Un nouveau dauphin d'Amazonie classé en voie de disparition par l’UICN, l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature. Le Tucuxi évolue notamment en Guyane, au Brésil, en Colombie. Il subit les effets entre autres de la pollution au mercure liée à l'orpaillage clandestin et de la pêche.
On savait déjà le célèbre dauphin rose de l’Amazone en danger. Tout comme le dauphin dit de Guyane, Sotalia Guianensis. Ils viennent d'être rejoints, dans ce classement des risques, par le presque jumeau de ce dernier, sotalia fluviatilis. Ce dauphin gris est aussi appelé Tucuxi (prononcez toukouchi), un mot dérivé de son nom en langue amérindienne tupi. Fernando Trujillo, directeur de la fondation colombienne pour la biodiversité, Omacha, explique à l’agence Reuters la décision de l’UICN :
«Il y a deux ans, nous avions déjà demandé une nouvelle catégorie pour les dauphins roses en voie de disparition. Nous avons passé des mois à analyser (les données) avec plusieurs scientifiques et nous nous sommes rendu compte que le dauphin gris partage exactement les mêmes menaces (que le dauphin rose) et l'ampleur de ces menaces est importante en Amazonie et dans l'Orénoque. Et pour cette raison, il a été placé dans la catégorie des espèces menacées d'extinction. »
Tous les dauphins d’eau douce en danger
Le tucuxi évolue essentiellement dans les zones côtières et les fleuves d'Amazonie. En particulier, en Guyane, au Brésil, en Colombie, en Equateur ou au Pérou. Sa taille adulte se situe entre 1,30 et 2 mètres, pour un poids inférieur à 40 kg. Son espérance de vie serait de 35 ans. Mais comme ses congénères, il est donc victime, entre autres, des filets de pêche, de son utilisation comme appât voire d’une chasse spécifique, de la pollution au mercure liée à l'orpaillage clandestin, de la perte de connectivité fluviale à cause des centrales hydrauliques,… Résultat, un effondrement du nombre de dauphins d’eau douce dans la région, toutes espèces confondues comme le montre Fernando Trujillo :
« Nous pourrions parler de près de 30 000 dauphins dans le bassin amazonien. C'est un petit nombre compte tenu de la taille de l'Amazonie : environ 7 millions de kilomètres carrés de jungle et de cours d’eau. C'est un nombre (de dauphins) qui peut se réduire très rapidement. Ces espèces sont en voie de disparition et pourraient passer à (la catégorie) en danger critique d'extinction, qui est la dernière étape avant l'extinction. »
De nombreuses espèces concernées
Et les dauphins ne sont pas les seuls concernés. Le directeur d’Omacha tire la sonnette d’alarme :
"Nous avons de nombreuses espèces dans la région confrontées à des conditions similaires. Les effectifs ont diminué. Nous devons prendre des mesures car ces espèces pourraient disparaître dans 20 ou 30 ans."
A terme donc, si on n'agit pas, la possibilité d'un effondrement de la biodiversité devient sérieuse. Une situation d'autant plus grave que les dauphins, par exemple, sont présents en Amazonie depuis plusieurs millions d'années…