Agriculture : Une mission de la Fredon sur le Haut-Maroni pour identifier la maladie qui décime le manioc

Pousse de manioc malade sur le Haut-Maroni
Les cultivateurs de manioc font face à une baisse de production dans leurs abattis notamment sur le Haut-Maroni. En cause les inondations mais aussi une ou des maladies qui impactent fortement les récoltes. Cette situation inquiète les producteurs. La Fredon, l’organisme dédié à la santé du végétal, a été saisie. Une mission va se rendre sur le Maroni et l’Oyapock afin de collecter les éléments pour une analyse en laboratoire qui permettra de mettre en place des moyens de lutte contre cette ou ces maladies du manioc.

Depuis une quinzaine de jours, dans le milieu agricole, les interrogations et les inquiétudes des producteurs de manioc remontent. Leurs plantations sont touchées par une ou des maladies qui affectent la plante de différentes façons mais, dans tous les cas,amenuisent la production de la racine. Le maire de Papaïchton, Jules Deie, qui cultive aussi du manioc a notamment lancé l’alerte auprès des élus sur le problème du manioc et a saisi la Fredon. La Fédération régionale de défenses contre les organismes nuisibles (Fredon), agit dans l’intérêt général en zone rurale avec une activité de veille sanitaire. Cet organisme dispose pour la totalité du vaste territoire guyanais de 4 agents.Son objectif principal est la protection des végétaux via la diffusion de savoirs et techniques. Une compétence globale de protection qui va permettre d’apporter des réponses à ce problème de maladie du manioc.

Le manioc touché par une maladie en Guyane

Une mission sur le Haut-Maroni à la fin du mois de mai

Le président de Protect'VEG FREDON Guyane, Francis Vigné précise que des recherches sont menées et qu’une première mission a été déclenchée :

« Sur tout le territoire de la Guyane, le Maroni, l’Oyapock, Ouanary, Mana entre autres communes, il existe un gros problème sur le manioc avec une maladie. Nous sommes en train de faire des recherches. Nous compilons des informations et avons contacté les laboratoires au niveau national. »

Des sources concordantes qui proviennent de tout le territoire :

« Nous avons eu les premiers retours par les techniciens du Parc Amazonien sur le Haut Maroni et nous allons intervenir sur ces territoires. Et sur le groupe whatsapp du maire Jules Deie, nous avons découvert que problème existe ailleurs. A la fin du mois de mai, nous allons sur le Haut-Maroni pour prélever des échantillons, que nous enverrons dans un laboratoire national agréé. Ce laboratoire va préalablement nous fournir un protocole d’échantillonnages pour que tout soit fait correctement. L’objectif est de trouver le nom de cette maladie et de savoir si nous rencontrons la même problématique que dans les pays voisins. Mais cela peut être un parasite ou un ravageur (champignon, bactérie ou insecte). »

Une fois les résultats obtenus en laboratoire décryptés et la maladie identifiée, sera, alors, menée une campagne de sensibilisation auprès des agriculteurs et des formations incluant les bonnes pratiques à appliquer. C’est une méthode qui avait été mise en application pour lutter contre le HLB des agrumes. Par ailleurs dans l’état brésilien voisin, en Amapa, où les agriculteurs ont perdu des champs de manioc, des recherches ont déjà été effectuées. Francis Vigné n’exclut pas une mission au Brésil afin de voir ce qui se passe.

Mobiliser tous les partenaires pour structurer la filière manioc

 Le technicien évoque aussi la nécessité de structurer une filière avec tous les partenaires concernés pour mettre en place les moyens.  

«  Il y a tout un travail à effectuer car le manioc est la base de l’alimentation sur le territoire, avec la puissance publique, les élus pour mettre en place une cellule d’accompagnement des agriculteurs. »

Il lui semble primordial de trouver des variétés résistantes, de mettre en place des protocoles pour assainir les sols avec une possibilité de mise en jachère. Tout cela est à étudier. Toutefois, son organisme a déjà observé que :

« … les traditions ont évolué, il y a des pratiques qui se sont sédentarisées. Auparavant, les agriculteurs travaillaient sur des abattis/brulis, les cultivaient 2 ou 3 ans puis changeaient de parcelles. Cela permettait le repos du sol. Maintenant, les pratiques ont changé, la population s’est sédentarisée sur des lopins de terre identifiés. Cela a, peut-être, permis la prolifération des parasites, des maladies et autres ravageurs sur ces zones. Il faudra donc aussi faire un travail sur les pratiques pour voir s’il y a une corrélation avec le développement d’une maladie. »

Quel que soit la diligence de la Fredon sur ce problème de maladie du manioc, il ne pourra y avoir de résultat avant un mois.
Cela met bien en exergue le besoin d’avoir un laboratoire agréé en agriculture sur place et en mesure de faire rapidement ce type d’analyse. Sur ce plan,  l’institut Pasteur a mis à disposition un laboratoire mais que pour le HLB.
En attendant des solutions pérennes, Francis Vigné conseille aux agriculteurs, d’isoler les parties malades de leurs plantations, d’arracher les plants et même les bruler pour éviter la propagation.