cerf-volant. Il est électrisé et gravement brûlé. Quatre mois après cet accident, l'adolescent a recouvré la santé et a recommencé à jouer au football, sa passion.
Tyrese est le deuxième d'une fratrie de sept enfants. Il habite au quartier de l'îlet Malouin à Cayenne. Ce garçon de 13 ans, pas très grand, plutôt menu, a vécu une terrible expérience au mois d'avril.
Simplement, avec ses mots, il raconte son histoire. 
Le 13 avril, alors que sa mère l'envoie faire un achat chez l'épicier, il décide d'aller jouer au cerf-volant avec un ami âgé de 12 ans. Ils se trouvent à proximité du poste électrique de l'îlet Malouin. Le cerf-volant retombe à l'intérieur de la station électrique et reste accroché dans la forêt de pylônes. Après quelques hésitations, Tyrese décide de pénétrer dans l'enceinte afin de le récupérer. Le drame se produit, il reçoit une décharge d'une extrême violence qui lui brûle tout le côté gauche du corps de la tête au pied.
Il est hospitalisé à Cayenne dans un état grave, brûlé au 2ème degré sur 50% du corps. Il reçoit les premiers soins sous anesthésie générale. Deux jours après, il est évacué à l'hôpital Trousseau, à Paris, au service des grands brûlés. Il y restera en soins près d'un mois et demi avant de revenir chez lui.

«J'ai été bête»

Tyrese est né à Georgetown au Guyana. Il est arrivé en Guyane avec sa mère à l'âge de 6 ans. Il parle avec un léger accent d'anglophone mais s'exprime aisément, à peine intimidé. Il est fier de dire qu'il rentre en quatrième et qu'il n'a jamais redoublé même s'il reconnaît qu'il fait des fautes d'orthographe. Il a même appris à compter à son grand frère.
Cet accident, quand il y pense et qu'il regarde ses blessures, il s'en veut. Il ne voulait pas aller chercher le cerf-volant de son ami. Il lui a même proposé d'en acheter un autre mais devant son insistance, il a cédé. Il ne lui en tient pas rigueur mais déclare : «J'ai été bête».
A côté de lui, sa mère, son dernier bébé de 1 an dans les bras, hoche la tête, le visage triste.

Paris vue de la tour Eiffel

Mais il retrouve le sourire pour parler de son séjour à l'hôpital Trousseau à Paris. Les souffrances qu'il a vécues, il ne les évoque pas beaucoup. Il a eu très mal, toutefois, durant ces jours difficiles, il a aussi connu des moments de joie. Alors, les soins quotidiens, les longues heures sous une lampe spéciale pour sécher les brûlures, les greffons pris sur son crâne rasé pour permettre une meilleure cicatrisation de ses plaies à la jambe et à la cuisse, la nourriture qui ne lui plait pas, il met tout cela de côté.
Tyrese et ses deux accompagnatrices
Avec un large sourire, Tyrese raconte sa visite à la tour Eiffel. Accompagné de l'infirmière qui lui prodigue ses soins au quotidien et d'un bénévole, il s'est rendu en roll royce à la tour Eiffel. Une visite extraordinaire. Il est monté tout en haut de la célèbre tour et a pu contempler Paris. Il est allé ensuite dans un Mac Donald, a mangé un hamburger et a même pu descendre dans une station de métro. Cette sortie est gravée dans sa mémoire. «C'était bien Paris, Madame, il faisait très froid, mais c'était vraiment bien!». Il avait même grêlé ce jour là sur la capitale.

Un hôpital refuge

Josiane Charron éducatrice spécialisée pour enfants à l'hôpital Trousseau, responsable des animations, a organisé cette visite à la tour Eiffel pour Tyrese. Elle lui avait demandé ce qu'il souhaitait. Elle se souvient bien de ce garçon plutôt souriant et de bonne humeur. La sortie à la Tour Eiffel s'est faite avec Les Rois du monde, une association qui, régulièrement, organise des actions pour les enfants malades. La bénévole de cette association en arrivant à l'hôpital, a offert à Tyrese, une panoplie sportive complète y compris les baskets, pour permettre à l'enfant de sortir.
Il n'avait pas de vêtements.
Trousseau est un hôpital pour enfants, Josiane Charron a une mission difficile, celle d'agrémenter le quotidien des jeunes malades et de leur offrir des parenthèses de bonheur. Elle a ainsi accompagné pendant 11 ans un enfant qui venait de Saint-Laurent du Maroni et recevait très peu de visites en raison de son éloignement. Il est finalement décédé. 
Durant son séjour parisien, Tyrese a aussi eu une enseignante à mi-temps. Il a ainsi pu suivre des cours de français et de math. La veille de son retour en Guyane, il a confié au personnel qu'il ne souhaitait pas repartir.

Tyrese rejoue au football, mais...

«Quand je suis rentrée à Cayenne, ma jambe me faisait encore mal et je boitais beaucoup» confie Tyrese. Il a une rétraction légère de la jambe gauche :  «... maintenant ça va mieux, j'ai recommencé à jouer au football. Je porte une combinaison car je dois me protéger du soleil pendant la cicatrisation. Je vais ​retourner en classe à la rentrée».
Tyrese regarde sa mère et sourit, il lui a promis de toujours dire où il va. Il n'approche plus du poste de haute tension.
En face de nous, un homme fait sa provision d'eau à la borne publique et non loin du poste de transformation, deux enfants jouent au cerf-volant.

L'entretien est terminé.  «Au revoir Tyrese», «Au revoir Madame, je vais bien, mais je n'aime pas l'endroit où j'habite».

Le reportage de Catherine Lama et Frédéric Larzabal