Chants et danses traditionnels dans les rues, Les Amérindiens sont mobilisés dans tout le Brésil. Des groupes se sont même rendus récemment vers le siège de la Cour Suprême à Brasilia. La plus haute juridiction du pays a reporté sa décision sur l'objet de leur colère : la proposition de loi 490, votée par la Chambre Basse du parlement.
Seules reconnues, les terres occupées par les Amérindiens en 1988
Ce texte ne reconnaît aux Indigènes comme terres ancestrales protégées, que celles qu'ils occupaient lors de la promulgation de la constitution, en 1988. Or les autochtones rappellent que nombre d'entre eux avaient été expulsés de leurs terres bien avant 1988 (notamment durant la dictature militaire entre 1964 et 1985).
Un cadre temporel dénoncé contraire aux intérêts des Amérindiens et aux souhaits du chef de l’Etat
Ce cadre temporel restrictif ne passe donc pas. Le cacique Raoni Metukire, l’un des grands chefs du peuple kayapo en Amazonie, et leader historique du mouvement amérindien, est catégorique :
« C'est un très grand combat que nous menons. Nous allons détruire ce cadre temporel. Il ne peut y avoir de cadre temporel. »
La proposition de loi va aussi à l'encontre des souhaits de Lula. Le président brésilien veut préserver l'environnement et les droits, notamment fonciers, des Amérindiens, en faisant reconnaître des millions d’hectares comme terres indigènes. Le texte contesté pourrait priver les Indigènes de près d'un tiers des plus de 700 réserves déjà délimitées.
Sur ces terres, ils ont un droit d’occupation inaliénable. Eux seuls peuvent en utiliser les ressources naturelles. Ils y conservent leur mode de vie traditionnel.
Appel à l’ensemble de la société brésilienne et au-delà
Face au risque de déforestation qui pourrait se profiler, confirmé par des scientifiques, Arlindo Baré, un autochtone du peuple Baré d’Amazonie, demande le soutien de l'ensemble de la société brésilienne :
«Les terres préservées ont une valeur incommensurable pour la société brésilienne, elles apportent un équilibre climatique et bien d'autres contributions, mais personne ne se soucie vraiment des peuples qui se chargent de cette préservation.»
Alexandra Munduruku, responsable indigène avertit même la communauté internationale :
«Si le cadre temporel est approuvé, ou tout autre projet de loi qui va à l'encontre des intérêts des peuples indigènes, les pays développés ne pourront pas continuer à parler du changement climatique, s'ils achètent du soja, s’ils achètent de l'or».