Parti de Guyane à l'âge de 3 ans avec sa mère, son frère et ses soeurs, Jean-Clair Todibo joueur de football professionnel au FC Barcelone depuis 2 mois doit en partie son parcours au dévouement de son clan familial. Sa mère Claire Tsoumboulis entourée de son fils ainé Loïc, de sa dernière fille Maëlys et du cousin Serge raconte les premières années d'un garçon de la banlieue qui rêvait de gloire footballistique.
Claire Tsoumboulis, la mère courage de Jean-Clair Todibo
Des année de labeur à Bagnolet en Seine-Saint-Denis
"Jean-Clair joue son premier match dans 15 minutes". Un message whatsapp envoyé par Claire, le 6 mars juste avant le match de Jean-Clair Todibo titularisé pour la 1ère fois dans l'équipe du FC Barcelone dans le cadre de la Supercoupe de Catalogne contre Girona. Un match durant lequel, le Guyanais de 19 ans, a selon la presse espagnole rempli son rôle de défenseur. Ce qui lui a valu la note de 7 sur 10.
Un soulagement pour le clan familial dont Claire Tsoumboulis, est le poto mitan. Une mère courage de 6 enfants qui n'a cessé de se battre depuis son arrivée en France en 2003. Son seul objectif, leur construire une vie agréable et leur permettre de grandir avec les valeurs qui la guident : le travail, le respect et la tolérance.
Claire est aujourd'hui gestionnaire du collège René Cassin à Noisy le Sec où elle habite avec deux de ses enfants, Loïc, l'ainé de 29 ans et Maëlys, 14 ans. Et c'est entourée d'eux et d'un cousin très proche Serge, qu'elle raconte son parcours. Ils forment le clan qui a encadré Jean-Clair Todibo jusqu'à son départ pour l'Espagne à Barcelone au mois de Janvier dernier.
Jean-Clair qui est né à Cayenne a passé toute son enfance dans le "93" la banlieue parisienne à Bagnolet. Il y a suivi son cursus scolaire de l'école primaire à la terminale avec une coupure de 1 an à l'Académie Bernard Diomède qui forment des jeunes footballeurs prometteurs. Un gros effort financier pour la famille qui doit faire face à des frais de scolarité élevés (7000€ l'année). Dans le même temps, il évolue dans son équipe qui l'a accueilli à l'âge de 4 ans, le Lilas FC. Un club bien structuré et très apprécié pour son travail avec les jeunes. Depuis tout petit, le garçon ne rêve que de football et pour Claire cela : " a été un combat de le dévier du football et de lui faire comprendre qu'il fallait avoir un plan B."
Claire avoue :
... ce n'est pas que je n'ai pas cru en lui, tout simplement, c'était un autre monde pour moi, c'était presque inimaginable, irréel (les larmes lui montent aux yeux)... on m'a toujours dit qu'il était brillant ... mais s'il n'y avait pas d'école il n'y avait pas de football. Et c'est la seule chose qui pouvait le faire pleurer, que je le prive de football. Je pouvais le punir de tout mais sauf du football...
Le football qui a été aussi le moyen de canaliser Jean-Clair, de le tenir éloigné des mauvaises tentations de la cité. Il n'avait en tête que le sport, il n'avait pas le temps de s'ennuyer.
En 2009, un grave accident de voiture met en danger sa santé et son avenir sportif. Après plusieurs opérations et greffes à la jambe gauche, il est éloigné des stades de foot pendant un an. Sa rééducation terminée, il se met à un sport de combat, la lutte pendant quelques mois pour récupérer physiquement. Avec son âme de compétiteur, Jean-Clair s'engage à fond. Il promet aussi dans cette discipline et est même sollicité après un test de détection pour continuer sa scolarité dans une section sport études. Mais sa passion pour le football l'emporte. Il retourne sur les terrains de foot. Il a 10 ans.
Claire nous raconte une anecdote qui exprime la passion de son fils pour le football :
En 2009, un grave accident de voiture met en danger sa santé et son avenir sportif. Après plusieurs opérations et greffes à la jambe gauche, il est éloigné des stades de foot pendant un an. Sa rééducation terminée, il se met à un sport de combat, la lutte pendant quelques mois pour récupérer physiquement. Avec son âme de compétiteur, Jean-Clair s'engage à fond. Il promet aussi dans cette discipline et est même sollicité après un test de détection pour continuer sa scolarité dans une section sport études. Mais sa passion pour le football l'emporte. Il retourne sur les terrains de foot. Il a 10 ans.
Claire nous raconte une anecdote qui exprime la passion de son fils pour le football :
Loïc, le grand frère protecteur devenu le coach de Jean-Clair
Loïc prend le relais
Quand Jean-Clair atteint ses 12 ans, Claire demande à son aîné Loïc de l'aider et de chaperonner son petit- frère pour qu'il n'ait pas de mauvaises fréquentations et reste dans le droit chemin. Elle ne veut pas qu'il sorte et surtout, il doit continuer à étudier. Une mission, que Loïc, gaillard d'1m91, sportif et joueur de football aussi, va mener à bien en y mettant tout son coeur. Au début, ils jouent simplement ensemble au football et Jean-Clair répète à son frère qu'il veut être footballeur professionnel. Loic lui rappelle qu'on ne devient pas professionnel sans travail.
