Le 1er octobre 2020, 594 kilos de cocaïne sont saisis dans une voiture près du port de Dégrad des Cannes. Les policiers de l'Office Anti Stupéfiants et les gendarmes interpellent ce soir-là quatre suspects, dont trois nés en Guyane. L’un d’entre eux vit au Surinam, un autre travaille sur le port. Selon le procureur de Fort de France de l’époque, Renaud Gaudeul, au cours des perquisitions, les enquêteurs saisissent plus de cinquante mille euros, trois véhicules de luxe, un jet-ski et une moto.
Selon le parquet, tout a commencé par des éléments recueillis par la gendarmerie de Matoury sur un possible trafic d’envergure par voie maritime entre le Surinam et l’Hexagone, via la Guyane. L’enquête confiée à un juge d’instruction de la JIRS de Fort de France aboutit à la saisie. Les enquêteurs soupçonnent d’autres voyages - réussis ceux-là - les mois précédents. Selon nos informations, 1,2 tonne pourrait ainsi avoir été exportée vers l’Europe par cette organisation présumée criminelle. L’enquête établit que les ports de destination étaient le Havre dans l’Hexagone et Anvers en Belgique.
Les suspects se renvoient la balle
Le 22 juin 2021, six autres suspects sont interpellés, tous nés en Guyane : cinq arrêtés sur le territoire, un autre en Bretagne. Mis en examen pour détention, acquisition, importation et exportation de produits stupéfiants en bande organisée, ils sont « soupçonnés d’avoir participé à ce trafic de produits stupéfiants et à d’autres envois par le même procédé – en passant par des containers – au port de Dégrad des Cannes », nous avait alors indiqué Renaud Gaudeul, le procureur de Fort de France. Les suspects « se renvoient la balle et contestent les faits », avait-il ajouté. Toujours selon le parquet de Fort de France, trois deux-roues, un véhicule Mercedes, des bijoux et au moins trois armes ont été saisis en marge de ces arrestations.
Des chefs d’entreprise, soupçonnés d’avoir participé au blanchiment de l’argent du trafic
En novembre 2021, quatre autres personnes sont placées en garde à vue puis mises en examen. Il s’agit de chefs d’entreprise, soupçonnés notamment d’avoir participé au blanchiment de l’argent du trafic. Les quatorze prévenus doivent être jugés cette semaine à Fort de France, si le contexte le permet.
Cette saisie était d’un niveau record en Guyane jusqu’à celle du 25 avril dernier. Ce jour-là, les douaniers ont mis la main sur 1,8 tonne de cocaïne, dans un conteneur, au port de Dégrad des Cannes. Annoncée en septembre 2022 par Gabriel Attal, ministre chargé des comptes publics, la mise en place d’un scanner à conteneurs au principal port de commerce de la Guyane n’est toujours pas effective.