Félix Daniel, le vélo pour la vie

Félix Daniel et son épouse Françoise
Il continue de promener tranquillement sa silhouette longiligne sur les routes de Guyane. Il semble flegmatique, tellement il donne l’impression de glisser plutôt que de rouler. Cela fait 65 ans que Félix Daniel fait du vélo. Il est le plus ancien supporter du Vélo Club Guyanais.

Une extraordinaire longévité dans le vélo, c’est ce qui caractérise"le père Daniel", comme on le surnomme affectueusement. Mais si vous rencontrez ce vieil homme de 85 ans, il vous saluera toujours courtoisement. Si vous êtes en difficulté, il vous remorquera le temps pour vous de récupérer et poursuivra sa route à son rythme, soit une moyenne de 30km/heure tout de même.

La découverte du vélo à 19 ans

Il a 19 ans quand il choisit le cyclisme. Avant, c’était le foot à l’Olympique, au Good Luck. Il en garde une cicatrice au front, conséquence d’un coup de pied malheureux.
Très tôt, il fonde foyer avec Françoise, la mère de leurs neuf enfants. C’est le début d’une longue aventure familiale au service de la petite reine.
Guy Félix, l’un de ses fils, cycliste bien sûr, directeur sportif, parle avec émotion de son père.
Son père est le fondateur du Vélo Club Guyanais avec, entre autres copains, Luc Vélinon, Roland Bellony et Maurice Buzaré  en mars 1953. A l’époque, on les surnomme les ravageurs de la route et dans les années 50, elles ne sont pas nombreuses les routes. C’est déjà fabuleux d’arriver au Tour de l’Isle. Couramment, ils vont à Rochambeau. Le VCG étant l’unique club, ils concourent entre eux.

La naissance de deux clubs, le VCG et l'ECG

Au bout de quelques mois, le groupe se divise en deux. De part et d’autre du canal Laussat, on aura le VCG (Vélo Club Guyanais) avec la famille Daniel et l’ECG (l’Espoir Cycliste Guyanais) avec la famille Fraumar
De ce côté-là, il y a aussi le père Essert, le fondateur et un dénommé Fégan surnommé « Darigade » pour ses qualités de sprinter.
Le dimanche, toute la fratrie Daniel est assise devant la porte, maternée par Françoise, pour suivre les exploits du père. Un bon pisteur aussi Félix. Il s’est souvent rendu dans la Caraïbe, à Trinidad, pour des compétitions sur piste.
Il met tous ses fils au vélo. Guy Félix aura son premier entraînement à 16 ans sur l'ancienne route du Dégrad des Cannes. Pendant des années, la mère fera les repas spéciaux de son mari et de ses fils (steacks, œufs, pâtes). Elle les soigne comme des coqs de combat.
En 1975, le fils Gilbert remporte la course Paramaribo/Cayenne. Mais les autres, Antoine, Christian, Jean-Marc et Richard, ils sont tous au service du club comme les filles d’ailleurs. Josiane est trésorière, Anne Marie s’occupe de l’organisation des courses. Françoise, l'épouse, a mis sur pied le mémorial Marguerite, en souvenir de sa défunte fille, pour les enfants de 2 à 14ans. Elle l'organise chaque 14 juillet.
Elle continue de se rendre avec Félix, sur les bords des routes, pour suivre les courses.

Félix Daniel s'entraîne trois à quatre fois par semaine, il a réduit ses parcours à 50 km maximum, il doit surveiller son cœur. Mais ne pas faire de de vélo le rend plus malade