Affaire Auplata : les fournisseurs font grise mine

Après la décision de justice de jeudi dernier estimant caducs les autorisations d'exploitation de la mine d'or Dieu-Merci, de la société Auplata Mining Group, de nombreuses entreprises craignent les répercussions sur leur niveau d'activité.

Après le choc des dirigeants de la société minière Auplata, place à l'inquiétude des entreprises qui gravitent plus globalement autour du secteur minier. La perspective de la fermeture de l'une des mines du principal acteur du secteur est un signal qui n'est pas pris à la légère. Le directeur de la société évoquait plus de trois cents entreprises évoluant autour de l'activité minière. Parmi ces fournisseurs, des sociétés comme MS Support, qui fournit des pièces détachés pour les engins de chantier, et pour son responsable Julio Stanislas, le préjudice est important.

Nous avons réalisé des investissements en matière de réapprovisionnement de pièces en fonction de leurs prévisions de manière à être très réactif et assurer un service après vente efficace. Ces pièces vont gonfler notre stock.

Julio Stanislas, responsable MS Support

Le professionnel ne cache pas son agacement, car les miniers représentent sans ambiguïté leur premier marché, juste derrière il y a les terrassiers et les entreprises générales du BTP. "Rendez-vous compte, un patron de mine c'est le genre à arriver et vous dire : je prends cinq pelles", insiste le responsable évoquant l'autre filiale de son groupe qui vend des engins. Le calcul est vite fait quand on sait qu'un seul de ces engins correspond à un coût entre 250 et 300 000 euros.

Un marché non négligeable

Il y a cinq ou six ans, le marché de la mine donnait des signes encourageant en termes de niveau d'activité à en croire les différents professionnels. La douche froide est d'autant plus difficile à vivre aujourd'hui. Les fournisseurs observent une nouvelle dégradation dans le secteur depuis plus d'un an. L'effet se fait ressentir même auprès d'entreprises plus éloignées du cœur de métier de la mine. Laura Lopes, gérante entre autres de GL Motos, se définit elle-même comme une petite société, les miniers pour elle c'est environ 15% de son volume d'affaire, surtout pour la vente de quads.

Nous sommes un petit secteur, donc pour nous tout est bon à prendre. Quand on parle de 15% de notre activité cela représente à la louche 100 000€ par an, ce n'est pas négligeable.

Laura Lopes, gérante GL Motos

"Il n'y a vraiment rien de positif" lance de son côté Didier Santa Maria, directeur commercial chez Machdeal. L'entreprise fournit du matériel de chantier, de logistique ou encore des groupes électrogènes aux miniers. La première pensée de l'entrepreneur va aux familles. Pas uniquement celles des entreprises minières, mais aussi de ses propres salariés, car sans ce secteur, impossible de maintenir tous les emplois de la société, composée d'un peu plus d'une trentaine de personnels actuellement.

Si le secteur minier ferme, on va devoir licencier du monde car cela engendrera concrètement 40 à 50% de perte sur notre chiffre d'affaire. C'est vrai pour nous mais aussi pour bien d'autres.

Didier Santa Maria, directeur commercial Machdeal

Au-delà des inquiétudes, certains professionnels expriment une profonde interrogation. Ils ne comprennent pas que la filière ne soit pas davantage défendue étant donné son impact sur l'ensemble du tissu économique. Une mise en cause à peine voilée de la politique de l'Etat en matière minière mais aussi à la société dans son ensemble, jugée quelque peu passive face à des associations environnementales qui s'organisent pour se faire entendre.