Joane Yamb Ngan Ngue est issue d’une famille de musiciens connus en Guyane. Il y a d’abord la mère, Nicole Pronzola, professeure de musique, la sœur ainée, Mickaëlle Ngo Yamb Gan, flûtiste et directrice du Conservatoire de Musique, le frère cadet, Marvin Ngo Yamb, réalisateur, graphiste, poète et puis la dernière de la fratrie Joane qui se fait aussi un nom dans le milieu artistique.
Elle-même se dit très discrète, loin des lumières et pourtant Joane Yamb Ngan Ngue est appelée pour chaque scène de Guyane. Peu de concerts se tiennent sans qu’elle soit passée vérifier les sons des pianos. Ce métier d’accordeur, elle l’exerce depuis 2011.
« En 2011, j’ai été diplômée de l’Institut technologique des métiers de la musique au Mans. J’ai fait partie des 12 élèves de cette promotion. J’ai fait un certificat d’aptitude professionnelle car j’étais déjà détentrice d’une licence en musicologie et d’un master 1. Je n’ai pas eu les matières générales à passer. Je suivais les cours techniques et étais en alternance en entreprise. J’ai eu la chance de me former avec Sylvain Charles qui est l’ancien directeur de la chaine Pleyel. Puis je suis rentrée en Guyane pour travailler à l’Encre, après le décès de Monsieur Antoine Edouard, qui était, alors, le seul accordeur de la région. »
Notre musicienne mène de front ses activités de professeur certifié de musique au collège et d’accordeur, réparateur de pianos acoustiques.
Elle collabore avec les Antilles depuis 3 ans. D’abord avec une clientèle de particuliers puis depuis cette année avec les organisateurs de spectacles, notamment pour le festival de jazz de la Créole Beach en Guadeloupe.
Chaque événement musical donne l’occasion à Joane de rencontrer de nombreux artistes, parmi eux, des pointures internationales. Certains, maintenant réclament d’emblée ses services pour accorder leurs instruments. Elle étoffe ainsi son réseau et satisfait aussi son goût pour la musique car Joane aime aussi chanter.
Un métier rare et inspirant
Il y a peu d’accordeurs au plan local comme au plan national. L’institut de formation au Mans n’accueille que 12 élèves par an. C'est une profession qui requiert des qualités spécifiques comme celles de posséder une oreille particulière et d’être doté d’une grande patience.
« On ne devient pas accordeur en sortant de l’école. Il faut travailler son oreille et surtout être patient. D’un endroit à un autre le climat n’est pas le même, le piano ne réagit pas de la même façon par rapport au chevillage. Par ailleurs c’est un métier de l’ombre, on vient avant les concerts pour mettre les pianos à la bonne fréquence ».
Aux Antilles et en Guyane, on utilise encore beaucoup le piano acoustique même si le numérique occupe, dorénavant, une grande place dans l’expression musicale. Le métier d’accordeur a encore de beaux jours selon Joane.
« Quand Monsieur Antoine Edouard venait à la maison accorder le piano, il fallait sortir. Mais cela m’intriguait beaucoup et depuis la 3ème je savais que je ferai ce métier. Mes parents ont exigé que je fasse des études et maintenant je me rends compte que cela me sert beaucoup. Je suis contente et fière que l’on fasse appel à moi !»
Cette mère d’un garçon de 8 ans et d’une fille de 5 ans, les emmène avec elle dès que cela est possible « Ils sont comme moi, ils vivent dans l’art »