C'est depuis le sol guyanais qu'une page de l'histoire spatiale européenne va se tourner. Vendredi prochain, à 18h26, la célèbre fusée Ariane 5 effectuera son vol d'adieu dans le cadre de la 117ème et dernière campagne du lanceur.
L'objectif de cette ultime mission, la VA261, est d'envoyer deux satellites sur orbite. Le premier, le Français Syracuse B, servira aux communications militaires pour la Direction générale de l’armement. Le second, l'Allemand Heinrich-Hertz-Mission, sera utilisé à des fins civiles.
Après 27 ans de service, mission accomplie
Inauguré pour la première fois en 1996, le lanceur Ariane 5 affiche un taux de réussite impressionnant : sur 116 vols, 111 ont été un succès, soit une fiabilité de 96%. La dernière mission qui avait placé sur orbite la sonde spatiale JUICE est le dernier exemple de la réussite de ce lanceur.
La veille du lancement, jeudi 15, Ariane 5 quittera le bâtiment d'intégration lanceur (BIL) pour rejoindre le bâtiment d'assemblage final (BAF). Il s'envolera le lendemain pour une dernière aventure, avant de laisser la place à son successeur, Ariane 6, doté de nouveaux atouts : un étage supérieur avec un moteur ré-allumable, offrant une grande flexibilité dans les capacités d'emport et les orbites visées, ainsi qu'une réduction significative du coût d’accès à l’espace. L'assemblage du nouveau lanceur est prévu pour novembre 2023, selon le Centre National d'Etudes Spatiales (CNES).
En attendant Ariane 6, l'Europe va subir un trou capacitaire
Parmi les lanceurs européens, Ariane 5 est le seul capable d'envoyer des charges lourdes sur les orbites éloignées, qui permettent de positionner les satellites. Et cette spécificité unique risque de manquer à l'Agence spatiale européenne (ESA), car le nouveau lanceur Ariane 6, censé être opérationnel depuis 2020, ne cesse de repousser son inauguration. L'Europe va donc subir un trou capacitaire de quelques mois dans ce registre, puisqu'il est impossible de continuer d'utiliser Ariane 5 : le lanceur n'est pas réutilisable, et le dernier lot de dix fusées a été validé en 2018.
En attendant, l'ESA devra soit reporter certains de ses vols, soit faire appel à des prestataires extra-européens, aux Etat-Unis avec SpaceX (Falcon 9) ou en Asie.