Depuis le début du mois juin, cinq cas de paludisme ont été déclarés à Matoury. Deux personnes sont hospitalisées. La maladie est provoquée par une infection du sang transmise par le moustique nocturne Anopheles darlingi et causée par les parasites Plasmodium, dont il existe deux espèces.
D'abord, le Plasmodium falciparum (la plus dangereuse et potentiellement mortelle, mais jusque-là minoritaire en Guyane), puis le Plasmodium vivax (qui peut subsister sous une forme dormante dans les cellules du foie de l’Homme et provoquer des rechutes tardives).
L'espèce Plasmodium falciparum à Matoury
Le parasite identifié à Matoury est du genre Plasmodium falciparum. La souche serait autochtone. Cela veut dire que les moustiques sur place sont potentiellement porteurs du parasite. En 2022, il y a eu 10 cas de paludisme avec ce même parasite, dont 9 étaient importés. C'est-à-dire que les malades avaient été contaminés à l'extérieur du territoire avant d'y rentrer.
En réponse à ces contaminations, l'Agence Régionale de Santé a décidé de lancer, dès la semaine du 26 juin, un plan d'action de prévention et une recherche active de cas. Elle sera accompagnée par la Croix Rouge. Déjà, lorsqu'un malade est identifié, les équipes de démystification de la Collectivité Territoriale de Guyane procèdent à un traitement au sein et autour de son foyer.
Nous allons très prochainement mettre en œuvre une action d'information et de sensibilisation de la population, en porte-à-porte, autour des secteurs où des accès palustres (autre terme pour définir le paludisme, NDLR) ont été enregistrés. Ces maraudes vont s'effectuer par des médiateurs de la ville et de la Croix Rouge.
Virginie CÉBRIAN, coordinatrice du plan d’élimination du paludisme en Guyane
Une détection rapide pour une guérison rapide
Les personnes qui résident dans les secteurs touchés (à Matoury en l'occurrence) seront également invitées à se faire tester pour détecter la maladie. "Nous allons installer des postes avancés pour être au plus près de cette population-là et les personnes concernées par cette action de recherche active de cas seront directement prévenues par les médiateurs", indique Virginie Cébrian.
Car selon l'ARS, "un diagnostic précoce et un traitement rapide sont très importants pour maîtriser la maladie, cela permet d’en raccourcir la durée et limite les complications éventuelles". D'ailleurs, les femmes enceintes et les enfants sont particulièrement fragiles vis-à-vis du paludisme.
En cas d'apparition de fièvre, de frissons ou de migraine, surtout si vous vivez dans une zone à risque, une consultation médicale est recommandée.
Quel traitement contre le paludisme ?
"Ne prenez pas de médicaments sans avis médical (en dehors du paracétamol pour lutter contre la fièvre et les douleurs)", avertit l'ARS. Un traitement sera prescrit par votre médecin. "Il est essentiel de prendre les médicaments jusqu’à la fin du traitement", précise l'agence de santé.
Par ailleurs, selon l'OMS, "les combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine (CTA) sont les meilleurs traitements antipaludiques disponibles à ce jour". Elles constitueraient une composante essentielle du traitement recommandé contre le paludisme à falciparum.
L’artémisinine - extraite de la plante Artemisia annua - permet de réduire le nombre de parasites lors des trois premiers jours de traitement. Elle est associée à un médicament qui élimine les parasites restants. L’OMS recommande que ce traitement ne soit administré qu’aux personnes testées positives.