Une association mise en cause dans des ventes illégales de parcelles dans le quartier de Cogneau-Lamirande à Matoury

L'entrée du "quartier" Saint-Pierre, construit illégalement sur un terrain privé
Serge Smock, le maire de Matoury, déposera plainte "contre X", ce lundi 30 juillet 2018, après investigation de la police municipale au quartier de Cogneau-Lamirande. Une association serait mise en cause dans des ventes illégales de parcelles privées derrière le collège Saint-Pierre.
Voici maintenant plusieurs années que grandit, derrière l'établissement scolaire Saint-Pierre de Cogneau, à Matoury, une petite ville dans la ville bien à l'abri des regards. Ces habitations qui ne cessent de pousser au grand dam de la mairie de Matoury et du voisinage, sont toutes construites illégalement sur un terrain privé. Un problème humain considérable et qui continue visiblement à prendre de l'ampleur, générant notamment des plaintes du collège Saint-Pierre qui voit les constructions sauvages approcher ses barrières, à mesure que le temps passe. Les policiers de la municipalité matourienne, après enquête, se sont aperçus que les anciens habitants du quartier Arc-en-Ciel (qui ont vu leurs maisons détruites après décision de justice le 17 juillet dernier) sont venus trouver refuge dans le "quartier" de Saint-Pierre. D'après la mairie de Matoury, le président d'une association bien implantée dans le secteur aurait facilité l'installation de ces familles en leur vendant des parcelles de terrain. Des concessions strictement prohibées puisque l'objet de ces opérations financières est un terrain privé n'appartenant ni au président de l'association, ni à l'association elle-même.
 

Le président de l'association en médiateur entre habitants et vendeurs de sommeil


Une habitante, visiblement nouvelle dans le quartier, a accepté de répondre à nos questions, certainement rassurée par la présence de Serge Smock. Le Maire de la ville de Matoury était en visite, ce vendredi 27 juillet 2018, dans le quartier Saint-Pierre pour rencontrer les anciens habitants du quartier Arc-en-Ciel. D'abord hésitante, la jeune femme a finalement confirmé les dires de la Mairie de Matoury quant au rôle du président de l'association du quartier :

On a acheté un terrain à 800 euros au départ à deux personnes. Ce n'est pas au président que nous avons donné l'argent, mais aux personnes qui étaient avec lui. Sauf que sur le terrain qu'on nous avait donné, il y avait déjà du monde et on a perdu beaucoup d'argent. Donc le président de l'association nous a montré un nouvel endroit où s'installer. 


Cette habitante vit actuellement dans une maison en construction avec son conjoint, deux de ses enfants et sa sœur qui, elle aussi, est mère de famille. Au total, ce sont dix personnes dont sept enfants, qui vivent dans cet habitat de fortune... avec de la boue en guise de sol. Une situation inacceptable pour Serge Smock, le maire de Matoury, qui compte bien porter plainte auprès du procureur de la République contre le "système organisationnel" mis en place dans le quartier :

Nous sommes en train de regarder les différents motifs, la forme est importante pour nous. [...] Notre objectif, c'est d'arrêter une bonne fois pour toutes le système qui est mis en place ici. Nous sommes face à une organisation, ce qui veut dire que ce n'est pas de l'habitat spontané, mais c'est organisé. Et nous connaissons bien les personnes qui tirent parti de ce système là. Ce sont des choses qui se font de façon cachée, c'est très subtil. Je n'accepterai pas que l'on vive de la misère des autres [...] Nous porterons plainte "contre X" car cela crée une ouverture des champs d'investigations. Tandis que si nous portons une plainte nominative, l'enquête sera en définitif, portée sur cette personne


Le maire de la ville de Matoury a assuré qu'il fera son possible pour que des solutions décentes de relogement soient proposées aux habitants en provenance de la Cité Arc-en-Ciel afin de ne pas les laisser livrés à eux-mêmes.
 

Des rôles ambigus


Les "droits d'entrées" dans la zone semblent être monnayés et gérés par des tierces personnes qui ont une certaine influence dans le quartier. C'est par exemple le cas du dénommé "Général Simpson", bien connu à Cogneau-Lamirande, qui explique qu'il ne voit aucun problème au fait de monnayer l'installation illégale d'une famille sur un terrain privé (il réfute cependant son implication dans l'association) :

Je fais beaucoup de choses ici, surtout la sécurité. Je ne peux pas demander de l'argent moi-même. Mais c'est à l'association de s'organiser pour qu'il y ait un arrangement avec la population pour améliorer les choses. Quand on rentre dans une association, il faut payer une cotisation. Donc, c'est normal. Les sommes qui sont demandées sont souvent pour effectuer des travaux sur les terrains, nettoyer, faire les maisons...

 
Le Général Simpson (en treillis militaire) en pleine conversation avec le maire et des journalistes

Serge Smock attend des propriétaires du terrain un soutien de poids dans les démarches judiciaires qu'il souhaite entreprendre. Sans quoi, les procédures, qui s'annoncent déjà très longues, risquent de ne pas avoir l'impact escompté.