Bientôt du thon de Guyane dans nos assiettes ?

Cette première mission d'exploration en haute mer tient ses promesses
Après une campagne exploratoire de cinq jours, le navire de la Société Antoine Abchée et fils est arrivé ce mercredi matin au port du Larivot avec, dans ses cales, du thon, de l’espadon, de la dorade. Deux autres sorties sont prévues mais la mission est déjà considérée comme un succès. Elle pourrait nous amener à pouvoir consommer et exporter ces poissons de haute mer pêchés dans les eaux guyanaises.

Il n’y a que dix poissons dans la cale mais lorsque le Yannick 2 accoste au port du Larivot, les visages sont satisfaits. Pour la Société Antoine Abchée et fils (Saf), à l'origine de la mission, la pêche est résolument bonne. « Désormais, on peut affirmer qu’en Guyane il y a de grands pélagiques » annonce Ryan Persaud, directeur de la Saf, tandis que l’équipage remonte du bateau, thon jaune, espadon, dorade coryphène, marlin bleu, barracuda…

Tous ont été pêchés entre 180 et 200 kilomètres de nos côtes. La zone est autorisée à la pêche… mais pas pour ces poissons qui sont soumis à quota. Aussi, pour cette mission, une autorisation exceptionnelle de prélèvement a été demandée par la Société Antoine Abchée et fils.

Trois missions seront réalisées pour cette campagne d'exploration

Préservation des ressources

Plusieurs objectifs ont motivé cette mission au coût total de 800 000 euros : diversification des ressources, conquête de nouvelles niches commerciales, souveraineté alimentaire…Ryan Persaud ajoute un autre aspect : « la préservation des ressources ». Plus respectueuse des espèces, la pêche à la ligne, contrairement à celle au filet, permet en effet de limiter les captures accidentelles. Avant de prendre le large, le Yannick 2, ancien chalutier de 32 ans, a ainsi dû subir quelques modifications pour se transformer en palangrier. Débarrassé de son filet utilisé pour la pêche à la crevette, le bateau a été équipé d’une longue ligne de pêche de 50 kilomètres dotée d’un millier d’hameçons. « Nous avons également utilisé des hameçons ronds, précise Pascal Briand, le capitaine de pêche. Avec ce type d’hameçons, s’il nous arrive de prendre une espèce qui n’est pas celle que nous recherchons, poisson ou tortue, nous pouvons décrocher l’animal et le remettre à l’eau. L’hameçon rond permet une survie qu’on estime à 95% »

Pascal Briand, capitaine de pêche

Deux autres missions en mer sont prévues pour cette campagne, durant le mois. À chaque fois, un observateur sera intégré à l’équipage. Nicolas Moulanier, explorateur des pêches pour le bureau d’études Fhishing cleaners était de la première sortie, où il a réalisé des mesures et collecté des données. Son rapport diffusé aux différents acteurs du monde maritime. « Ce que nous avons eu est satisfaisant, mais tout reste à faire. Il nous faut augmenter le nombre de répliquas pour traduire les données de manière efficace et identifier les zones les plus sujettes aux captures accidentelles afin de les éviter. »

Le Yannick 2 est arrivé après une mission de cinq jours

Poissons soumis à quota

Après les deux prochaines missions, la Société Antoine Abchée et fils passera à l’étape suivante : demander les autorisations afin de permettre à la Guyane d’intégrer les quotas de prélèvement pour ces poissons. Une étape indispensable pour permettre leur commercialisation et leur transformation.

D’ici là, et comme il n’est pas possible de vendre la pêche réalisée lors de ces missions exploratoires, ce sont avant tout les salariés de la Saf qui vont en profiter. Une première dégustation sera ainsi proposée aux membres de l’équipage et aux partenaires financiers qui pourront ainsi découvrir dans leur assiette le goût du thon albacore de Guyane.

Après cette campagne d'exploration, la Société Abchée et fils passera à l'étape des demandes d'autorisation pour la pêche des poissons de haute mer ciblés