La nouvelle a fait l'effet d'une bombe. La condamnation pénale de Luiz Inacio Lula da Silva a été annulée par un juge de la cour suprême brésilienne. Si la décision est confirmée, l'ancien chef de l'Etat pourrait donc se présenter l'an prochain contre le président d'ultra-droite, Jaïr Bolsonaro.
Si la décision est confirmée par l'assemblée plénière de la cour, l'ancien chef de l'Etat pourrait donc se présenter l'an prochain contre le président d'ultra-droite, Jaïr Bolsonaro. Un espoir pour la gauche dans un pays fortement touché par le covid 19 et où les inégalités sociales restent fortes.
"Bolsonaro dehors, génocide". Ces cris dans les rues de Sao Paulo contre l’actuel président brésilien expriment le retour de l’espoir chez ses adversaires de gauche, partisans de Luiz Inacio Lula da Silva. Un juge de la cour suprême a en effet annulé la condamnation très controversée de Lula par un tribunal de Curitiba (Sud). Le magistrat a considéré que cette instance n’était pas compétente pour juger les affaires concernées.
Lula favori de la prochaine présidentielle face à Bolsonaro…
L'ex chef de l'Etat qui avait déjà été libéré en 2019, redevient donc éligible. Empêché de se présenter en 2018 (alors qu’il était grand favori), il pourrait en revanche être candidat à la présidentielle l'an prochain. Les sondages le donnent gagnant contre le sortant d'ultra-droite, Jaïr Bolsonaro, dont la popularité est en baisse. Notamment pour n'avoir pas pris au sérieux l'épidémie de covid 19. Une enquête récente n’accorde que 44% des suffrages au locataire actuel du Palais de l’Aurore, contre 50% à Lula.
Julia Kopf, une fervente supportrice de ce dernier croit dur comme fer à sa victoire :
"Si j'étais Bolsonaro, je ne dormirais pas paisiblement, car je suis sûre que le 1er janvier 2023, il cédera la place à Lula."
A ses côtés, Regina Brunet voit presque déjà l’avenir en rose :
"Nous avons une chance de rétablir la démocratie dans notre pays et de lutter pour nos droits."
…si la plénière de la cour suprême confirme l’annulation de sa condamnation
Mais Jaïr Bolsonaro, lui, garde un espoir : que l'annulation de la condamnation de Lula soit invalidée par l'assemblée plénière de la cour suprême. Il accuse le juge Edson Fachin qui a décidé cette annulation initiale d'être un partisan de Lula (ce que démentent des observateurs de la vie politique brésilienne) :
"Fachin a toujours eu un lien fort avec le PT (Parti des Travailleurs, la formation de Lula). Nous ne sommes donc pas surpris par cette décision. C'est évidemment monocratique et ça devra être examiné par l'ensemble de la cour, en plénière pour être validé. "
En cas de validation, Lula devrait repasser, à terme, devant un tribunal fédéral de Brasilia. Accusé d'avoir touché des pots de vin, il est toutefois considéré désormais comme innocenté, par ses partisans.
Vers une bipolarisation accentuée de la vie politique brésilienne
En tout cas, son retour, possible, chamboulerait la vie politique au profit du clivage gauche-droite comme l’explique Ricardo Ismael, analyste politique :
"A court terme, il y aura une accentuation de la bipolarisation politique : entre Lula, représentant le Parti des travailleurs, et le président Bolsonaro. "
Une configuration qui, malgré les sondages, rassurerait certains milieux proches de Jaïr Bolsonaro. En effet, ils comptent qu’à terme, l’image très à gauche de Lula renverra les électeurs de droite modérés vers leur champion.
L'ex président a le soutien de la classe ouvrière pour ses réformes sociales entre 2003 et 2011. En revanche, il subit la forte hostilité d'une partie de l'électorat et des milieux d'affaires. Ceux-ci auraient préféré qu’une éventuelle alternance à Jaïr Bolsonaro, se dessine au centre-droit. L'annonce de l'annulation de la condamnation de Lula a même fortement fait chuter la bourse de São Paulo…