Les métiers de bouche sont très divers, parmi eux celui de confiturier. Si la production industrielle de confitures se porte bien, celle des artisans aussi. La Guyanaise Brigitte Le Pelletier s’est lancée par goût et envie dans ce secteur et ne le regrette pas. Elle remercie sa grand-mère qui lui a appris à faire sa fameuse confiture de goyave et affectueusement lui en envoyait un pot chaque mois alors qu’elle faisait ses études. Ce parfum fait partie des fleurons des confitures confectionnées par Brigitte devenue depuis Maître confiturier.
Toujours aller de l'avant
De passage en Guyane après 20 ans d’absence, elle mesure le chemin parcouru. Elle a pris sa retraite avant l’heure pour se lancer étape après étape, dans une activité à plein temps de confiturière. Elle a créé sa société, ouvert une boutique de confitures, transformée ensuite en salon de thé où se tenaient des brunchs musicaux. En se présentant avec succès à des concours agricoles et en remportant des médailles, les commandes ont afflué. La confiturière s’est adaptée aux demandes.
"Je suis quelqu’un qui regarde toujours devant, les souvenirs ne font pas partie des bagages que je traîne… Je préfère voir ce que l’on peut faire même avec les transformations, les changements. C’est bien de participer à ce qui se met en place, si on peut ! Je fais des salons sous l’égide de la région ou du département où je réside, mais j’ai toujours cette partie de Guyane qui rentre en compte. C’est pourquoi je participe au salon Regards de Guyane ou à la foire de Paris au stand Guyane, des espaces où je peux être pleinement la Guyanaise qui fait des confitures."
Brigitte se tient au courant de tout ce qui se produit en Guyane. Cette année, elle va intégrer dans ses saveurs, la confiture de groseille péyi bien connue sous le terme africain bissap. La fabrication de confitures est l’essentiel de son activité mais elle a, aussi, créé une gamme de 8 parfums de sauces 100% naturelles, sans colorant, sans épaississant. Des produits très appréciés par les chefs. Avec sa société « Corbeille à Confiture », la confiturière a su se faire une clientèle de professionnels notamment dans d’hôtellerie. Son entreprise est rentable et heureusement elle a pu maintenir ses activités malgré le confinement.
Un savoir faire qui doit rester artisanal
Brigitte Le Pelletier ne tient pas à agrandir sa structure car elle veut rester libre et pouvoir s’arrêter quand elle le décidera : « Tant que je trouve des défis à relever je continue… je ne sais travailler que sous pression et challenge ! ». Pour cette année 2022, elle se lance un nouveau défi : présenter des confitures au concours agricole et essayer d’intégrer les Toques françaises, l’organisme qui regroupe les métiers de bouche. N’entre pas qui veut, la sélection est rude.
Autre souhait pour notre confiturière : transmettre : « je suis pour la mise en place d’une formation au métier de confiturier qui n’existe pas. Pour cela je fais partie de la confédération des artisans confituriers de France et nous travaillons en commun sur l’établissement d’un schéma de formation qui doit être proposé aux chambres des métiers afin qu’elles mettent en place cette formation avec notre support. ». C’est un métier qui a de l’avenir argue-t-elle, les hôtels sont demandeurs. Je refuse des clients et je ne suis pas la seule… Je ne fais pas de stock, je travaille à la demande. Cette formation permettrait d’embaucher un apprenti. Car le métier est difficile, très physique, il faut de l’énergie, de la créativité et être passionné.
Brigitte apprécie d’être sur le terrain auprès des producteurs, de transbahuter elle-même ses cageots de fruits et légumes, et de suivre durant de longues heures leur transformation dans ses bassines de cuivre. Parmi les articles les plus réclamés, figure « L’ananas zouk », une des plus anciennes confitures, élaborée il y a 20 ans. Un savoureux mélange de fruit et de rhum arrangé. Mais la plus originale de ses productions qui « cartonne » comme elle le dit et se trouve toujours en rupture de stock, c'est la confiture de cornichons suivie de près, depuis 2020, par la confiture de lentilles glacées de l’Essonne.
A une personne qui voudrait se lancer, Brigitte Lepelletier conseille de travailler inlassablement les fruits. Au fur et à mesure, les techniques s'acquièrent et après, chacun, en fonction de sa créativité, joue sur les saveurs et les couleurs. Seule norme à respecter les 55% de taux de sucre (sucre ajouté et fruits compris).
Notre maître confiturier, apprécierait de venir en Guyane partager son expérience et transmettre à des passionnées comme elle, un savoir faire artisanal qu'elle s'est constitué, à la base, dans ce coin d'Amazonie qu'est la Guyane.