Quand le gouvernement français annonce la réouverture le 9 juillet prochain des boîtes de nuit et autres établissements d'activité nocturne en France, cela fait bien sûr rêver la Guyane qui traverse sa 3e vague covid et qui n’est jamais depuis mars 2020 sortie du binôme confinement-couvre-feu.
En Guyane, les gérants d’établissements de nuit semblent loin du bout du tunnel.
Selon Philippe Alcide Dit Clauzel, chef d’entreprises et entrepreneur de spectacles, le déverrouillage au national ne peut servir de point de repère aux professionnels guyanais. Dans notre département, la question du « va-t-on rouvrir ou pas ? » reste entière parce qu’aucune projection n’est faite, aucune programmation n’est proposée par la préfecture.
Ce professionnel du monde de la nuit, également acteur culturel organise les bals parés masqués de Chez Nana à Cayenne et du Grand Palace à Matoury en période de carnaval.
« Si cela se poursuit ainsi, en plus de la mort économique, on pourra aussi parler de la mort culturelle car dans notre secteur, on crée du lien social. »
Un arrêt soudain
Pris de court comme tous en mars 2020, au sortir du carnaval, Philippe Alcide Dit Clauzel a d’abord assisté comme abasourdi à ce qui se passait puis s’est mis à observer la situation espérant qu’elle ne durerait pas plus de quelques mois, une année tout au plus et que début 2021 tout cela serait derrière nous. Une succession de vœux pieux en définitive.
Près d’un an et demi après mars 2020, on ne parle toujours pas de reprise.
« Le tourisme international, local et régional a pris un sacré coup. Profondément impacté, le tissu économique a subi des dégâts irréversibles et irrattrapables. »
Le chef d’entreprise fait le calcul
En 2020, le gestionnaire de salles accuse une perte de 60% de son chiffre d’affaire sur les deux établissements qu’il loue, à l'année chez Nana à Cayenne, et ponctuellement le Palais Régional Omnisport Georges Théolade (PROGT) à Matoury. Le carnaval a certes ramené chaque samedi soir pendant près de deux mois entre trois mille cinq cent et cinq mille personnes dans et autour des établissements mais ces derniers n’ont toujours pas rouvert depuis le mercredi des cendres 2020.
Sur 2021, aucune rentrée jusqu’ici mais toujours des dépenses.
« Pensant que la crise serait derrière nous et que nous aurions un carnaval cette année, on a préparé 2021 car des évènements de cette dimension s'organisent six mois à l’avance (planification des orchestres, signatures des contrats avec les prestataires de service, avec les saisonniers, les commandes de décoration …) sans parler des investissements initiaux qui s’amortissent sur plusieurs années de fonctionnement. Soit en fait, des dépenses planifiées sans recettes aucunes. »
Le Soleil Levant ou Chez Nana est une salle que l’entrepreneur de spectacles loue à l’année, qui génère des charges fixes et des frais d’entretien.
Philippe Alcide Dit Clauzel reconnaît avoir bénéficié du dispositif de fonds de solidarité et du fonds d’urgence spectacle mis en place par l’Etat mais les sommes cumulées n’auraient pas suffi à couvrir les charges fixes.
Alors, qu’est-ce qu’on attend ?
« Alors, qu’est-ce qu’on attend ? » Philippe Alcide dit Clauzel fait la question et la réponse. Et il parle au nom des professionnels du secteur car début juin, ils se sont regroupés et ont créé le Syndicat professionnel des Métiers de l’évènementiel en Guyane dit S.M.E.G. dont le siège social se situe au 1179 route de Rémire. Il compte déjà quinze tenanciers et propriétaires de lieux hors associations à but non lucratif.
« Alors, on attend un retour progressif à la normale à travers une programmation de la réouverture, soit une vraie réponse de l’Etat. »
Philippe Alcide Dit Clauzel est aussi restaurateur, il a ouvert dans le quartier de Suzini à Cayenne en juin 2020, en plein confinement.