En 2021, à l’occasion de la Journée internationale de l’élimination de la violence faite aux femmes, l’Arbre Fromager avait organisé un « Die In » , place des Palmistes. Alors qu’au micro des membres de l’association citaient les noms de femmes tuées par le partenaire, ou leur ex-partenaire et les circonstances de la mort, des participantes tombaient au sol. Cette année-là, elles étaient 103. À ce jour, selon le collectif « Féminicides par compagnons ou ex » qui tient un bien triste compte, au 13 novembre, elles seraient 88. S’il faut utiliser ici le conditionnel, c’est parce qu’en fonction des enquêtes et des déclarations, il peut y avoir un réajustement à effectuer. Le Ministère de l’intérieur, qui publie ces données une fois l’an, a livré ses chiffres au début du mois. Au-delà des féminicides, c’est-à-dire le meurtre d’une ou plusieurs femmes ou filles pour la raison qu’elles sont de sexe féminin, il dresse un tableau général peu réjouissant des violences faites aux femmes, notamment dans un contexte conjugal.
La situation est encore plus alarmante si on considère des données selon le prisme de la Guyane. Ainsi, dans notre territoire, le nombre de femmes victimes de violences conjugales était de 13,1 femmes pour 1 000 habitantes de 15 à 64 ans. Ce qui fait de la Guyane le 6ème département français avec le taux le plus élevé.
Rendre visible cette réalité en Guyane
C’est dans ce contexte qu’est organisée la manifestation de lundi. « L’esprit de la marche est de se rassembler, de se donner de la force et de se dire que toutes et tous ensemble, on peut faire quelque chose », indique Audrey Buguellou, coordinatrice des actions « Violences faites aux femmes » au sein de l’association L'Arbre Fromager.
Marcher pour montrer sa mobilisation est une pratique maintes fois éprouvée chez nous. À ceux qui pourraient avancer que l’action semble vaine, la réponse d’Audrey Buguellou ne tarde pas : « on ne le fait pas pour changer quelque chose en particulier. Notre but est de rendre visible cette réalité en Guyane, de dire à toutes les victimes, surtout à celles qui sont silencieuses, qu’on pense à elle, qu’on est là. Que beaucoup de personnes sont là pour elles. »
Ne pas oublier celles qui ont été tuées
Autre objectif de la manifestation : rendre hommage aux deux victimes de féminicide identifiées. Le 17 avril à Macouria, un homme avait poignardé son ex-compagne et ses enfants . Trois jours plus tard, autre lieu, autre drame. Une adolescente de 16 ans avait perdu la vie à Cayenne, poignardée par son beau-père qui avait également blessé grièvement sa mère « Nous voulons marcher pour dire que nous pensons à elles » indique Audrey Buguellou.
Lundi, aux côtés de l’Arbre Fromager qui, depuis 2003 accompagne les femmes victimes en proposant notamment des hébergements d’urgence, plusieurs structures seront présentes : France Victime 973, l’Association guyanaise d’aide aux victimes, la Maison de prévention et de protection des familles, Kaz Avenir LGBT, Sis Guyane, EndoAmazones…
Dès 17 heures, le public est invité à se rendre sur la place des Palmistes, vêtu de blanc. Sur place, tout le matériel pour réaliser des banderoles et pancartes sera fourni. Le départ de la marche est fixé à 17h30. Un temps d’échange est prévu après la marche.