L'Amazonie brûle. La plus grande zone humide de la planète, le Pantanal, est en proie aux incendies. Depuis le début du mois de juin, 1.729 foyers y ont été identifiés par satellite, d'après l'Institut brésilien de recherches spatiales (INPE), qui a dévoilé ses données le 21 juin. C'est près de quatre fois plus que le dernier record : 435 foyers pour tout le mois de juin 2005.
Plus de 2.600 foyers depuis janvier
Depuis le début de l'année 2024, 2.628 foyers ont été comptabilisés au total au Pantanal. Ce chiffre est aussi en augmentation par rapport à la même période (janvier à juin) en 2020. Cette année-là, 2.534 foyers avaient été enregistrés et c'était déjà la pire année jamais enregistrée. 30% de la surface de la région avait été touchée par les flammes.
La zone s'étend, en plus du Brésil, aussi en Bolivie et au Paraguay. De nombreux touristes s'y rendent pour apercevoir des caïmans, des loutres géantes, oiseaux multicolores et, pour les plus chanceux, des jaguars, rappelle l'AFP. À ce jour, au moins 372.000 hectares, de cet écosystème extrêmement riche en biodiversité ont été dévastés.
La ministre brésilienne de l'Environnement, Marina Silva, a évoqué à plusieurs reprises ces dernières semaines des risques de sécheresse "sévère" dans plusieurs régions du pays et notamment au Pantanal. Ce désastre climatique survient après que des inondations ont ravagé une partie du Brésil, et causés 170 morts. Ces deux phénomènes s'expliquent, selon la ministre Marina Silva, par la combinaison d'El Nino et à "l'intensification du changement climatique".
Des incendies criminels en plus de la sécheresse
Lors d'un entretien à l'AFP, le physicien brésilien Paulo Artaxo, professeur à l'Université de São Paulo (USP) et membre du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) de l'ONU, demande aux autorités brésiliennes de mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour empêcher les incendies causés par l'Humain.
Le Pantanal, comme toute la région centrale du Brésil subit cette année une des pires sécheresses de l'histoire causée par le changement climatique. Mais même si nous avons constaté une forte réduction des précipitations, il est important de souligner que la plupart de ces incendies sont criminels. Ils portent gravement atteinte à l'écosystème [...] On peut dire que tous ces incendies sont dus à l'expansion agricole.
Paulo Artaxo, physicien, professeur à l'Université de Sao Paulo (USP) et membre du Giec de l'ONU auprès de l'AFP
L'expert estime qu'il faut mobiliser la Police fédérale, l'armée et "tous les moyens dont le Brésil dispose pour dissuader les incendies volontaires, qui constituent des crimes environnementaux". Selon Paul Artaxo, "il est possible d'effectuer des contrôles en définissant des zones prioritaires, où la propension à ces incendies criminels est plus élevée".
Face aux critiques, le Gouvernement a ouvert une cellule de crise le 17 juin, et annoncé le déblocage de moyens supplémentaires notamment le déploiement d’avions. Mais sur le terrain, les forces des pompiers restent très faibles, et peinent à prévenir de nouveaux départs de feu.