Vingt-sept ans de service, 116 vols dont 111 succès, un taux de fiabilité qui s'élève à plus de 98%... Ariane 5 aura été un lanceur aussi emblématique que performant, qui a largement contribué au succès de l'Agence Spatiale Europénne. Alors pourquoi changer de lanceur ? Quels sont les nouveaux enjeux qui justifient le passage au programme Ariane 6 ?
Répondre aux nouveaux enjeux du 21ème siècle
"L'ère du low cost est arrivée", peut-on lire sur le site du Centre National d'Etudes Spatiales (CNES). Depuis le début des années 2000, le marché du lancement des satellites a vu certaines nations monter en puissance (Inde, Japon, Chine) mais aussi l'émergence de sociétés privées (Space X, Blue Origin). Pour conserver son indépendance d'accès à l'espace, l'Agence Spatiale Européenne (ESA) décide de lancer en 2014 le projet d'Ariane 6.
Le programme est ambitieux : réduire le coût de lancement au kg de 40% par rapport à Ariane 5. Au-delà de s'affranchir des nouveaux acteurs de l'industrie spatiale, l'objectif de l'ESA est également de répondre aux besoins de plus en plus divers de sa clientèle spatiale. Pour parvenir à ce résultat, le programme mise sur l'introduction d’innovations technologiques, une nouvelle gouvernance (avec une autonomie accordée à l'industrie dans la phase de conception et de fabrication du lanceur), ainsi qu'une modernisation et une automatisation des usines de fabrication.
Un lanceur qui se dédouble en deux versions
L'une des spécificités de nouveau lanceur est inédite pour l'ESA : Ariane 6 est déclinée en deux versions, Ariane 62 et Ariane 64. Le but de ce dédoublement est d'offrir à l'opérateur Arianespace une plus grande flexibilité pour répondre aux sollicitations des clients, commerciaux ou institutionnels.
Ariane 62, dotée de deux boosters, sera utilisée pour placer des satellites institutionnels sur des orbites basses et moyennes (satellites scientifiques, Galileo, observation de la Terre). Le lanceur offrira aussi la possibilité aux clients de transporter une charge de 4,5 tonnes en orbite géostationnaire.
De son côté, Ariane 64 est dotée de quatre boosters qui lui permettent de transporter des charges plus lourdes : jusqu'à 20 tonnes en orbite basse et moyenne, contre 11,5 tonnes vers l'orbite de transfert géostationnaire. Avec son moteur réallumable, le Vinci, Ariane 64 assurera la continuité du marché d'Ariane 5 pour le lancement des satellites de télécommunication.
La date de lancement encore inconnue
Alors qu'elle a déjà repoussé plusieurs fois l'inauguration d'Ariane 6, l'ESA n'a toujours pas communiqué de date précise. Or, l'arrêt du programme Ariane 5 pourrait plonger l'Agence Spatiale Européenne dans un trou capacitaire pour le lancement de satellites lourds. Elle devra, au choix, reporter ses missions ou faire appel à des prestataires externes.