Brésil: la BR 156, la route impossible

La route BR 156

Les 27 000 habitants d'Oiapoque, à la frontière avec la Guyane, sont depuis un an, interdits de passage en France et depuis 3 mois, aussi privés de route praticable pour se rendre dans l'Amapa. 

 

La BR 156 est une route essentielle pour l’Amapa. Cet état brésilien débute juste de l’autre côté de la frontière avec la Guyane française. La BR156 est l’unique voie terrestre reliant la ville d'Oiapoque à Macapa, la capitale de l’état.

BR 156 , 110 kilomètres de galère

Un axe routier de plus de 600 kilomètres traversant l’Amapa du nord au sud, dont 110 kilomètres non bitumés, de piste en latérite. 

Le tronçon en latérite de la BR 156

Chaque année, en saison des pluies, la BR devient la bête noire de tous les voyageurs qui l’empruntent.

BR 156

Ces clichés montrent à quel point, circuler sur cette route, est un parcours semé d’embuches. Presque tous les jours depuis le début de l'année, ces scènes se répètent dans la région de Calçoene.

Poste de contrôle routier fédéral

A quelques kilomètres d’Oiapoque, au point de contrôle de la police routière fédérale, beaucoup d’automobilistes nous avouent ne plus s’aventurer dans le secteur où la BR 156 est dangereuse. Ce chauffeur explique :

C’est très difficile pour les personnes en grande difficulté, elles risquent de mourir en cours de route. Il faut s’arrêter, il y a des obstacles, il faut se faire remorquer par d’autres véhicules et cela représente beaucoup de difficultés.

Un automobiliste

 

Un transporteur, usager de la BR 156

Pour beaucoup d’autres conducteurs, il n’y a pas d’autres choix que d’emprunter la BR 156 nous rapporte un chauffeur livreur de bières qui fait cette route toutes les semaines pour ravitailler la région. Les transporteurs  ont du s’organiser et circulent en convoi afin de s’entraider, en cas de difficultés.

La BR en saison des pluies, c’est une catastrophe ! La plupart des ponts sont embourbés alors on ne peut venir ici à Oiapoque qu’en s’aidant les uns les autres, la situation est très compliqué.

Un transporteur

Poste de contrôle routier fédéral

En été, avec les engins de chantier travaillant sur la route, on met entre 7 et 8 heures, par contre en saison des pluies, on peut mettre entre 14 et 15 heures, et encore ça dépend des conditions climatiques. Des fois, tu peux prendre 2 jours pour arriver ici.

Un camionneur


La construction de la BR 156 a été décidée en 1930. 90 ans plus tard, elle n’est toujours pas achevée. Un chauffeur de taxi exprime son désarroi. Cette route, c’est son gagne-pain. C’est aussi pour lui, le symbole d’un état qui a oublié cette région, sa région: l’Oyapock.

Ça fait 44 ans que je vis à Oiapoque et ce problème est récurrent entre la saison sèche et la saison des pluies. Tu achètes une voiture chère pour qu’elle se casse ! Et nous on paye nos impôts pour l’état d’Amapa et eux ne font pas ce qu’il faut pour l’entretien de la BR.

Un chauffeur de taxi de l'Amapa

Chauffeur de taxi de l'Amapa

 

L'entrée dOiapoqué

Francisco, un des nombreux mécaniciens de la ville intervient sur des voitures qui n’ont pas résisté à l’état de la route.

Francisco le répète à l’envi, il maudit la BR !

C’est compliqué, très compliqué pour les voitures, il y a des autos qui ne passent pas. La route est trop merdique et nous, on est ici, à travailler, asphyxiés par l’urgence. La BR, elle est très dangereuse, il y a déjà eu des accidents, ils ont fait des tonneaux et les 4 personnes sont décédés.

Un garagiste d'Oiapoque


La BR 156 reste une route inachevée, conséquences de nombreux détournements de marchés publics. La ville d’Oiapoque est extrêmement dépendante de cet axe routier pour son ravitaillement et son développement économique. Son état a également causé l'arrêt des évacuations sanitaires vers Macapa par la route depuis prés de 3 mois.

Le reportage de Jocelyne Helgoualch et Frédéric Larzabal

Amapa : BR 156, la route de l'impossible.