L’Antea, c’est le nom de ce catamaran de l’IFREMER bardé de matériel scientifique qui a quitté les côtes Guyanaises le 28 août dernier, pour une mission océanographique dirigée par l’IRD.
À son bord, dix-sept chercheurs français et brésiliens : des biologistes, des physiciens, tous travaillent dans une démarche d’interdisciplinarité. À terre, une équipe de soixante-dix spécialistes est associée au travail d’analyse des résultats.
La technologie au service de la science
L’équipement embarqué par l’expédition est un support essentiel pour que les scientifiques puissent mener à bien leurs recherches.
Grâce aux capteurs et à d’immenses filets, ils ont notamment étudié la zone mésopélagique. Située entre 200 et 1000 mètres de profondeur, elle est caractérisée par l’absence de photosynthèse : la lumière du soleil s’amenuise, pour disparaître totalement à mesure que l’on s’enfonce vers les abysses.
Cette particularité y crée une faune spécifique, mais en fait aussi un espace de refuge pour certaines espèces de poissons. Ces dernières viennent en effet s’y abriter des prédateurs pendant la journée et remontent, la nuit, vers les eaux de surface pour se nourrir.
Pour étudier la faune et la flore encore méconnues de la zone maritime qui s’étend sur le plateau continental amazonien et son talus, les chercheurs ont également eu recours à des équipements de pointe. La maille de certains filets utilisés se mesure en microns : ils permettent de capturer des microalgues. On appelle ces plantes minuscules phytoplancton. C’est sur elles que reposent toutes les chaînes alimentaires marines. On leur doit également la moitié de l’oxygène que l’on respire.
Au-delà de faire avancer la connaissance scientifique, la faune et la flore collectée vont aussi servir à mesurer les taux de contamination de l’écosystème. Les niveaux de pollution aux métaux lourds et au plastique seront mesurés et les résultats rendus accessibles au public dès qu’ils seront exploitables.
Mieux comprendre les dynamiques océaniques
De la baie de l’Oyapock à l’embouchure du Rio Pará, sur un périple de six mille kilomètres, les scientifiques ont observé les courants et les ondes de marées. Plusieurs hypothèses étaient à l’étude, notamment concernant l’impact du courant créé par le delta du fleuve Amazone sur la biodiversité.
Si les données doivent continuer à être étudiées avant que ne paraissent les premières publications, les chercheurs ont d’ores et déjà pu mieux comprendre les ondes de marées et la façon dont elles favorisent la vie, jusque dans les embouchures et leurs mangroves.
Pour étudier ces dynamiques profondes de l’océan Atlantique, l’Antea avait embarqué à bord un petit sous-marin automatisé. Piloté depuis le littoral, il a été déployé au large et a permis de décupler la quantité d’information collectée par l’expédition.
Un mois de navigation riche en résultats
D’après le chef de mission, Arnaud Bertrand, l’expédition a été intense et il faudra plusieurs années pour traiter toutes les données. Les chercheurs ont largement atteint leurs objectifs : ils ont même réalisé plus d’opérations qu’initialement prévu.
La collecte de faune et de flore a été pléthorique et l’équipe s’attend à ce que de nouvelles espèces soient décrites par la science suite à ses travaux. L’exhaustivité de l’inventaire en cours d’élaboration s’annonce inédite pour l’écosystème marin amazonien.
Des réunions entre les participants de la mission sont prévues tous les six mois, pour que les chercheurs puissent partager leurs avancées avec leurs collègues de différentes disciplines.
D’ici quelques mois, les premières connaissances nouvelles apportées par l’expédition seront partagées avec le grand public.
le chef de mission, Arnaud Bertrand