La future centrale du Larivot doit remplacer la centrale de Dégrad des Cannes en 2023. Elle n’en finit pas d’attiser la colère, celle des riverains d’abord mais aussi celle d’associations de protection de l'environnement.
« Je suis en colère, je le dis, ça suffit ! On va nous faire AZF à l’envers (*ndlr : usine chimique à Toulouse qui a explosé le 21 septembre 2001, faisant 31 morts et des milliers de blessés ), on va nous mettre un oléoduc là ! »
Habitante du secteur de Degrad des Cannes, Maude Pulchérie fulmine. L’oléoduc qui doit approvisionner en fioul la future centrale du Larivot doit passer juste devant chez elle, et ça, pour de nombreuses raisons, cette retraitée, ancienne responsable du service permis de construire puis chargée de mission développement durable à la DEAL ne le veut pas : « L’oléoduc va passer le long de la RD23, il va sortir du port de Degrad des Cannes pour rejoindre le Larivot. Ça fait 14 km. Rémire va accueillir 8,75 km sur son territoire. C’est donc la commune la plus impactée. Il faut bien que les riverains comprennent que c’est un danger de mort », s’insurge-t-elle.
Pétition envoyée à la Commission Européenne
Ce jeudi 11 mars, Alter Larivot, un collectif dont elle est membre avec d’autres mécontents, a envoyé une pétition à la commission européenne.
Objectif : alerter sur la situation au plus haut niveau : « Je ne comprends pas que notre ministre, Madame Barbara Pompili, ministre en charge des plans de prévention des risques d’inondations et plan de prévention des risques technologiques, ne siffle pas la fin de la récré ! » souligne Maude Pulchérie qui compte dans les mois à venir, déposer un recours devant le tribunal administratif en son nom propre.
De son côté, Guyane Nature Environnement a déjà déposé quatre recours, deux concernant la centrale, et deux concernant l’oléoduc. L’association ne manque pas d’arguments pour contester ce projet : « déjà il ne répond pas aux engagements climatiques, il y a également tous les aspects liés à la biodiversité. Celle-ci va être complètement bouleversée. Le projet doit se faire par ailleurs en zone inondable et là clairement il y a un risque d’accident. D’autre part, cela n’entre pas, selon nous, dans le cadre de la loi littoral. Et puis il y a aussi des lacunes au niveau du dossier, il est incomplet », explique Manouchka Ponce, coordinatrice de l’association Guyane Nature Environnement.
Beaucoup de choses ne vont pas dans ce projet et nous espérons avoir gain de cause devant le tribunal administratif de Cayenne
En attendant, les opposants ont eu la désagréable surprise de voir le chantier démarrer, le site est défriché. Malgré tout, ils gardent l’espoir que ce projet, comme celui de Montagne d’Or, soit purement et simplement abandonné, et ce au profit d’alternatives beaucoup plus éco responsables et non nuisibles à la santé.
Le reportage de Clotilde Séraphins George :