Les éditions Ibis Rouge rachetées par Gérard Doyen propriétaire des éditions Orphie

Depuis deux ans, la maison d'édition guyano-antillaise cherchait un repreneur. C'est chose faite. Gérard Doyen  propriétaire de la maison Orphie qui édite dans l'ensemble des Dom, est le nouvel acquéreur d'Ibis Rouge. Un rachat qui sauve un pan du patrimoine de Guyane et des Antilles.
La semaine dernière l'annonce du rachat de la maison Ibis Rouge a clos de belle manière le 11e Salon international du livre de Guyane. Nombre d'auteurs ont affiché leur satisfaction, notamment les universitaires dont les travaux étaient publiés par cette maison d'édition guyanaise. Autre heureuse nouvelle, des ouvrages maintenant introuvables seront réédités, le nouveau propriétaire d'Ibis Rouge, Gérard Doyen y travaille déjà.
Gérard Doyen devant le stand Ibis Rouge au Salon du livre
 

Un groupe d'édition pour les Dom

... Je suis tous mes concurrents depuis 25 ans et j'admirais le travail de fond que l'éditeur d'Ibis Rouge faisait avec des publications d'ouvrages de référence par rapport à mes publications grand public... déclare Gérard Doyen, le nouveau propriétaire d'Ibis Rouge. Une opération de rachat qu'il a mené tambour battant à la fin du mois de novembre.
Ce chef d'entreprise discret a ouvert sa maison d'édition (Orphie) en 1984 à l'île de la Réunion. En quelques années, il s'est imposé comme l'éditeur ultra marin phare. Avec l'acquisition du fonds Ibis Rouge, il agrandit ses activités. Il compte avoir un retour sur investissement en 4 ans. Gérard Doyen pense qu'il y a des "petites pépites" dans les collections qui seront republiées.  


Les Guyanais attachés à la maison Ibis Rouge

Gérard Doyen a été agréablement surpris par l'attachement des Guyanais à cette maison d'édition. Cela a certainement influencé sa décision. C'est d'ailleurs le même ressenti aux Antilles où Ibis Rouge jouit d'une excellente réputation. :
... c'est unique un peu, une maison qui produit autant de livres universitaires, il n'y a pas d'équivalent ni aux Antilles, ni dans l'Océan Indien... Je ne vais rien changer à la ligne éditoriale, je vais continuer à publier tout ce qui est histoire, géographie et travaux universitaires...
Le nom Ibis Rouge va demeurer et sera accolé à celui d'Orphie. Gérard Doyen possède encore un autre département d'édition : "Gérard Doyen Editions" consacré au régionalisme patrimonial dans l'hexagone.


L'édition, un secteur en mutation

Alors que l'on parle du déclin du livre, Gérard Doyen continue d'investir dans ce secteur. Selon lui, il faut opérer des mutations, de nouveaux choix pour conquérir les publics qui restent attachés à la lecture papier. Par exemple, les livres de recettes de cuisine paraissent condamnés, les amateurs de cuisine se sont tournés vers les sites internet, il faut donc investir sur une autre thématique.
Une partie du stand Orphie au Salon du livre
Ce professionnel du livre a une grande expérience forgée au fil de ses rencontres notamment dans les salons du livre. Il participe à une quinzaine de salons par an et n'a pas d'inquiétude sur la pérennisation du papier. Par contre il s'interroge sur la distribution du livre dans les librairies et autres centres de vente. 
... Éditer, rappelle t-il, est un métier qui demande de l'intuition une bonne connaissance du marché. A Paris, par exemple, il y a une grosse demande de la part des originaires des Antilles-Guyane sur les ouvrages jeunesses en créole... Il a du s'adapter rapidement à ce souhait de la clientèle. Le secteur des plantes médicinales ou comestibles est aussi porteur.
En Guyane, il a constaté que les personnes issues de l'immigration étaient aussi très intéressées par les livres jeunesse.
Pour les collections d'Ibis Rouge, il va s'appuyer sur les avis d'un collectif d'experts locaux pour les nouvelles publications.
Enfin Gérard Doyen table sur l'avenir et l'arrivée de jeunes auteurs qu'il aura plaisir à mettre en valeur.