La première journée de procès devant les assises de Fort de France a permis d’en savoir plus sur la responsabilité présumée de Manoel Moura Ferreira dans le meurtre de deux militaires du 9ème Rima à Dorlin, en 2012. Incarcéré au Brésil, le chef de bande présumé est jugé en son absence.
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Deux fois, Manoelzinho a confessé ses crimes, et c’était dans un cadre « informel », et non lors d’auditions proprement dite. Des aveux faits le 27 juillet 2012, jour de son arrestation à Macapa par le BOPE, le Bataillon des opérations spéciales de la police brésilienne. Il y a d’abord cette vidéo de qualité amateur tournée par la police brésilienne, encore en ligne sur « you tube » (https://www.youtube.com/watch?v=P-EfRsNfMN0). On y voit Manoel Moura Ferreira se présenter sous un faux surnom (« Paulinho »), et répondre « oui » à la question en partie erronée posée visiblement par un policier brésilien (« c’est toi qui a tué les gendarmes ? »). Les pommettes du visage du jeune homme sont tuméfiées, ce qui suppose qu’il a reçu des coups, probablement lors de son arrestation.
Le même jour, le « petit Manoel » a fait d’autres aveux, cette fois-ci…par téléphone. Vendredi après-midi, le lcapitaine Jean-Pierre Arrecot, le gendarme qui a mené l’enquête en Guyane, a décrit la scène devant la cour d’assises de Fort de France. Ce 27 juillet 2012, il se rend à la police fédérale d’Oiapoque, avec un traducteur de la gendarmerie et l’officier brésilien de liaison qui exerce dans le cadre de la coopération policière. Ce dernier appelle à Macapa son homologue du Bataillon des opérations spéciales. Manoelzinho est justement à côté de lui. Depuis Oiapoque, l’officier brésilien de liaison interroge alors le suspect par téléphone, de concert avec l’enquêteur français. On vérifie d’abord qu’il s’agit bien de la bonne personne, en lui demandant sa fréquence et son indicatif radio à Dorlin. Manoelzinho reconnait ensuite avoir tiré sur l’hélicoptère des gendarmes et participé à l’embuscade fatale aux deux militaires. Il indique avoir perdu trois de ses hommes dans cette fusillade, ce qui s’est avéré faux. Il précise enfin qu’il a enterré les armes dans les environs d’Oiapoque, mais ces fusils automatiques ne seront jamais retrouvés. Le compte-rendu de cette conversation est versé à la procédure, « à titre de renseignement », selon le lieutenant Arrecot. L’année suivante, la juge d’instruction interroge Manoel Moura Ferreira à Macapa, sur commission rogatoire internationale : le suspect nie en bloc les accusations portées contre lui.
Enfin, les armes retrouvées lors de l’enquête ne « sont pas celles qui ont servi à l’embuscade », indique le commandant Petit. Il s’agit d’un fusil d’assaut AR 15, d’un fusil d’assaut AK47, d’un pistolet Glock et d’un fusil de chasse de calibre 12, qui étaient en la possession de Ronaldo Miranda Carvalho, alias « Ronaldinho », autre complice présumé de la bande, lequel a été remis aux autorités françaises le 25 août 2012 par des orpailleurs clandestins, avec les armes. Au moment de son arrestation, Ronaldinho a indiqué aux gendarmes que ces armes lui avaient été remises par d’autres membres de l’équipe. Présent à l’audience, il comparait avec Itamar Bezerra Alves, surnommé « Itamar » : ils ne sont pas poursuivis pour avoir commis les meurtres des deux militaires et tentatives de meurtres sur les gendarmes lors de l’embuscade de Dorlin, mais pour la « participation à un groupement formé ou à une entente établie en vue de la préparation » de ces meurtres et tentatives, de même que pour « la détention d’armes ». Ils sont également poursuivis pour d’autres faits présumés commis par la bande, dont des tentatives de meurtres, entre mai et juillet 2012 pour Itamar et juillet pour Ronaldinho.
Malgré tout, la cour compte sur leurs témoignages pour mieux comprendre les évènements tragiques de Dorlin.
L’audience reprend lundi à Fort de France, avec notamment le témoignage à la barre des gendarmes blessés le 27 juin 2012. Sont également attendus les déclarations de civils, victimes et/ou témoins d’une partie de l’affaire, qui interviendront par visioconférence, notamment depuis Cayenne. Le verdict est attendu mardi soir ou mercredi, dans la journée.
