72 habitats spontanés détruits à la cité Arc-en-Ciel de Rémire-Montjoly

Les forces de l'ordre ont encadré le déménagement des familles concernées par les mesures de destruction
Suite à une décision de justice, le préfet, Patrice Faure, a autorisé le concours de la force publique pour détruire 72 habitats spontanés à la cité Arc-en-Ciel de Rémire-Montjoly ce mardi 17 juillet. Ces constructions illégales ont été érigées sur des parcelles de terrain appartenant à la SIGUY.
En 2013, le maire de la commune de Rémire-Montjoly avait dressé un premier état des lieux assez alarmant avec Eric Spitz, l'ancien préfet de Guyane, sur cette zone qui était alors un terrain vague. Les constructions illégales avaient déjà commencé, quant bien même la mairie essayait tant bien que mal d'endiguer ce phénomène. La Siguy (propriétaire des parcelles de terrain concernées), inquiète de l'évolution de cette "épidémie" de constructions spontanées, a alors déposé un recours en justice qui a mené, cinq ans après la visite de l'ancien préfet, à la destruction pure et simple de 72 habitations illégales sur les parcelles de la société ce mardi 17 juillet 2018. Patrick Valentini, le Commandant de la gendarmerie en Guyane, était à la tête d'un important dispositif humain et logistique pour encadrer la procédure (un escadron mobile, une vingtaine de gendarmes départementaux ainsi que des agents de la Police aux frontières) et a insisté sur le fait que des négociations avaient été faites au préalable avec les familles concernées pour éviter tout débordement :

Pour nous, ce qui importe, c'est que toutes les opérations puissent se dérouler dans le calme et sans aucune violence. Donc nous avons prévu un dispositif plutôt large qui nous permettra normalement d'assurer la sécurité et la tranquillité pour l'ensemble de l'opération. [...] Tout a été fait pour qu'il n'y ait aucune violence exercée et même dans le cas où nous serions obligés de le faire, nous le ferions au plus bas niveau pour essayer d'éviter les débordements. [...] Nous ne cherchons aucun effet de surprise, nous sommes dans la négociation et dans l'accord amiable. Seulement, il y a une décision de justice et charge à nous de la faire respecter. - Patrick Valentini, Commandant de la Gendarmerie de Guyane.


Même son de cloche chez Patrice Faure, le Préfet de Guyane, qui assure que si la procédure juridique lui incombe d'accorder le concours de la force publique à la Mairie de Rémire-Montjoly, il assure que la plupart des familles expulsées ont été prises en charge par des acteurs sociaux :

Les choses ne peuvent que bien se passer dans la mesure où nous sommes au bout d'une procédure d'une procédure juridique qui nous a conduit à accorder le concours de la force publique à la Mairie. Ensuite, il y eu l'intervention d'acteurs sociaux qui font que l'immense majorité des situations individuelles et collectives ont été traitées. [...] Pour autant, le droit, c'est le droit et il doit être respecté. Donc nous allons procéder aujourd'hui à la destruction de 72 maisons construites illégalement et qui ont fait l'objet d'une procédure. - Patrice Faure, Préfet de Guyane.


Une zone considérée comme insalubre


Il y a bien une raison pour laquelle la Siguy n'a pas pleinement pris possession de ses parcelles de terrain, aujourd'hui concernées par cette mesure de destructions d'habitats illégaux. S'il existe un projet de construction de logements sociaux (projet qui devait d'ailleurs contribuer à la résorption d'habitats insalubres, geste motivé par la commune de Rémire-Montjoly), la préfecture a posé son veto quant à la construction éventuelle de quelconque structure que ce soit à cet emplacement. La zone présenterait un taux de pollution bien trop élevé du fait de la présence de la déchèterie à proximité, un problème majeur pour la Siguy qui a vu son projet être gelé. Pour que ce dernier puisse sortir de terre et voir le jour, il faudrait alors que la Société Immobilière de la Guyane finance un très onéreux plan de dépollution du site, ce qui pour le moment est inenvisageable. Pour se faire, la Siguy souhaiterait que ses partenaires que sont la Communauté d'Agglomération du Centre Littoral ainsi que la Mairie de Rémire-Montjoly participent financièrement à l'opération.