un expulsé :
Les démolitions font suite aux jugements d’expulsion rendus en 2017 en faveur du propriétaire des terrains, la SCI ESTELIZ, qui a racheté ces parcelles à l’ex-conseil général. Cyrile a vécu dans le quartier pendant 31 ans. Pour être logé légalement, il a fait des démarches en 2010 au titre de la loi DALO ou Droit au logement, sans résultat. Pour lui, les autorités ont fait preuve de brutalité." Je prends ces quelques morceaux de bois et de toles pour tenter de me faire un abri quelque part, je mettrai 4 piquets et une bache au dessus et puis c'est fini, on n'a pas de logement".
Cyrile Elvestre, ancien habitant du quartier des Manguiers :
Cyrile a huit enfants, dont deux encore à sa charge. Il dit dormir désormais avec sa famille sous une bâche dans une autre commune. Avec son deux roues, Pierre-Louis vient de récupérer des affaires dans la maison qu’il a occupé pendant cinq ans aux manguiers. Il a trouvé un refuge provisoire chez une amie, à Cayenne. Lundi, sous la pluie battante, il a pu sauver une partie de ses affaires. Pour lui, les autorités n’ont pas tenu leur promesse."Même si le terrain est vendu à un autre, ils auraient pu faire une réunion avec nous. Si nous pouvions acheter on aurait acheté, si nous ne pouvions pas, ils auraient du nous donner un délai de 6 mois ou 1 an afin que l'on puisse partir et leur redonner leur terrain. Mais nous mettre dehors, sous la pluie, sans rien c'est inhumain, indigne".
Pierre -Louis Gary, ancien habitant du quartier des Manguiers :
Une quarantaine de familles, parmi celles qui ont des papiers, bénéficient de trois nuits d’hôtels. Aux manguiers, des personnes délogées nous ont dit construire des maisons de fortune ailleurs, faisant ainsi grossir d’autres squats…à chaque opération de démolition, c’est le même scénario, faute de solutions pérennes de relogement."Monsieur le Préfet a dit qu'il nous laissait jusqu'à la fin du mois de juillet prochain, le temps que les enfants terminent leur scolarité de l'année en cours, mais ils nous ont pris par surprise, ils sont arrivés brusquement et nous ont mis dehors sous la pluie, ils nous ont lachés dans la rue avec nos enfants qui pleuraient et nos affaires complètement mouillées".