20e festival de Danses Métisses : la fondatrice Norma Claire portée par le sentiment d’avoir accompli sa mission pour la Guyane

Norma Claire créatrice et chorégraphe du Festival Danses Métisses
Norma Claire directrice du Centre de développement chorégraphique national de Guyane Touka danse, célèbre cette année le 20ème anniversaire du festival Danses Métisses. Elle mesure le chemin parcouru pour le rayonnement de la danse sur l’ensemble du territoire guyanais.

Norma Claire est un personnage incontournable de la scène culturelle en Guyane et c’est peu dire. Son action pour le développement des arts chorégraphiques depuis plus de 20 ans montre sa pugnacité. Elle a su transformer son association de danses en un Centre de Développement Chorégraphique National. Un label obtenu en 2015 après 3 ans de préfiguration. Le premier du genre pour tout l’Outremer renforcé depuis peu par celui de la Réunion. « C’est l’exemplarité de la Guyane qui a permis de motiver et de renforcer le projet réunionnais » souligne Norma Claire. Il existe 15 centres au total pour toute la France.  

Ce CDCN a permis de mener de nombreuses actions de formation, de diffusion, de créations sur l’ensemble du territoire et surtout de travailler en collaboration avec les autres institutions culturelles.

« Danses Métisses », un challenge relevé avec succès

Le festival Danses Métisses tient sa 20ème édition depuis le 21 novembre et s’achève ce dimanche 1er décembre, Norma Claire s’exprime sur ce qu’elle appelle un beau challenge pour la Guyane :

« 20 ans de danses métisses ! Cela représente un beau challenge pour la Guyane d’avoir fait perdurer durant toutes ces années un festival de danses de 11 jours. Cette année nous sommes présents dans 7 communes, Cayenne, Matoury, Rémire-Montjoly, Macouria, Kourou, Saint-Laurent et Maripasoula. Donc tout le territoire est couvert jusqu’à des communes éloignées. Nous offrons de plus en plus de propositions durant la semaine et de plus en plus de diversité de danses. Cela permet aussi aux jeunes notamment autour du hip-hop de valoriser autant les événements comme les Battle. La dernière le 23 novembre a rassemblé beaucoup de monde Family Plaza. Le lendemain il y avait un excellent plateau mélangeant toutes les cultures qui existent sur la Guyane à la Zac Hibiscus, près de 1000 personnes y ont assisté. »

Un festival dont la popularité ne cesse de grandir

Avec le festival Danses Métisses, Touka Danses a peu à peu construit une notoriété internationale :

« Je peux dire que c’est un festival qui, au fur et à mesure des années devient de plus en plus populaire. Une popularité multiculturelle singularisée par la diversité des populations guyanaises créoles de tout bord, des gens qui viennent de partout et c’est extrêmement important. Il y a de plus en plus d’intérêt pour les spectacles présentés à l’Encre avec des pièces originales, des créations contemporaines. Cette année, nous avons fait un focus sur la Martinique, la Guadeloupe et sur un jeune danseur prometteur de Mayotte. Ce sont des artistes chorégraphes qui montent. Il y a systématiquement une ouverture des soirées avec des jeunes de Guyane comme ceux du ballet de l’Adaclam, la création de la troupe Abondanse, les jeunes du conservatoire et sans oublier les jeunes du Cirque de Saint-Laurent ».

Ce travail acharné, sans renoncement devant les nombreux obstacles à surmonter a porté ses fruits. Le CDCN Touka Danses est implanté officiellement à Rémire-Montjoly :

« Nous sommes contents de pouvoir annoncer officiellement la première pierre qui sera posée ce vendredi avec la Municipalité de Rémire-Montjoly et David Mati délégué adjoint pour la danse du Ministère de la Culture qui vient spécialement pour cette occasion. C’est un très beau projet d’un ensemble culturel avec une salle de spectacle de 300 places.»

Une relève assurée grâce à la formation d’une trentaine de professionnels

Au bout de ces deux décennies, il y a maintenant une trentaine de jeunes formés devenus des professionnels. Ils sont en Guyane ou ailleurs ou encore font des allers-retours Guyane hexagone.

« La plupart d’entre eux sont bien ancrés sur le territoire. Précise Norma Claire. Cela est complètement nouveau d’avoir des professionnels hormis dans les écoles de danse qui continuent leur travail également. Il y aura donc plus de professionnels, de diplômés en danse. Je les encourage fortement à être diplômé. Entre autres diplômés, nous en avons, notamment, deux en danse classique, trois en danse contemporaine ainsi que trois en jazz. Nous travaillons à créer une école de musique et de danse à Rémire-Montjoly et en tant que CDCN nous apporterons notre expertise. Tout se structure et rentre dans le tissu socio-économique du pays. »

À la question : avez-vous rempli votre mission vis-à-vis de la Guyane ? Norma Claire répond par l’affirmative :

« Je pense que oui, je le fais encore avec beaucoup de cœur, beaucoup de passion et ce qui m’encourage à être encore là ce sont aussi les résultats avec les jeunes. Je suis enchantée de discuter avec ceux qui sont devenus des professionnels et d’avoir des retours de jeunes qui se positionnent comme des acteurs et qui disent : nous voulons rester sur le territoire, nous nous battons pour cela et nous espérons être une terre d’accueil pour les artistes chorégraphiques de l’Europe, de la Martinique, de la Guadeloupe qui réclament régulièrement d’être invités aux danses métisses. »