Maire en confinement – Macouria. Gilles Adelson : « Sacrifier nos habitudes pour préserver notre santé »

Macouria vit comme tpartout au rythme du confinement. Commune aux nombreux quartiers populaires sur un territoire étendu, la municipalité a adapté son fonctionnement pour poursuivre ses activités. La maire, Gilles Adelson, privilégie le contact direct avec ses administrés. Entretien.
Mise en place de contrôle et surtout d'un espace pour répéter les mesures de sécurité à l'entrée des points de ventes



En quelques mots, comment avez-vous organisé les services municipaux en cette période de crise sanitaire ?
Gilles Adelson : Nous avons mis en place un PCA (Plan de Continuité Administratif) avec donc un fonctionnement des services qui sont en mode dégradé. Nous avons des services en fonctionnement partiel avec des agents soit en présentiel soit en télétravail et d’autres qui sont en fonction complète de par leur importance pour un bon fonctionnement de la collectivité. Et puis il y a surtout un accueil téléphonique pour tous les usagers.

Est-ce que vous êtes satisfait du rendement et du process mis en place ?
Gilles Adelson : Comme ça a été mis dans l’urgence, les premiers jours ont été difficiles mais au fil des jours on a pu améliorer la pratique et trouvé le rythme pour être efficace et répondre au mieux aux attentes notamment des administrés. Dans l’organisation, le mardi et le jeudi, nous avons un certain nombre de services en présentiel et ce, en fonction des besoins.

Quelles sont les priorités pour vous et vos services en cette période de confinement ?
Gilles Adelson : Dans un premier temps, ça a été d’apporter un maximum de communications en direction de nos administrés surtout avec notre CCAS, apporter une forme de soulagement vis-à-vis des personnes âgées ou encore des personnes à mobilité réduite.

Nous avions déjà au niveau du CCAS un répertoire de tous nos gangans sur notre territoire et de par notre proximité nous avions déjà identifié un grand nombre de personnes en difficulté sur notre territoire.

Il est clair que cette période nous a révélé encore d’autres situations qui sont devenues difficiles de par ce confinement et le manque de mobilité.
 

« Beaucoup de préalables pour que cette directive puisse être appliquée »

 
Le maire de la ville, Gilles Adelson et ses adjoints se répartissent les tournées de distribution des paniers alimentaires.


A propos de la communication, quelle a été votre stratégie pour toucher le maximum de vos concitoyens ?
Gilles Adelson : Nous avons exploité tous les moyens avec notamment au début des véhicules sonorisés qui sont passés dans tous les quartiers, tous les écarts avec des messages diffusés dans toutes les langues. Nous avons aussi diffusé les messages sur les réseaux sociaux de la ville, de Facebook à Instagram ou Twitter et puis le site de la mairie a aussi permis de diffuser tous les messages de prévention et les gestes-barrières.

Le confinement dans la commune, est-il respecté de manière générale ?
Gilles Adelson : La moyenne est bonne, je crois que c’est satisfaisant par rapport à des situations vues dans d’autres secteurs. Il a fallu appuyer nos messages à destination d’une partie de la population qui ne comprenait pas la dangerosité de ce virus. Maintenant, ça semble être intégré.

La période de sortie de confinement est annoncée, quelle est votre position sur la réouverture des écoles ?
Gilles Adelson : C’est sûr que nous aurons cette semaine une réunion avec les différents maires puis, avec le rectorat. C’est clair que c’est quelque chose qui sera difficile car au-delà de la réouverture des écoles, il y a tout ce qui gravite autour.

Sur notre territoire, 70% des enfants vont à l’école en bus donc il faut régler le problème du transport scolaire. 80% des enfants mangent à a cantine, donc autre problème à résoudre. Il y a beaucoup de préalables pour que cette directive puisse être appliquée sur le territoire de la ville de Macouria.

