Centre Hospitalier de Cayenne : une grève historique

Les salariés UTG devant l'hôpital de Cayenne le 26 mars dernier.
59e jours de grève pour les salariés du Centre Hospitalier de Cayenne : un record. Le mouvement le plus long remontait à 2000 avec 58 jours de grève. Pour l’heure, c’est le statu quo. Grévistes et direction campent sur leurs positions.
Le piquet de grève est toujours installé devant l’une des portes du Centre Hospitalier Andrée Rosemon (CHAR) de Cayenne. Quelques tables, quelques chaises assemblées sous des tentes et des grévistes déterminés. Les discussions avec la direction n’aboutissent pas. Après plus de deux mois d’arrêt de travail, le conflit s’enlise et l’hôpital est au bord de l’asphyxie.
 
En 2000 déjà, les salariés du CHAR avaient cessé le travail durant 58 jours pour des revendications similaires. Cette fois, le record est battu. La grève entre dans son 59e jour, c’est historique.

Courrier à la ministre de la santé

Les grévistes ont écrit à la ministre de la Santé, Agnès Buzyn pour dénoncer la situation actuelle du Centre Hospitalier de Cayenne. Ils attendent notamment,  qu’elle intervienne et que les fonds promis lors des mouvements sociaux de mars et avril, soient versés dans les caisses du CHAR. 

Ce mercredi 24 mai, les sénateurs Georges Patient et Antoine Karam étaient reçus au ministère des Outre-mer à Paris, pour évoquer ce dossier.

 

Un rapport alarmant

Le syndicat UTG Santé, à l’origine de ce mouvement, persiste et signe. ll entend bien aller au bout de son action. Cette semaine, les grévistes ont largement relayé le rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) rédigé en 2016 par Pierre Lesteven, administrateur provisoire du CHAR.

Ce rapport est un audit et ses conclusions sont alarmantes : une tarification à l’activité ne prenant pas en compte les spécificités de la Guyane,  un nombre de patients  bénéficiant de l’aide médicale d’Etat en croissance permanente , un  manque de lits d’hospitalisation et l’état de vétusté des locaux. Résultat : un manque d’attractivité certain pour les médecins spécialisés et de coûteuses évacuations sanitaires.

Regardez ci-dessous les explications de Guyane 1ère :

239 postes

Pour l’heure, les négociations entre syndicat et direction bloquent sur le nombre de postes nécessaires au bon fonctionnement de l’établissement. Le syndicat UTG Santé revendique 239 postes supplémentaires, la direction en propose 36,5. Jacques Cartiaux, le Directeur de l’Agence Régionale de Santé, propose lui de diligenter un audit sur les besoins humains de l’hôpital.

Les autres revendications portent sur les conditions de travail, la qualité des soins et la prise en charge des patients.
 

Un bras de fer

Le bras de fer s’est aussi poursuivi entre direction et syndicat au tribunal. Vendredi 13 mai, le juge des référés a débouté pour des raisons de forme le syndicat UTG Santé qui contestait la légalité des assignations au travail reçues par des  agents grévistes.
Le conflit est loin d’être terminé.