Des aveux « téléphoniques » entendus par un gendarme français
Le même jour, le « petit Manoel » a fait d’autres aveux, cette fois-ci…par téléphone. Vendredi après-midi, le lcapitaine Jean-Pierre Arrecot, le gendarme qui a mené l’enquête en Guyane, a décrit la scène devant la cour d’assises de Fort de France. Ce 27 juillet 2012, il se rend à la police fédérale d’Oiapoque, avec un traducteur de la gendarmerie et l’officier brésilien de liaison qui exerce dans le cadre de la coopération policière. Ce dernier appelle à Macapa son homologue du Bataillon des opérations spéciales. Manoelzinho est justement à côté de lui. Depuis Oiapoque, l’officier brésilien de liaison interroge alors le suspect par téléphone, de concert avec l’enquêteur français. On vérifie d’abord qu’il s’agit bien de la bonne personne, en lui demandant sa fréquence et son indicatif radio à Dorlin. Manoelzinho reconnait ensuite avoir tiré sur l’hélicoptère des gendarmes et participé à l’embuscade fatale aux deux militaires. Il indique avoir perdu trois de ses hommes dans cette fusillade, ce qui s’est avéré faux. Il précise enfin qu’il a enterré les armes dans les environs d’Oiapoque, mais ces fusils automatiques ne seront jamais retrouvés. Le compte-rendu de cette conversation est versé à la procédure, « à titre de renseignement », selon le lieutenant Arrecot. L’année suivante, la juge d’instruction interroge Manoel Moura Ferreira à Macapa, sur commission rogatoire internationale : le suspect nie en bloc les accusations portées contre lui.48 balles tirées à l’arme de guerre sur les militaires lors de l’embuscade
Autre temps fort du premier jour d’audience vendredi : le témoignage de l’expert en balistique, le commandant Mickaël Petit, de l’Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale. Il s’est rendu à Dorlin quelques jours après le drame. Sur le lieu de l’embuscade, le commandant Petit a retrouvé un poste de tir, à droite au bord de la piste de Quad, à 50 mètres de la tête de la colonne des gendarmes et militaires qui progressaient à pied, au sortir d’un virage. Sur ce poste de tir, il trouve quarante-huit « étuis » vides correspondant à des armes de calibre 223 (norme militaire OTAN, "calibre 5.56" pour les civils), plus quatorze cartouches non tirées du même calibre. Ce sont des munitions tirées par des fusils d’assaut, des « armes de guerre destinées à tuer », de type AR15 (fusil d’assaut adopté par l’armée américaine sous l’appellation M16). De catégorie A, ces armes sont interdites à la vente en France. Selon l’expert, ces munitions et ce calibre sont compatibles avec les blessures mortelles constatées sur l’adjudant-chef Moralia et le Sergent Pissot du 9ème Rima, ainsi qu’avec celles de l’adjudant-chef Laurent Chauvet de la gendarmerie. Le commandant Petit émet « l’hypothèse de deux armes utilisées de calibre 223, dont l’une a pu être déficiente au moment du tir », présentant un enrayement momentané avec une cartouche coincée, par exemple. Cela accrédite la thèse de deux tireurs, ou d’un seul tireur avec deux armes. Devant la cour, le directeur d’enquête, le capitaine Arrecot, précise que le ou les tireurs ont eu « de la chance » car durant la riposte des militaires, plusieurs projectiles sont passés très près de leur poste de tir, un même arbre étant éraflé à plusieurs endroits.Plutôt des tirs de "kalachnikov" - ou AK47 - sur l'hélicoptère
Concernant les tirs sur l’hélicoptère EC145 de la gendarmerie le 27 juin 2012, quelques heures avant l’embuscade, le commandant Petit affirme ne pas avoir trouvé de poste de tir. L’examen de l’appareil relève sept impacts de tirs. Par ailleurs, le morceau de projectile retrouvé dans le ceinturon de l’adjudant Guillet, légèrement blessé dans l’hélicoptère, « peut venir d’une arme de type AK47 » ou Kalachnikov (de calibre 7.62), selon le spécialiste.Enfin, les armes retrouvées lors de l’enquête ne « sont pas celles qui ont servi à l’embuscade », indique le commandant Petit. Il s’agit d’un fusil d’assaut AR 15, d’un fusil d’assaut AK47, d’un pistolet Glock et d’un fusil de chasse de calibre 12, qui étaient en la possession de Ronaldo Miranda Carvalho, alias « Ronaldinho », autre complice présumé de la bande, lequel a été remis aux autorités françaises le 25 août 2012 par des orpailleurs clandestins, avec les armes. Au moment de son arrestation, Ronaldinho a indiqué aux gendarmes que ces armes lui avaient été remises par d’autres membres de l’équipe. Présent à l’audience, il comparait avec Itamar Bezerra Alves, surnommé « Itamar » : ils ne sont pas poursuivis pour avoir commis les meurtres des deux militaires et tentatives de meurtres sur les gendarmes lors de l’embuscade de Dorlin, mais pour la « participation à un groupement formé ou à une entente établie en vue de la préparation » de ces meurtres et tentatives, de même que pour « la détention d’armes ». Ils sont également poursuivis pour d’autres faits présumés commis par la bande, dont des tentatives de meurtres, entre mai et juillet 2012 pour Itamar et juillet pour Ronaldinho.
Malgré tout, la cour compte sur leurs témoignages pour mieux comprendre les évènements tragiques de Dorlin.
L’audience reprend lundi à Fort de France, avec notamment le témoignage à la barre des gendarmes blessés le 27 juin 2012. Sont également attendus les déclarations de civils, victimes et/ou témoins d’une partie de l’affaire, qui interviendront par visioconférence, notamment depuis Cayenne. Le verdict est attendu mardi soir ou mercredi, dans la journée.