Les stabiplages de la plage de Montjoly en fin de vie devraient être bientôt évacués

Un des stabiplages de la plage de Montjoly qui n'aurait pas résisté aux effets de la houle
Depuis 2017, la commune de Rémire-Montjoly pour protéger ses plages de l’érosion a eu recours au système des stabiplages. Un système qui a bien fonctionné sur la grande plage du secteur Saint-Dominique mais depuis quelques mois on observe que tous « les boudins de sable » se délitent les uns après les autres. La municipalité devrait procéder à leur évacuation dans les semaines à venir.

Tous ceux qui fréquentent la plage de Montjoly ont pu se rendre compte que la totalité des stabiplages (au nombre de quatre) installés sur la plage en décembre 2017 dans le cadre d’un programme de lutte contre l’érosion du littoral, sont éventrés.

Lire ici : Le stabliplage au secours des riverains de Rémire-Montjoly

Ces quatre boudins en géo-composites d'une longueur de 40 m pour deux d'entre eux et de 25 m pour les autres avaient été positionnés perpendiculairement au trait de côte. Ils devaient ralentir l’érosion du sable et même permettre le ré ensablement de la plage. Sept ans ont passé et les stabiplages ne sont plus opérationnels et dénaturent, de fait, le paysage.

Un stabiplage situé sur la plage de Montjoly se vide de son sable

Des stabiplages qui ont rempli leur rôle

Ainsi que le rappelle Jean-Marc Euzet, le directeur des Services Techniques de la mairie de Montjoly :

« Ces stabiplages ont très bien fonctionné. Ils avaient été mis pour stabiliser le sable et même favoriser son retour. Toutefois, il semble que la fibre ne soit pas appropriée à la houle du littoral. Le bureau d’études de la société Stabiplage qui développe ce produit mène des études afin de proposer aux collectivités un matériau qui convienne mieux au type de houle de la côte guyanaise. Selon le résultat, la municipalité étudiera la possibilité d’un nouvel essai. »

Cette opération de 480 000 euros avait été cofinancée avec des fonds de l’Etat, la Région, le Département et la Commune.
L’Observatoire de la Dynamique Côtière (OdyC) était également associé à cette expérimentation et Guillaume Brunier, Ingénieur chercheur au Bureau de recherches géologiques et minières de Guyane, apporte quelques précisions :

« Ce type d’ouvrage n’est pas forcément adapté à des conditions de mer « dynamique » comme nous en rencontrons aujourd’hui. Mais à l’époque lorsque ces stabiplages ont été posés, il y avait encore le banc de vase, une vasière très visible à marée basse qui constituait une zone tampon qui amortissait les vagues. Dans ces conditions de très basse énergie, les stabiplages ont très bien fonctionné. Ils ont permis une légère gradation du niveau topographique de la plage de l’ordre de 70 à 90 cm en plus. »

Autrement dit, grâce à ces stabiplages, il y a bien eu une élévation du niveau sable sur cette partie de la plage qui avait subi une forte érosion. 
Mais le banc de vase a bougé et la mer redevenue plus "dynamique" a érodé ces structures qui, tirant sur leur propre poids, explique le scientifique, ont finit par se déchirer.

Une évacuation des structures délicate qui ne doit pas déstabiliser le profil de la plage

Ces boudins géo composites doivent maintenant être évacués. Ce n’est pas une opération simple car il faut éviter d’utiliser des engins lourds sur la plage déjà touchée par l’érosion notamment sur le site des Salines.

L’OdyC préconise une évacuation graduelle morceau par morceau de ces stabiplages partiellement déterrés et éventrés.
Une préconisation dont la faisabilité doit être évaluée avec la mairie et l’opérateur, la société Espace Pur créatrice du concept stabiplage, un dispositif de reconstruction naturelle des plages et autres terrains dunaires.

Une entreprise qui s’interroge sur l’état de dégradation précoce de ses installations pourtant fabriquées avec des matériaux très résistants et adaptés à la situation de l’époque.