Le camp de Buzaré où de nombreux syriens s’étaient installés ces derniers mois est aujourd’hui démantelé. Mais depuis quelques semaines, des familles syriennes ayant séjourné auparavant au Vénézuela campent non loin de la Croix-Rouge à la rue Payé en plein centre-ville.
Bachar a 38 ans. Un père de deux enfants, originaire de la Syrie. L'interview se déroule en pleine rue, entre le trottoir, la chaussée, lieu de circulation et de passage.
Ma femme a accouché mais le bébé est mort il y a 15 jours. Il faut qu’elle aille à l’hôpital. Elle a besoin de soins.
La rue, le lieu de vie aussi de 6 familles d’origines syriennes. Certains sont là depuis moins d’une semaine, d’autres sont arrivés au début du mois de juin. Les histoires et les profils sont différents mais le point de chute est le même : centre ville de Cayenne, Croix rouge française de Guyane, précisément la structure de premier accueil des demandeurs d’asile se trouve à un croisement de rues.
Des parcours de vie construits dans la désespérance
Dans le groupe un autre Bachar, en Guyane depuis le 2 juin. Arrivé par bateau depuis Oyapock après avoir déboursé 150€. Une traversée moins coûteuse que le trajet Vénézuela – Guyane qui lui aurait coûté selon lui plus de 3 000€. Tout un périple !
J'ai quitté la Syrie en 2015 à cause de la guerre. Liban, Qatar, Brésil, Vénézuela, le Brésil à nouveau et enfin la Guyane. On ne peut rien faire au vénézuela, donc on a choisi d'aller en France en passant par la Guyane parce que facebook et les réseaux sociaux en général, ils disent que l'on peut vivre en paix ici. Je ne peux pas dire que nous sommes bien ici. Nous dormons dans la rue et l'on mange le peu de nourriture que l'on a. Parfois, on a pas d'eau, les gens ont pitié de nous, c'est notre salut. Ils nous ont demandé d'attendre ici dans la rue. On a des enfants des femmes, des personnes âgées. L'un d'entre eux souffre d'une maladie cardiaque ...
La détresse pousse chacun à raconter son histoire quand la barrière de la langue ne fait plus obstacle.
Hiba a 31 ans, comme Bachar elle ne peut plus retourner en Syrie, sa vie y est menacée. Elle parle longuement du gouvernement de Bachar El Assad, de son désir de vie meilleure et surtout du besoin réel de sécurité après une traversée pénible en bateau. Tout cela pour fuir la guerrre.
J'ai transité de la Syrie à Beyrouth puis au Vénézuela. On a pris un avion pour aller en Guyane depuis le Liban. Le Vénézuéla, puis le Brésil et la Guyane.
Un réseau d'immigration orchestré à partir des réseaux sociaux
Il faudrait plus d’un reportage pour identifier le réseau mis en place et remonter une filière qui semble bien rôdée désormais. Les réseaux sociaux serviraient à faire miroiter des espoirs de vie meilleurs à ceux restés en Syrie. La Guyane y serait présentée comme un havre de paix. Une misère humaine savamment exploitée par des passeurs peu scrupuleux proposant injustement un quotidien meilleur à des familles entières en pleine crise sanitaire et alors même que les frontières guyanaises sont fermées.
Ce dimanche, les réfugiés se sont installés au kiosque Léon Gontran Damas, allée des 3 fleuves à la rue Shoelcher. La maire de Cayenne, Sandra Trochimara a fait savoir par communiqué qu'elle tiendrait une conférence de presse à ce même endroit ce matin à 7h30.