Les chercheurs du CNRS (centre national de la recherche scientifique) ont créé une base de données chiffrée permettant de retrouver les propriétaires d’esclaves indemnisés après l’Abolition de l’esclavage. En Guyane, 1096 personnes ont pu ainsi être indemnisées.
Les chercheurs du CNRS (centre national de la recherche scientifique) ont créé une base de données chiffrée permettant de retrouver les propriétaires d’esclaves indemnisés après l’abolition de l’esclavage.
Des propriétaires de couleur aussi
En Guyane, 1096 personnes ont pu ainsi être indemnisées. Ils sont 1096 propriétaires d’esclaves en Guyane à avoir été indemnisés au lendemain de l’Abolition de l’esclavage en 1848. En effet, la loi du 30 avril 1849 prévoit un dédommagement pour les colonies de Guadeloupe, Martinique, Guyane, Réunion, Sénégal, Sainte Marie et Nosy Be. Ce sont 126 millions de Francs qui sont distribués. Le décret d’application est voté le 24 novembre 1849. Des propriétaires (individuels ou collectifs) mais aussi des marchands et créanciers coloniaux en bénéficient. Les propriétaires d’esclaves n’étaient pas tous des colons blancs. Parmi eux des personnes de couleur : affranchies ou nées libres.
...À travers cette mesure âprement débattue au sein de la commission d'indemnisation et de l'Assemblée Nationale, l'État tente de préserver ses grands intérêts économiques dans les colonies dont la possession se trouve menacée. D'un côté, les colons menacent de quitter les territoires, de l'autre, la menace d'une révolte inspirée par l'exemple haïtien pousse les législateurs à adopter cette mesure d'indemnisation permettant la mise à l'œuvre du processus d'abolition. L'indemnité coloniale apparaît comme une condition sine qua non à l'abolition...
589,32 Francs le coût d'un esclave
En Guyane, en 1848, 12 252 esclaves sont libérés. Les propriétaires au nombre de 1096 reçoivent 557 321,07 Francs, près de 2 millions d’euros aujourd’hui en numéraires assortis d'une rente annuelle.Un esclave valait à peu près 589, 32 Francs selon les estimations et les comparaisons du CNRS. Le site classe les propriétaires par ordre alphabétique, le nombre de titres possédés et la somme perçue. Des informations sur le propriétaire et son lieu d’implantation géographique sont également communiqués. Les archives ont permis de les identifier.
...Sont exigés : les actes et titres justifiant les qualités en vertu desquelles ils procèdent, le dernier dénombrement dont ils devaient être porteur au moment de l’émancipation ou un extrait des registres matricules pour les esclaves qui auraient été l’objet d’une mutation de propriété dans l’intervalle écoulée depuis le dernier dénombrement jusqu’à la libération générale, tous les autres titres justificatifs de leur possession. (Décret du 24 novembre 1849, Article 3)
Les titres finalement circulent servant même parfois de monnaies. Les créanciers les utilisent pour se rembourser et les propriétaires les vendent pour se procurer des liquidités ou les utilisent comme de la monnaie pour effectuer des achats. Pour les possesseurs de nombreux esclaves, ce sera le début de la fortune, pour les autres la compensation restera superficielle.
Mine d'or d'informations
Ce site, aux multiples ramifications, à travers ces données chiffrées, et le travail poussé des chercheurs de CNRS, donne un autre éclairage sur l’esclavage et les réparations. Il a fallu près de 2 ans pour l’élaborer en s’appuyant sur les archives. Il s’inscrit dans cadre du projet REPAIR qui « a pour objectif de faire une étude de l’indemnité, des réparations et des compensations au titre de l’esclavage, à la fois globale et située (selon les colonies et les sociétés post-coloniales) entre le XIXe et le XXIe siècle, sous l’angle de la philosophie politique, de l’histoire, de la sociologie et des sciences politiques ».