Chaque année, des centaines de personnes s’engagent dans l’humanitaire. En Haïti, notre équipe a rencontré Albérique Victor. Guyanaise, elle a quitté sa famille, son activité professionnelle et son confort pour vivre la grande aventure de l’humanitaire.
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Bienvenue à l'Arche
L’Arche est située dans une impasse à Carrefour dans la banlieue de Port au Prince. Impossible de la rater. En arrivant , le nom de cette fondation, se découpe en grandes lettres blanches sur le portail sombre. Un jeune homme coiffé d’un chapeau, nous attend, il rit en ouvrant les portes.De l’autre côté, une maison basse, divisée en deux ailes, au milieu, une grande cour où des hommes, des femmes et des enfants sont attablés. Certains poussent des cris stridents, d’autres nous regardent comme des bêtes curieuses, d’autres encore nous sourient.
Une femme vient vers nous. De taille moyenne, elle est habillée d’un tee shirt bleu et d’un jean, ses cheveux sont cachés sous une coiffe bleue également, le regard clair, la voix posée, elle nous accueille.
Nous sommes à l’Arche une ONG implantée dans 35 pay , dédiée aux handicapés mentaux. Elle, c’est Albérique Victor. Une bénévole guyanaise.
Plusieurs vies
Dans une autre vie , Albérique Victor était assistante sociale au Conseil général en Guyane . Depuis, un an , elle est bénévole à l’Arche Carrefour, située dans un des quartiers les plus pauvres de Port au Prince. Pas de salaire, elle n’a que le vivre et le couvert.Âgée de 50 ans, elle accompagne au quotidien des adultes et des enfants handicapés mentaux, soigne leurs maux, leur donne l’affection dont ils sont privés. Elle nous reçoit tout en gardant un œil sur les enfants et les adultes qui l’entourent de leur sollicitude.
Albérique Victor , un jour a tout lâché pour venir en aide à cette communauté. Pudique, elle ne dira pas quels sont les événements qui l’ont poussée à quitter la Guyane. Elle évoque « un appel intérieur , un chemin spirituel ». Mais souvent les grandes souffrances, poussent les individus, à s’oublier pour atteindre la paix.
A l’Arche, une quinzaine d’adultes et enfants vivent à demeure. Ils sont assoiffés d’amour et bouleversent par leur innocence. Pour vivre, ils fabriquent du beurre d’arachide et du miel revendus sur les marchés.
Au service de l'humanitaire
Ce n’est pas la première expérience humanitaire pour Albérique, elle s’anime soudain …elle raconte « son épopée en Inde , l’un des pays les plus pauvres du monde …et dans le Sud d’Haïti aux Cayes durant un an où elle apportait son aide aux Sœurs Bénédictines. Pauvreté, malnutrition, elle a été confrontée au quotidien à la détresse ordinaire ».Avec un sourire , elle raconte que « sa vocation est née le dimanche matin à la Maison des associations à Cayenne » . Chaque Dimanche , elle servait à manger avec le Secours catholique, aux sans domiciles fixes.
Il lui reste encore un an avant de revenir peut être, au pays, sa Guyane. Après l’Inde, le Sud d’Haïti et la capitale , elle veut changer et trouver un nouveau point de chute, où elle aura le sentiment d’être utile.
La visite est terminé. La nuit tombe; C’est l’heure du dîner pour les pensionnaires de l’Arche, Alberique Victor impressionne par la douceur de ses gestes.
Aventurière au grand cœur, déterminée, elle a bien l’intention de poursuivre son périple sur les routes de l’humanitaire
Le reportage de Marie-Claude Thébia et Laurence Tian Sio Po