Centre Panakuh des Savoirs de la Forêt : une structure pour favoriser la transmission des savoir-faire des Autochtones de Guyane

Site, en construction, du Centre des Savoirs de la Forêt.
En 2023, un centre des Savoirs de la Forêt pourrait voir le jour à Saint-Georges de l'Oyapock. Ce projet est porté par Panakuh et Nature Rights pour répondre aux défis identitaires et écologiques que traversent les communautés autochtones de Guyane. Les jeunes sont les premiers concernés par ce centre de valorisation et de transmission.

Une nouvelle initiative pour favoriser la transmission des traditions des peuples premiers. L’association amérindienne Panakuh et l’association Nature Rights lancent ensemble le "Centre Panakuh des Savoirs de la Forêt" dans le cadre du programme Savoirs de la Forêt.

L’objectif de cet établissement (encore en construction) : permettre la valorisation des techniques traditionnelles des peuples autochtones de Guyane, et particulièrement ceux des Palikur de l’Est guyanais. Le centre des Savoirs de la Forêt verra le jour à Saint-Georges de l’Oyapock.

On aimerait que ce soit un lieu qui permette aux jeunes de l’Est guyanais, et plus largement à ceux de Guyane, de pouvoir appréhender, découvrir et s’immerger dans les savoir-faire traditionnels de cette communauté. Ce sera aussi un lieu de rencontre où différentes communautés pourront échanger leurs connaissances en matière d’artisanat, d’agriculture…

Massiri Gueye, coordinateur du programme "Savoirs de la Forêt" et responsable administratif du centre Panakuh des Savoirs de la Forêt

Un réseau d’artisans et d’agriculteurs palikur mobilisé

D’ailleurs, certaines activités ont déjà commencé. Ces derniers mois, deux mayouri pour aider la construction du centre, deux interventions pédagogiques auprès d’élèves d’écoles primaires, des ateliers en extérieur sur l’identification des plantes ou encore l’organisation d’un chantier solidaire sur une semaine ont déjà été organisés avec des écoles et d’autres associations. Un avant-goût de ce que proposera le centre des Savoirs de la Forêt dès son ouverture, prévue en 2023.

Atelier d'identification des plantes avec des élèves d'école primaire.

Il y aura aussi des ateliers dispensés par des artisans amérindiens. "C’est là toute la force de l’association Panakuh. On s’appuie sur un large réseau d’artisans et d’agriculteurs de la communauté Palikur, qui se trouvent à la fois sur le bassin de Saint-Georges, mais aussi sur le littoral, autour de Macouria", indique Massiri Gueye. Des dizaines de personnes composent ce réseau. Elles proposent des ateliers sur l’ensemble du territoire. Ce centre leur permettra d’avoir une activité fixe en plus.

Réparer la fracture générationnelle liée à la culture

A travers ce projet, l’association Panakuh espère attirer les jeunes, qui sont le premier public visé. "On est conscient – et c’est un constat partagé partout en Guyane – qu’il y a une fracture générationnelle et un détachement par rapport à la richesse traditionnelle des communautés de Guyane", affirme le coordinateur de projet.

On a vraiment le souhait que les jeunes puissent se réapproprier les richesses des cultures guyanaises et qu’ils puissent pérenniser leur transmission par la suite.

Massiri Gueye, coordinateur du programme "Savoirs de la Forêt" et responsable administratif du centre Panakuh des Savoirs de la Forêt

Les jeunes, oui, mais pas que. Les associations comptent également rendre les activités accessibles au grand public. "On a le souhait que les familles guyanaises, d’un peu partout, viennent participer aux activités sur le centre. Il y aura aussi un volet écotouristique ouvert sans limite d’âge", explique Massiri Gueye.

Trois carbets et un bâtiment composeront le site

Pour l’instant, deux carbets traditionnels figurent sur l’espace dédié à l’établissement. Ce sont des carbets traditionnels construits par Roger Labonté, le chef coutumier du village Espérance, de Saint-Georges de l’Oyapock. Un troisième carbet est en cours de préparation. Celui-ci sera bâti par l’association Tukwa, un partenaire.

Construction d'un carbet par les membres d'une association.

Un dernier chantier est à l'étude. Il s’agira d’une base de vie, un bâtiment répondant aux normes des établissements recevant du public. Le processus sera plus long. Les architectes de la structure devront s'inspirer des modes de constructions traditionnels. Les porteurs du projet visent l’autosuffisance énergétique et alimentaire du site. 

Le public guyanais de tout horizon est, lui aussi, invité à mettre la main à la pâte. Cela peut se faire de façon financière, une cagnotte a été mise en ligne par les membres du projet Savoir de la Forêt. Elle se clôture le 15 mai prochain. Il est aussi possible de participer grâce à ses connaissances.

Notez que les porteurs du projet participeront au festival Alternayana, qui se déroulera du 3 au 5 juin 2022, à Cayenne.