L'artiste Emmelyne Octavie écrit tous les jours ses humeurs sur la crise sanitaire Covid-19. Chaque billet posté sur sa page Facebook fait mouche par la précision de sa pensée et de son écriture ciselée. Aujourd'hui il est question d'un bug.
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J’ignore quelle mouche a bien pu piquer le geek Blanquer, mais je suis dans l’immense regret de vous annoncer que la dernière prouesse qu’il a tenté d’inventer tout de go à votre insu vient tout juste d’échouer avec brio. Vous pouvez taper des pieds ! Pour cause, nous venons de parasiter la chose, la jugeant non-conforme et irrespectueuse au vu de la crise sans précédent que nous traversons. Cette application de jeu « bobo », déconnectée des réalités, souhaitait déguiser les parents en professeurs, les professeurs en machines de guerre et les élèves en robots confinés. Game over ! La partie est terminée. L’application est en cours de suppression dans les foyers, épicentre de ce virus ministériel. Demain, paraîtra au Journal Officiel l’annonce suivante :
« Afin de ne pas creuser davantage les écarts entre ceux qui ont et ceux qui n’ont pas, ceux qui peuvent et ceux qui ne peuvent pas, ceux qui ont accès à et ceux coupés de tout, nous pensons grandement à nos amis de Taluen, de Pidima, d’Elahé, de Kayodé, d’Antécume-Pata, de Camopi, de Gran-Santi et de bien d’autres villages aux confins de l’Amazonie. Tous ceux à qui on demande de faire avec les moyens du fleuve et d’apprendre à contre-courant. Ceux qui écopent trois fois plus sans commettre la moindre infraction. Ceux qui, même connectés, continuent à ramer. Face à cette fracture et aux nombreuses lacunes républicaines, nous avons pris la sage décision de court-circuiter le Cheval de Troie « CONTINUITÉ PÉDAGOGIQUE ».
Ce fou du roi galopait dans tous les sens avec des chiffres abracadabrants, portant atteinte à la santé morale et mentale de ses utilisateurs.
— Jean-Michel !
— Oui maman !
— J’arrive pas à ouvrir tes devoirs, viens m’aider ! Je comprends rien.
— Mais maman, j’ai rien à ouvrir, moi. J’ai pas pris option « Continuité Pédagogique » à la rentrée.
— Mais tu te moques de qui ? Tu es privé de sortie !
— Ben apparemment, toi aussi !
En à peine deux semaines, nous avons reçu un nombre incalculable de racines carrées de plaintes proportionnelles à la courbe anxiogène dont résulteraient les consignes brouillons subordonnés aux théorèmes métaphoriques d’une géographie déplacée des classes à la maison. La corrélation cerveau-écran surchauffe et on peut lire sur ce dernier : « ON N’EN PEUT PLUS ! »
Nous savons à quel point un virus de ce type peut être vicieux et se cacher sous d’autres onglets. C’est pourquoi nous recommandons fortement aussi bien aux familles qu’au corps enseignants de n’ouvrir aucune fenêtre portant le nom absurde et inopportun de « CONTINUITÉ PÉDAGOGIQUE ». Cette application erronée, votée comme un seul homme, est un ver informatique nocif pour la santé, surtout en période de quarantaine. Nous déplorons cette attitude contre-productive d’un enseignement à tout prix sans mesures prises au préalable. D’après nos algorithmes, il aurait fallu tabler sur l’an 2025 pour mettre en place un tel dispositif qui ne s’invente pas en une nuit passée au 57, rue de Varenne. Du 7ème arrondissement, sauf erreur de ma part, il me semble qu’on ne voit pas très bien la France et ses départements. Voilà pourquoi, nous vous invitons à retrouver de toute urgence la sérénité au sein de vos demeures. Faites confiance aux enfants qui apprendront bien plus que ce qu’on a voulu leur infliger de façon indigeste. En ce qui concerne l’autre gugusse, nous étudions, très sérieusement, la possibilité de le confiner dans un jeu vidéo surréaliste pourquoi pas avec un violon.
À suivre…
Emmelyne Octavie
« Afin de ne pas creuser davantage les écarts entre ceux qui ont et ceux qui n’ont pas, ceux qui peuvent et ceux qui ne peuvent pas, ceux qui ont accès à et ceux coupés de tout, nous pensons grandement à nos amis de Taluen, de Pidima, d’Elahé, de Kayodé, d’Antécume-Pata, de Camopi, de Gran-Santi et de bien d’autres villages aux confins de l’Amazonie. Tous ceux à qui on demande de faire avec les moyens du fleuve et d’apprendre à contre-courant. Ceux qui écopent trois fois plus sans commettre la moindre infraction. Ceux qui, même connectés, continuent à ramer. Face à cette fracture et aux nombreuses lacunes républicaines, nous avons pris la sage décision de court-circuiter le Cheval de Troie « CONTINUITÉ PÉDAGOGIQUE ».
Ce fou du roi galopait dans tous les sens avec des chiffres abracadabrants, portant atteinte à la santé morale et mentale de ses utilisateurs.
— Jean-Michel !
— Oui maman !
— J’arrive pas à ouvrir tes devoirs, viens m’aider ! Je comprends rien.
— Mais maman, j’ai rien à ouvrir, moi. J’ai pas pris option « Continuité Pédagogique » à la rentrée.
— Mais tu te moques de qui ? Tu es privé de sortie !
— Ben apparemment, toi aussi !
En à peine deux semaines, nous avons reçu un nombre incalculable de racines carrées de plaintes proportionnelles à la courbe anxiogène dont résulteraient les consignes brouillons subordonnés aux théorèmes métaphoriques d’une géographie déplacée des classes à la maison. La corrélation cerveau-écran surchauffe et on peut lire sur ce dernier : « ON N’EN PEUT PLUS ! »
Nous savons à quel point un virus de ce type peut être vicieux et se cacher sous d’autres onglets. C’est pourquoi nous recommandons fortement aussi bien aux familles qu’au corps enseignants de n’ouvrir aucune fenêtre portant le nom absurde et inopportun de « CONTINUITÉ PÉDAGOGIQUE ». Cette application erronée, votée comme un seul homme, est un ver informatique nocif pour la santé, surtout en période de quarantaine. Nous déplorons cette attitude contre-productive d’un enseignement à tout prix sans mesures prises au préalable. D’après nos algorithmes, il aurait fallu tabler sur l’an 2025 pour mettre en place un tel dispositif qui ne s’invente pas en une nuit passée au 57, rue de Varenne. Du 7ème arrondissement, sauf erreur de ma part, il me semble qu’on ne voit pas très bien la France et ses départements. Voilà pourquoi, nous vous invitons à retrouver de toute urgence la sérénité au sein de vos demeures. Faites confiance aux enfants qui apprendront bien plus que ce qu’on a voulu leur infliger de façon indigeste. En ce qui concerne l’autre gugusse, nous étudions, très sérieusement, la possibilité de le confiner dans un jeu vidéo surréaliste pourquoi pas avec un violon.
À suivre…
Emmelyne Octavie