Trafic présumé de cocaïne entre le port de Dégrad des Cannes et l’hexagone : six suspects mis en examen et incarcérés

Les 18 sacs contenant plus de 500 kilos de cocaïne au total, saisis au port de Dégrad Des Cannes par les policiers de l’OAFST (Office Anti Stupéfiants) et les gendarmes.
Une 2ème vague d’arrestations a eu lieu le 22 juin dans l’enquête qui a déjà entraîné la saisie de 594 kgs de cocaïne le 1er octobre 2020, près du port de Dégrad des Cannes à Rémire-Montjoly. Cinq suspects ont été incarcérés entre les 25 et 27 juin en Guyane et un autre mis en détention en Bretagne.

Comme nous l’avons révélé dimanche, une 2ème vague d’arrestations a eu lieu le 22 juin dans l’enquête qui a déjà entraîné la saisie de 594 kgs de cocaïne le 1er octobre 2020, près du port de Dégrad des Cannes, à Rémire-Montjoly. Cinq suspects ont été incarcérés entre les 25 et 27 juin en Guyane, et un autre placé en détention en Bretagne. Mardi, ils ont été mis en examen par visio-conférence par le juge d’instruction de Fort de France.

Une enquête en temps de pandémie

C’est une enquête contrariée par la pandémie. « On aurait voulu mener cette opération un peu plus tôt, mais cela a été impossible en raison de la crise sanitaire », explique à Guyane la 1ère Renaud Gaudeul, le procureur de Fort de France. « L’opération n’a pu se faire que le 22 juin », poursuit le magistrat. Ce jour-là, cinq personnes ont été arrêtées en Guyane, puis placées en garde à vue notamment dans les locaux de l’antenne locale de l’OFAST (Office Français Anti-Stupéfiants) à Cayenne, chargé de l’enquête, pilotée par la JIRS (Juridiction Inter-Régionale Spécialisée) de Fort de France. Il s’agit de Serge Nugent, Steeve Cicéron, Leroy Pinas, David Sana, et Stévrick M’Benny, qui vivent et travaillent en Guyane. Selon nos informations, Grégory Pierre-Louis, un guyanais vivant dans l’hexagone, a été interpellé à Lorient, en Bretagne, puis placé en garde à vue sur place, là aussi le 22 juin.

Mis en examen par visio-conférence

Les cinq suspects arrêtés en Guyane ont été placé en détention au centre pénitentiaire de Rémire-Montjoly entre les 25 et 27 juin, en attendant leur transfert en Martinique, le juge de Fort de France ayant délivré des mandats d’amener à leur encontre. Ce transfert n’a pas pu avoir lieu, car « les avions sont pleins », indique le procureur. Mardi, ils ont donc été présentés « par visio-conférence », devant le juge d’instruction de Martinique, qui les a mis en examen pour « détention, acquisition, importation et exportation de produits stupéfiants en bande organisée ». La personne arrêtée dans l’hexagone a été mise en examen par le même procédé. Toujours selon le parquet de Fort de France, trois deux-roues, un véhicule Mercedes, des bijoux et au moins trois armes ont été saisis. « Cette affaire fait suite à la saisie du 1er octobre 2020 », précise Renaud Gaudeul. Ce jour-là, 594 kgs avaient été saisis dans un véhicule aux abords du port de Dégrad Des Cannes, et quatre suspects mis en examen et incarcérés en Martinique. Les six suspects arrêtés dans ce deuxième volet de l’enquête sont « soupçonnés d’avoir participé à ce trafic de produits stupéfiants et d’avoir participé à d’autres envois par le même procédé – en passant par des containers – au port de Dégard Des Cannes », complète le procureur de Fort de France. Les suspects «se renvoient la balle et contestent les faits », conclue le magistrat.

Plusieurs cargaisons pour plus d’1,2 tonne de cocaïne

Maître Alex Leblanc, avocat au barreau de la Guyane, défend deux des six suspects, dont il ne souhaite pas donner l’identité. « Mes clients contestent avoir participé au trafic de stupéfiants, mais ils reconnaissent avoir été contacté par les trafiquants », indique l’avocat. Maître Leblanc évoque « plus d’1,2 tonne de cocaïne » qui aurait été exportée en plusieurs fois. L’avocat guyanais fustige le traitement du dossier en Martinique, sous couvert de la JIRS, qui porte atteinte selon lui aux droits de la défense. « C’est pire que la situation des détenus corses envoyés vers le continent, puisqu’on envoie des gens à plus de 2000 kms – la distance Guyane-Antilles – de leur lieu d’habitation, donc ils n’ont pas la possibilité d’avoir des droits de visite, d’avoir leur avocat de Guyane, ce qui créé un déséquilibre dans l’application des droits de la défense », explique Maître Leblanc. « Ce n’est pas normal qu’il n’y ait pas une JIRS en Guyane, ou un juge spécialisé qui s’occupe de ce type de dossier », ajoute l’avocat, d’autant que Félix Eboué est « l’aéroport français où il y a le plus d’arrestations pour le trafic de stupéfiants », argumente-t-il.