Cela fait désormais deux semaines que la centaine de salariés de l’entreprise de Batiments et travaux publics (BTP) Ribal TP occupent leur entreprise. Cette grève lancée par les syndicats UTG et FO, sur fond de conflit au sujet des négociations salariales annuelles, s'est installée dans la durée, à la grande surprise des salariés.
« J’ai quinze ans d’ancienneté chez Ribal, et de mémoire, je n’ai jamais connu deux semaines de grève. Nous nous étonnons de la stratégie de l’entreprise. Comment peut on arriver dans une entreprise florissante, avec un chiffre d’affaires ayant dépassé 114 millions d’euros en 2023 et en arriver là »
Jean-Michel Nemorin, délégué UTG du personnel à Ribal TP
Pour rappel, selon les syndicats, ceux-ci réclamaient une augmentation des salaires de 9 % s’appuyant sur une expertise estimant que la revalorisation pouvait monter jusqu’à 13 % sans endommager la santé financière du groupe.
À l’issue d’une première série de négociations, la direction de Ribal TP a de son côté proposé une hausse de 5,25 %. Mais face aux refus des représentants du personnel qui réclamaient a minima, 5,5 % d'augmentation, la direction a finalement acté une hausse de 4 %, inférieure à la proposition précédente, provoquant rapidement l’ire des salariés qui se sont mis en grève.
Une multinationale avec 316 millions d'euros de bénéfices
Cet échec des négociations est d’autant plus absurde, aux yeux des salariés, que la multinationale Colas, propriétaire de Ribal TP et filiale du géant Bouygues se porte extrêmement bien. En 2023, Colas a réalisé un chiffre d’affaires de 16 milliards d’euros, en hausse de 3 % par rapport à 2022, pour un bénéfice net de 316 millions d’euros, en hausse de 4,9 %.
Ribal TP trustant 40 % des parts de marché du BTP en Guyane, ce sont une vingtaine de chantiers qui sont actuellement à l'arrêt parmi lesquels ceux du boulevard urbain de Balata, à Matoury, ou celui de la centrale biomasse de Petit-Saut.
Lundi, les salariés ont annoncé se réunir pour définir leur stratégie dans la suite de la crise. Contactés, les représentants de la direction n’ont pas fait suite à nos demandes au moment de la publication de cet article.