Ce jeudi 5 décembre, le président de la République, Emmanuel Macron, va s’exprimer pour la première fois depuis la chute de son Premier Ministre. Hier, la motion de censure déposée par le NFP contre le gouvernement de Michel Barnier, a été votée par 331 députés, soit 43 de plus que la majorité absolue de 288 voix qui était requise.
Ce vote contraint Michel Barnier à la démission. Il aura été le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République. Emmanuel Macron doit maintenant le remplacer.
"C’était inéluctable"
Pour Lucas Henrion, consultant en politique en Guyane, "c’était inéluctable". "Depuis 2017, nous avons une anomalie qui s’est exacerbée ces derniers mois", analyse-t-il.
La Ve République n’est pas pensée pour du triparti, elle est pensée pour du biparti. Généralement, nous avons deux blocs avec des réserves de voix. Actuellement les choses sont bloquées.
Lucas Henrion, consultant en politique
En 2017, il y avait encore une majorité absolue pour Emmanuel Macron. "Mais au fur et à mesure, les choses se sont corsées", ajoute Lucas Henrion qui souligne aussi la "crise majoritaire depuis la fin du XXème siècle". "Quand on entre ensuite sur du triparti avec des blocs bien construits et sans réserve de voix, on arrive tout simplement à un blocage", constate-t-il.
Regardez son interview sur Guyane La 1ère :
Vers une réflexion sur les institutions ?
Cet analyste politique rappelle que lors de la dernière censure du gouvernement en 1962, De Gaulle avait fini par obtenir une majorité. "Mais actuellement, la situation est contraire, car elle ne sera pas favorable à Emmanuel Macron", remarque-t-il. On va entrer dans un temps politique ou la seule solution pourrait être de repenser la Constitution et toute l’institution en elle-même". Selon lui, il faut "avoir une réflexion sur les instituions qui ne correspondent plus à la situation tripartite d’aujourd’hui".
Le chef de l’Etat doit s’exprimer ce jeudi et pour Lucas Henrion, il devrait y avoir dans son discours des "éléments de langage sur le besoin de réforme institutionnelle".
Je pense que l’on est dans une ouverture de temps politique.
Lucas Henrion, consultant en politique
Les réactions politiques
Du côté de la classe politique locale, Fabien Covis, porte-parole Les Républicains Guyane, réagit : "les députés qui se plaignent matin, midi et soir de la gouvernance très dure d’Emmanuel Macron avaient l’opportunité et l’occasion de dépasser leurs clivages et leur égo mais malheureusement ils ont préféré le chaos".
Chester Léonce, secrétaire général adjoint Nouvelle Force de Guyane, conseiller territorial, déplore le fait qu’il faille à nouveau "repartir au travail avec un nouveau gouvernement". "Alors qu’un travail avait déjà débuté avec la sénatrice Marie-Laure Phinera Horth, pour le désenclavement et l’autonomie de la Guyane".
Regardez les précisions de Guyane La 1ère :
Jérôme Harbourg, ancien candidat aux législatives du Rassemblement National, estime lui qu’il "en va des principaux partis politiques de s’unir sur un gouvernement d’union national pour faire émerger un budget essentiel au bon fonctionnement du pays".
Enfin pour Léon Bertrand, ancien ministre du tourisme et ancien député de la Guyane, "il ne faut pas prendre cette motion de censure comme un danger, mais comme une opportunité pour l’Outre-Mer". "En Nouvelle-Calédonie c’est le chaos, aux Antilles ça ne fait que commencer, nous-mêmes ici c’est sous-jacent, on ne peut pas dire que les signaux sont au vert, donc il faut profiter de la situation", selon lui car "à toutes choses malheur est bon".
Cette fois-ci, le chef de l'État, Emmanuel Macron, ne devrait pas tarder à nommer un Premier ministre. Les noms de Sébastien Lecornu, Bruno Retailleau, François Bayrou et Bernard Cazeneuve circulent déjà pour succéder à Michel Barnier.