 

« Il ne faut pas rester dans son bureau. Il faut être au contact »

 


Est-ce que Macouria se révèle dans cette période avec de la solidarité ?
Gilles Adelson : Dès le début du confinement, nous avons mis en place la distribution de paniers solidaires chaque mercredi vis-à-vis de la population. Nous en sommes à plus de 120. Cette solidarité s’exprime au quotidien puisque nos services apportent cette proximité à la fois à travers le CCAS, notre régie de territoire ou les services techniques et cela permet la réalisation d’actions au côté de la population.
Nous avons aussi nos Ambassadeurs qui sont aussi sur le terrain pour apporter des informations au plus près des administrés, leur intervention a d’ailleurs été renforcée en cette période. C’est une brigade qui véhicule tous nos messages de prévention, bien avant le Covid-19, nous avions d’autres problématiques vis-à-vis de cette jeunesse et cette brigade s’est beaucoup adressée aux jeunes aussi bien sur Soula qu’à Tonate.

Après, notre plus grande difficulté a été d’apporter des solutions parce que Macouria s’étend sur 60km sur le long de la RN1 avec deux bourgs agglomérés et il faut aller dans les écarts et c’est ça le rôle des élus et des agents du CCAS.


Les élus aujourd’hui, comment poursuivez-vous le travail en équipe ?
Gilles Adelson : Nous sommes en contact via les outils de communication, nous avons fait quelques visioconférences aussi et le contact est permanent. Les élus se sont approprié la distribution de paniers par exemple dans leur quartier et chacun va au contact de son quartier pour vérifier que tout va bien et qu’en cas de problème nous trouvions des solutions.

Ces tournées et visites au plus près des administrés, quelle importance dans la gestion globale ?
Gilles Adelson : C’est essentiel. Il ne faut pas rester dans son bureau.

Il faut être au contact, dans la rue, les quartiers puisque avec ce confinement il peut y avoir des problématiques diverses et il faut être réactif.

Nous avons par exemple pu mettre en place rapidement des marchés donc deux points de vente alimentaire à Soula et à Tonate pour répondre à des attentes fortes de la population. Cette idée des marchés a rapidement pris et les citoyens ont vite compris la discipline pour y participer. Le respect des gestes-barrières, l’attestation de sortie, le masque, je remercie d’ailleurs la population qui a compris et a joué le jeu dans ce cadre-là. Faisons en sorte de garder ces réflexes pour le bien de Macouria certes mais aussi toute la Guyane.
 
Le confinement est plutôt bien vécu à Macouria et lors des deux rendez-vous sur les points de ventes, la population respecte les distances


Dans la communauté des communes, là aussi le travail a dû être repensé, réorganisé…
Gilles Adelson : Nous avons continué à travailler avec souvent des réunions en visio pour le Bureau pour prendre les décisions nécessaires pour la continuité administrative et fonctionnelle de l’agglo.

On parle par exemple de la problématique des déchets ou de l’eau potable ou encore de l’accès à l’eau pour tous.

Nous continuons nos actions pour apporter le maximum de bien-être à nos populations.

Quel est le problème le plus inattendu que vous ayez dû affronter depuis le 17 mars ?
Gilles Adelson : En y réfléchissant, c’est plus à déminer tout ce qui se passe avec les mauvaises informations et le poids des fake news. Cela nécessite une vigilance pour apporter des informations au public demandeur.

Le port du masque à Macouria…
Gilles Adelson : Les gens en ont fabriqué. Nous en avons distribué notamment à destination des personnes âgées. Sur le port du masque, c’est un moyen de protection même si les avis divergent selon les experts. Ce que moi j’ai pu lire dans les différentes revues, c’est que si deux personnes portent le masque c’est près de 80 ou 90% de chances de ne point transmettre le virus. Là, je pense qu’il y a une habitude qui soit être prise parce que culturellement ce n’est pas une habitude chez nous.

Cependant il faut quelques fois sacrifier nos habitudes pour préserver notre santé et celles des autres en pensant au collectif.


Et on imagine les difficultés pour les écoliers…
Gilles Adelson : Effectivement ce sera particulièrement difficile.

Comment empêcher des enfants qui ne se sont pas vus depuis plus d’un mois de reprendre des habitudes, de se saluer et de jouer avec les copains. Et puis après, garder un masque toute une journée, à mon avis ce sera difficile pour les enfants.


Quel est le message aujourd’hui à l’attention de la population ?
Gilles Adelson : Le message est clair. Il faut faire en sorte que la Guyane au niveau des statistiques reste le plus bas que possible. Il faut faire en sorte que les gestes-barrières et le respect des consignes soient maintenus en faisant donc attention pour éviter la propagation du virus chez nous.