Après les cours, les entraînements en club et les devoirs, les frères jouent puis les choses s'affinent entre eux :
Il fallait qu'il comprenne que c'est dans la répétition des choses qu'il allait devenir excellent... On n'a jamais commencé à s'entraîner sans qu'il ait fait 100 passements de jambes, pied droit, pied gauche et alterner. Tant qu'il n'avait pas fait ça, on ne pouvait pas commencer à jouer...
Il en sera ainsi jusqu'à ce qu'il arrive à Toulouse en 2016. Entre temps, il a fait l'académie Diomède. Jean-Clair y a acquis d'autres notions qui lui permettent d'avoir un jeu plus qualitatif. Un sacrifice financier pour sa mère mais cela a permis à l'enfant de progresser et ayant en ligne de mire le plus haut niveau.
Après cette année à l'académie, Jean-Clair, reprend ses entraînements quotidiens avec Loïc. Il a 15 ans et joue en U17 et commence à être sollicité par d'autres clubs comme Torcy qui évolue en nationale. A cette époque, le garçon est attaquant mais "ratisse" beaucoup sur le terrain, il a du coffre pour faire le va et vient.
Sollicité et suivi par des clubs professionnels, il enchaîne les stages de détection à Nantes, Nottingham Forest, le FC Havre, Manchester United où il s'entraîne avec les U21. Cela ne va pas se conclure car il n'est pas encore un joueur international mais seulement de DH, il ne peut pas être transféré. Des clubs italiens frappent aussi à la porte pour des essais mais Claire refuse car cela se passe pendant la période scolaire et son fils avait déjà raté trop de cours.
En 2ème année de U17, il est signalé à plusieurs recruteurs dont celui de Toulouse où il partira pour une semaine d'essai. Un essai concluant. Claire respecte le choix de son fils et accepte son départ. Elle juge que le cadre de vie, le changement d'ambiance lui seront favorables. Sur le plan sportif, il jouera en U19 et surtout le championnat est beaucoup plus relevé.
Loïc le suit à Toulouse. Cette période au centre de formation sera très enrichissante aussi bien sur le plan sportif que sur le plan humain. Selon l'expression de sa mère "cela n'a pas été un long fleuve tranquille". Jean-Clair n'est plus dans le giron familial. Il fait l'apprentissage de la vie en communauté où il faut savoir se faire apprécier et démontrer à tous les échelons que l'on a mérité sa place. Pour cela il donne tout et abandonne les cours à quelques mois du bac. Un profond regret pour sa mère qui s'est tant battue pour qu'il aille au terme de sa scolarité.
La solidarité familiale envers et contre tous
Claire Tsoumboulis s'est démenée pour élever ses enfants selon ses convictions et ses moyens financiers et cela a été souvent difficile. Heureusement, comme elle le souligne, pour Jean-Clair, elle a pu compter sur la solidarité des cousins :
Une paire de chaussures de foot quand il est allé à Toulouse, 300€ ... tous les deux mois, il faut en acheter une... comment faire avec un petit salaire? Les billets d'avion aller-retour pour aller le voir... Heureusement, il y a eu Raphaël et Serge Guinguincouin, les cousins qui m'ont accompagnée aussi pour mon fils, sans oublier un ami de Jean-Clair. Ils ont aidé à porter ce projet et m'ont ôté beaucoup d'épines du pied...
Serge, le cousin est présent depuis le plus jeune âge de Jean-Clair, il affirme :
"Claire a tout géré, elle a fait un boulot monumental, exemplaire..."
Maëlys, la petite soeur qui promet
La séparation
Maëlys, la timide collégienne de 14 ans est aussi un pilier du clan de Jean-Clair. Comme son frère footballeur, c'est une grande sportive. Après avoir effectué 6 années d'athlétisme, elle a choisi la boxe depuis deux ans et elle promet. En classe de troisième, elle espère pouvoir intégrer, grâce à ses excellents résultats, un des lycées parisiens en convention avec le département du 93 (Les lycées Henri IV ou Louis Legrand). Elle veut devenir avocate d'affaires.
Maëlys est talentueuse, elle chante et joue aussi de la guitare et pour sa mère : "c'est une crème dans la crème".
La jeune fille a en ligne de mire le parcours de Jean-Clair, un frère qu'elle admire et qu'elle aime beaucoup et dont le départ en Espagne a été un déchirement pour elle.
Depuis deux mois, Jean-Clair est au Barca, le mythique club catalan, le plus titré des clubs espagnols où joue Lionel Messi. Chacun attend la suite, mais Claire est très satisfaite de l'accueil qu'il a reçu à Barcelone. Il est très bien suivi et surtout très apprécié pour ses qualités humaines. Il apprend l'espagnol, et se gère.
Claire, enfant de la DASS, née et élevée à Kourou se sent très fière quand les responsables du FC Barcelone lui disent au téléphone :
...Vous êtes une maman formidable parce que votre fils, il a une éducation mais c'est rare!