Cette semaine, une prouesse technique a été accomplie au centre hospitalier de Cayenne. Dans l’après-midi du 3 novembre, les équipes du CHC, accompagnées du Dr. Éric Piqueras (un cardiologue de Bourg en Bresse), ont posé un défibrillateur cardiaque implantable à une patiente. C’est la première fois qu’une telle opération se tient en Guyane. Aucun hôpital du département n’avait l’autorisation, ni le matériel, ni les compétences pour la réaliser. Une autorisation exceptionnelle a été délivrée.
L’autorisation donnée in extremis par l’ARS
Le Dr. Éric Piqueras, cardiologue formé à la pose de défibrillateur cardiaque implantable, a mené l'opération. Il a rencontré cette patiente par hasard, alors qu'il était de passage en Guyane. Des discussions étaient en cours depuis une dizaine de jours pour autoriser l'intervention avant son départ, prévu dans la soirée du mercredi 3 novembre.
Après une étude des conditions d’exécution et de la legislation, le matériel nécessaire à l’opération a été livré mardi matin au CHC. Au même moment, l’ARS a suspendu les démarches pour des raisons de sécurité. A 20 heures, le Dr. Piqueras a dû annoncer à sa patiente que l’opération n’aurait pas lieu.
Finalement, Clara de Bort, directrice de l’ARS, a donné son accord à minuit. Une heure plus tard, Dr. Piqueras a annoncé à sa patiente que l’opération aura bien lieu. Mercredi? à 15 heures, la patiente est arrivée au bloc opératoire et deux heures plus tard, le défibrillateur cardiaque était posé.
Une 1ère en #Guyane! 👏🏽
— CHCayenne (@CHCayenne973) November 8, 2021
Les équipes du @CHCayenne973 ont posé un défibrillateur cardiaque 🫀à une patiente âgée de 32 ans
✅ cooperation ville-hôpital 🏥avec l’intervention de deux cardiologues libéraux: Dr Cyrille Mathien, et Dr Éric Piqueras venu de l’Hexagone
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La patiente se porte bien
Celle qui a pu bénéficier de cette opération est âgée de 32 ans, elle souffre d’une myocardiopathie dilatée hypokinétique sévère. Sa pathologie se manifeste, entre autre, par de très faibles capacités de contraction cardiaque. Elle vit avec un risque élevé de mort subite et est placée sous traitements à base de bétabloquants. Aujourd’hui, celle que ses proches surnomment "P'tit cœur" se porte "très bien". Elle se dit reconnaissante envers les médecins qui l'ont entourée et espère que "cette première intervention réussie sera la première d'une longue série".
Ce dispositif électronique sert à prévenir la mort subite. "Si le défibrillateur détecte des troubles cardiaques graves, la patiente recevra un traitement", nous explique le Dr. Cyrille Mathien, cardiologues ayant participé à l’opération. Le condensateur situé dans l’appareil se chargera et entrainera un choc, ce qui permettra au cœur de se remettre en état de marche. En cas de besoin, elle pourra compter sur le Dr. Mathien : son cabinet est équipé de dispositifs de contrôles.
Une personne de l’hôpital doit être formée à la rythmologie
Si cette intervention a pu se réaliser dans l’urgence, le CHC doit désormais établir une stratégie pour faire face à ce type de situation. En effet, pour qu’un médecin puisse poser un défibrillateur cardiaque, il doit avoir un Diplôme Inter-Universitaire (DIU) en rythomologie et simulation cardiaque.
Il faut également que le médecin ait réalisé une cinquantaine d’implantations (au cours de sa formation) pour prétendre à le faire seule
"Le Dr. Piqueras s’est proposé de revenir tous les trois mois pour former quelqu’un et réaliser les gestes techniques", précise le Dr. Mathien. Une fois que cette personne sera formée, elle devra réaliser le nombre d’implantation défini par la loi afin que le CHC obtienne, lui-même, une habilitation à traiter les cas comme celui-ci sans autorisation exceptionnelle. Charge, désormais, au centre hospitalier de Cayenne, de désigner la personne qui recevra cette formation.