"Zorey mouton", "ti bom blanc" ou encore "radié dizan". Ces plantes se cachent toutes dans nos bourgs et jardins et ont, comme de nombreux autres végétaux, des propriétés médicinales. Encore faut-il savoir les repérer, et en connaître les effets.
Pour réviser ses connaissances en pharmacopées traditionnelles, l'association Melisse organisait samedi 4 mai, avec le soutien du Musée des cultures Guyanaises, une marche ethnobotaniste dans le bourg de Montsinery à laquelle ont participé une quinzaine de personnes.
Marche ethnobotaniste
"On a l'impression que ce sont juste des plantes décoratives, mais elles ont toutes des atouts, notamment médicinaux. Un des objectifs de notre association, c'est d'aller valoriser ces connaissances", résume Marc Alexandre Tareau, ethnobotaniste et président de l'association Melisse.
Dans le public, les hypothèses fusent à chaque nouvelle trouvaille, et on s'échange recettes créoles et bushinengués, avec petites anecdotes à la clé. "On croise les savoirs des populations afro-descendantes. On fait des échanges culturels entre nous", raconte Clarisse Ansoe Tareau, cofondatrice de l'association Melisse. Née à Mana, elle est d'origine bushinengué et a baigné dans ces savoirs traditionnels depuis son enfance, tandis que Marc Alexandre, son mari, a lui principalement travaillé sur les pharmacopées créoles.
Plantes comestibles
Si l'association Melisse a l'habitude d'animer de telles sorties, principalement sur l'île de Cayenne, c'était une première à Montsinery. Cette promenade s'inscrivait en outre dans le cadre de la 9 eme édition des journées Goûts et saveurs de Guyane qui s'est achevée ce week-end. Les plantes comestibles, étaient donc particulièrement recherchées.
"Il y a tout un ensemble de feuilles comestibles comme les herbages, les feuilles de dachine, ou de gombo, qui étaient auparavant très consommées car très riches en calcium et en magnésium. Ce sont des aliments sains, à portée de main. Ils se cultivent facilement et poussent parfois tout seuls dans les abattis, dans le cas des batoto ou des agouman", explique Marc Alexandre Tareau qui souhaiterait voir ces aliments être réintégrés dans notre quotidien.
Le public, presque essentiellement féminin, prend des photos et des notes, et semble animé par une même volonté de transmettre ces savoirs. "C'est un patrimoine qu'il faut savoir cultiver, pour notre génération, mais aussi pour nos enfants. Il faut être capable de leur transférer ces connaissances", confie Allison Vincent, professeure à Macouria, entre deux observations.
"Apprendre à mieux se connaître"
Si, dans les faits, ces savoirs ne sont pas en train de disparaître, il y a tout de même un enjeu autour de la communication, notamment pour que ces connaissances en pharmacopée se diffusent au-delà de leur culture d'origine. "On a l'impression que ça se perd alors que c'est omniprésent dans notre quotidien. Je pense que c'est lié au fait qu'on ait du mal à valoriser ces savoirs, à les promouvoir en expliquant pourquoi c'est important de les connaître", analyse Clarisse Ansoe Tareau, pour qui l'événement ludique du jour est justement une façon d'en "apprendre plus sur les différentes cultures".
Et à ce petit jeu, on se rend bien souvent compte que les parallèles dans les pharmacopées sont nombreux. "On a découvert que chez tous les Afro-Descendants, de Guyane et des Caraïbes, on a un nom similaire, autour du kalou, du kalalou, qui faiit référence à des plantes alimentaires, mais ce ne sont pas toujours les mêmes. Je trouve ça fabuleux", s'émeut par exemple la cofondatrice de l'association Melisse.