Cinéma : « Je te vois » un premier court métrage produit par la Guyanaise Gaby Lingibé

Affiche du film "Je te vois"
Il aura fallu deux ans pour que sorte ce court métrage guyanais de 21 minutes consacré à un sujet grave : les violences conjugales. Gaby Lingibé est à la fois, l’autrice, la productrice et l’actrice principale de cette histoire « Je te vois » inspirée de son parcours personnel.

Ecrire d’abord le scénario de ce film entièrement tourné en Guyane a été une démarche cathartique déclare Gaby Lingibé :

« J’y ai mis mes tripes. J’ai dû me replonger dans des situations que j’ai retranscrites de façon fictionnelle avec beaucoup d’émotion. »

La jeune femme de 31 ans avait travaillé précédemment sur des tournages, des productions des courts métrages et notamment sur le film Bel ti Koté. En 2019 Gaby Lingibé a commencé l’écriture de ce scénario encouragée par le réalisateur Hendry Moreira Suziki.

Hendry Moreira Suziki, réalisateur de "Je te vois" et les deux actrices du film

Il est directement inspiré de situations vécues lors de sa jeunesse et qui étaient restées enfouies car non assumées :

« Je ne voulais pas avoir cette vision de moi mais écrire c’était un peu un exutoire, une thérapie. Cela m’a permis de faire la paix avec ce que j’avais vécu, d’accepter et de me dire qu’aujourd’hui je suis une autre personne ».

Si l’histoire est axée sur la violence conjugale, Gaby Lingibé ne s’associe pas forcément au mouvement libératoire « Me too », elle ne tient pas à être la représentante de ce que vivent toutes les femmes car chaque histoire est singulière, personnelle et intime. Il y a beaucoup de facteurs différents qui s’entrecroisent.

Néanmoins, son vœu serait que les femmes se libèrent car les statistiques dans ce domaine montrent que la Guyane est la région la plus touchée par ce type de violence :
« Il y a un besoin d’ouvrir la parole et que les femmes comprennent qu’elles ne sont pas toutes seules, qu’il y a des dispositifs d’aide, des accompagnements… moi à l’époque je ne le savais pas. Il faut que les femmes comprennent que cela n’est pas normal, elles doivent se tourner vers les bonnes personnes… »

Maquillage effets spéciaux pour une scène de violence par Magali Martinez

Un film réalisé dans de bonnes conditions

Si ce projet de film a pris un peu de temps pour aboutir, Gaby Lingibé se félicite de la qualité de l’équipe composée essentiellement de techniciens et acteurs guyanais :

« Cela a été difficile mais j’ai eu énormément de chance avec cette équipe de 30 personnes incluant techniciens et acteurs qui ont joué le jeu, ont mis leurs compétences au service du projet. Malgré un budget restreint ils ont accepté le boulot. Nous avons pris des risques mais nous sommes très fiers du résultat… »

Pour ce premier essai cinématographique, il n’a pas été simple de réunir les fonds mais souligne Gaby Lingibé :

« Nous avons eu peu de fonds mais les entreprises nous ont aidés avec des apports en nature. »

Productrice (Procom Gaby), autrice mais également actrice, une performance que n’envisageait pas au départ Gaby Lingibé :

« Je n’étais pas censée jouer le personnage. Cela a été exigé par la direction du casting. Cela a été compliqué de me remettre dans la peau d’un personnage auquel je ne m’identifie plus. Entre temps ma personnalité a changé mais cela m’a permis de comprendre les mécanismes de défense que j’avais automatisée. J’ai eu d’excellents partenaires, des acteurs professionnels Noémie Petchy et Fabrice Charlery ».

Les acteurs de "Je te vois", Noémie Petchy, Fabrice Charlery et Gaby Lingibé


Le film sera présenté à toute l’équipe en séance privée ce 4 octobre au cinéma Eldorado et surtout le 6 octobre en Guadeloupe en avant-première du Cinéstar International Film Festival qui se tiendra du 7 au 12 octobre.

L’objectif de l’équipe est de faire diffuser ce court métrage sur tous les territoires ultra marins là où ce type de violence est le plus répandu.
Parallèlement, des pourparlers sont menés avec un futur diffuseur.

Court métrage guyanais, "Je te vois"